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Jean sans peur

Jean sans peur

Titel: Jean sans peur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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entendez-vous ? voici que le mort est venu reprendre sa place !
    Le reste se perdit dans le bruit effroyable ; on n’entendit plus que les hurlements des trois vivants. Saïtano, cependant, avec activité, commença à dégrafer le pourpoint pour mettre à nu la poitrine.

IV – « ACTA GESTAQUE »
    En cette même nuit où Passavant se présentait au logis de Saïtano, divers personnages de l’Hôtel Saint-Pol, obéissant à la tortueuse et profonde mathématique de cette force inconnue qui assemble les éléments de drame éparpillés, exécutaient des gestes que nous devons relater à ce moment de notre récit.
    En tête de ces personnages, nous devons placer le chien « Major ». Nous l’avons laissé dans le bâtiment aux pâtisseries où l’avait attiré le subtil valet stylé par Isabeau.
    Ce chien de grand luxe, dans les yeux de qui ne pétillait pas cette malice qu’on voit en certains de ses confrères, outre qu’il était bête, avait aussi le tort d’être gourmand.
    Grâce à sa gourmandise, Major se trouva emprisonné. Dès qu’il s’en aperçut, il se mit à bondir, à hurler, renversa des étagères où s’alignaient des pâtisseries variées, fit un vacarme extraordinaire, le tout en pure perte.
    Ces hurlements et ces bonds cessèrent tout à coup. Major venait d’apercevoir sur le carreau de nombreuses friandises qu’ils avaient renversées. Il se dit alors que la prison avait du bon. En raison de sa bêtise, Major avait la gloutonnerie immodérée ; il n’était pas capable, comme la plupart des chiens, de savoir s’arrêter à temps ; bref, il eut une indigestion. On l’entendit gémir et se lamenter.
    Finalement, il s’endormit du sommeil des goinfres, qui est lourd, pesant et sans rêves.
    Lorsqu’il se réveilla, il faisait jour. Il vit la porte ouverte, et, la queue basse, fila rapidement non sans avoir jeté à droite, à gauche, un dernier regard – peut-être dans l’espoir de se procurer une deuxième indigestion. Il n’y avait plus rien. Il avait tout dévoré.
    Major erra quelques heures dans les vastes jardins, sans même se demander pourquoi on l’avait emprisonné, et pourquoi on le relâchait. Il se demandait seulement pourquoi on l’avait gavé de gâteaux. Vers le moment où Honoré de Champdivers lui servait sa pâtée – soin que le vieux brave ne laissait à personne – Major s’introduisit dans les appartements d’Odette avec cet air d’innocente indifférence qu’ils prennent quand ils ont une faute à se faire pardonner.
    Alors il alla se coucher aux pieds de sa maîtresse.
    Odette, assise dans son fauteuil à dossier sculpté suivant la mode de ces temps gothiques, semblait perdue en une lointaine rêverie. Parfois un soupir gonflait son sein. Parfois aussi une larme tombait de ses yeux. Une profonde mélancolie pesait sur le front de la jeune fille. Et ce n’était pas au roi Charles qu’elle songeait, à ce fou qui, en ce moment, dormait, abattu par la crise que nous avons signalée. Elle ne songeait pas non plus à Jean Sans Peur ; et pourtant elle savait maintenant que cet homme était son père et la curiosité, à défaut d’autre sentiment, eût pu porter vers lui ses rêveries. Elle ne songeait pas non plus à Passavant, – et pourtant il était présent au fond de son cœur. Elle ne songeait pas même à cette reine qui était pour elle une vivante menace de mort.
    Toute la pensée d’Odette allait à Honoré de Champdivers et à la dame Margentine.
    Elle avait appris à les aimer, à les respecter, ces deux êtres de bonté, de dévouement et de tendresse. Dans le fait, ils étaient tout pour elle. Eux disparus, il lui semblait que tout lui manquait à la fois de la vie.
    Disparus ? Le roi l’avait affirmé : il était impossible qu’on eût attenté à leur vie. Mais une de ces mystérieuses douleurs, plus fortes que la raison et les raisons, disait à Odette que la vérité devait être plus terrible : Champdivers et Margentine étaient morts !… À ce moment, son regard tomba sur le chien. Elle tressaillit d’un faible espoir, et caressa la tête de Major en murmurant :
    – Et pourtant : tu les eusses défendus, toi ?
    Vers ce même moment, par une sorte d’affinité des gestes divers qui finissent par composer un événement, Isabeau se penchait vers la tigresse Impéria, et murmurait :
    – C’est toi, n’est-ce pas, c’est toi qui me vengeras ?
    Ceci se passait dans cette salle spécialement

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