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Jean sans peur

Jean sans peur

Titel: Jean sans peur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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ses yeux il y avait presque de la tristesse. Impéria ne comprenait pas. Isabeau ne lui adressa pas un mot. Seulement elle la fixait durement.
    – Tu vois, dit-elle enfin, je suis la plus forte. Ainsi, n’essaie pas de résister !
    Elle saisit un collier de cuir épais et le passa au cou de l’animal. Ce collier était là, tout préparé d’avance. Une chaîne d’acier assez courte s’y adaptait. Isabeau reprit sa cravache.
    – En route, dit-elle.
    Impéria obéit, stupéfaite peut-être, mais amassant en elle une rage de fureur qui, dans quelques minutes, moins peut-être, allait faire explosion. Isabeau se rendait compte avec une lucidité effrayante des dispositions d’esprit de la tigresse. En route ! Et la tigresse obéissait.
    La grande galerie parcourue, le vaste escalier descendu, Impéria se trouva en plein air et eut la velléité de s’arrêter. Un violent coup de cravache la cingla. En route !… De ci, de là, des ombres fuyaient.
    À vingt pas derrière venait Bois-Redon. La tigresse marchait presque paisiblement. Peut-être était-elle encore sous l’obsession de la stupeur. En route ! Dans la nuit, bientôt, se profila le palais du roi. Impéria se vit bientôt dans un large et long couloir. Au bout de ce couloir, une porte s’ouvrit. Qui ouvrit la porte ? Nous l’allons dire. Pour l’instant, il y a ceci : la porte fut ouverte, voilà tout.
    La tigresse, au même instant, se sentit débarrassée de son collier. Elle demeura une seconde immobile, battant lentement l’air de sa queue onduleuse. Puis, d’une allure formidablement paisible, elle se remit en marche – en marche vers la porte ouverte là au fond du couloir !…
    Maintenant, nous devons revenir à Odette de Champdivers.
    En cette journée, elle s’était, comme d’habitude, préparée à recevoir la visite du roi Charles, et, comme il ne paraissait pas, elle-même, ainsi que cela lui arrivait parfois, s’était mise en route vers les appartements royaux. Mais à la porte de la grande antichambre remplie de gens d’armes, un capitaine avait annoncé à Odette que nul, pas même la reine, ce jour-là, ne pouvait entrer chez le roi, vu que deux saints ermites tentaient de l’exorciser afin de le guérir de son mal.
    Odette était donc rentrée dans son appartement, étonnée, inquiète de cet exorcisme.
    Une nouvelle gouvernante se présenta, se disant envoyée par le roi lui-même pour remplacer dame Margentine et veiller à la sûreté de la demoiselle de Champdivers.
    Odette accepta la nouvelle gouvernante, et remettant à plus tard de l’installer dans ses fonctions, lui indiqua d’un geste la chambre qu’avait occupé dame Margentine. Quelques minutes plus tard, elle ne songeait déjà plus à la nouvelle venue.
    Simplement, elle avait donné l’ordre qu’aucune de ses femmes ne vint la déranger.
    Odette voulait être seule.
    Une vague inquiétude la prenait. Pourquoi ne pouvait-elle arriver au roi ? Pourquoi le roi ne venait-il pas à elle ? Qu’était-ce que cet exorcisme qu’accomplissaient les deux saints ermites ? Elle sentait, elle comprenait que quelque chose se préparait. Mais quoi ?
    Sur le soir, elle appela une de ses servantes favorites avec laquelle, parfois, elle aimait à s’entretenir. Au lieu de cette jeune fille, ce fut la nouvelle gouvernante qui se présenta.
    Ce fut assez étrange. Cette femme semblait très familiarisée déjà avec les habitudes d’Odette, et les divers meubles et objets des appartements en général et de ce petit salon en particulier. Sans qu’on le lui eût demandé, elle alluma les cires, baissa les lourds volets qui protégeaient les fenêtres. Odette réclama sa suivante. La gouvernante assura qu’elle l’allait chercher elle-même, et sortit.
    Mais plus d’une heure se passa.
    Odette s’était jetée dans son grand fauteuil et se laissait aller à ses regrets, à ses rêveries. Major allait et venait en grondant parfois. Neuf heures sonnèrent. Le bruit de la cloche fit tressaillir la jeune fille, et elle se souvint alors qu’elle avait inutilement demandé sa suivante. Elle appela. Ce fut encore la gouvernante qui se présenta, silencieuse, onduleuse, glissante et souriante.
    Odette remarqua alors que cette femme, solidement bâtie, devait être d’une force peu commune. Elle la regarda avec plus d’attention et, la voyant si humble, si soumise d’attitude, se reprocha l’insurmontable répulsion qu’elle sentait grandir en elle.
    Le

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