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Jean sans peur

Jean sans peur

Titel: Jean sans peur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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La soif mettait un enfer dans sa gorge. L’épouvante peu à peu installait la folie dans son cerveau.
    – À moi ! À moi ! À moi ! À moi !…
    Il se mit à hurler cela sans arrêt. Qu’espérait-il ? Rien. Qu’appelait-il ? Personne. Il hurlait, voilà tout. Il eût aussi bien choisi un autre mot. Et bientôt, en effet, il cria d’autres choses. Il se prit à parler très vite, raconta à des êtres imaginaires qu’il était perdu depuis plusieurs mois dans le dédale des ténèbres, et supplia qu’on lui donnât à boire…
    Les illusions tout à coup disparurent.
    Une fois encore, le chevalier de Passavant se rendit compta qu’il errait dans des galeries sans commencement et sans fin.
    Alors, il éprouva l’énorme lassitude de cette marche.
    Il se coucha pour mourir.
    Et le chevalier de Passavant mourut.
    Il mourut enessayant un suprême effort pour se rappeler les choses de sa vie.
    Cet effort l’amena simplement à prononcer le nom de Roselys. Peut-être était-ce une simple convulsion du souvenir. Il était entré dans les carrières pour Roselys… Il était naturel que ce nom se présentât à son esprit. Quoi qu’il en soit, il le prononça – et mourut.
    Quel autre terme pourrions-nous employer ? Ce ne fut pas simplement une perte de connaissance. Il y eut en lui la fade, l’écœurante, la souverainement horrible impression de la mort. Il se dit avec l’inexprimable conviction de l’agonie : Je meurs ; dans un instant, ce sera fini…
    Il respirait, mais si faiblement ! Un léger râle inconscient continuait de se faire entendre sur ses lèvres, mais toute sensation était abolie.
    La résurrection fut soudaine.
    En une seconde, cet être brisé de fatigue, terrassé par la faim, la soif, l’épouvante, cet homme qui respirait à peine, qui venait d’entrer dans l’anéantissement final, en un clin d’œil Passavant fut debout, éperdu d’espoir, délirant d’une joie surhumaine, écoutant, le cou tendu, écoutant de tout son être.
    Un murmure lointain, un murmure de voix humaines…
    Il écoutait cela. C’est cela qui l’avait galvanisé. C’est cela qui l’avait rappelé des lointaines régions de la mort. Ce murmure si faible avait frappé son oreille, parce que dans les ténèbres des galeries c’est l’oreille qui devait mourir la dernière, c’est dans l’oreille que s’étaient réfugiées les dernières lueurs de la vie.
    Ce fut en frémissant qu’il fit ses premiers pas. Son cœur tremblait. À la seule pensée que le murmure pouvait s’éteindre, ou qu’il pouvait, lui, se perdre, d’atroces nausées lui donnaient des vertiges. Il marchait avec d’indicibles précautions, le cou tendu, les mains tendues, tout son être tendu vers ce murmure… vers la vie. S’il s’égarait ! S’il prenait une autre voie que celle qui aboutissait à la vie ! Si ces inconnus s’éloignaient !… Mais non !… le murmure se faisait plus distinct, et tout à coup, là, au fond de cette galerie qu’il parcourait, ô saints et anges, là, oui, la radieuse, l’ineffable impression d’une lueur !…
    Une lueur bien faible, mais qu’importe ! Une lueur !…
    Les ténèbres n’étaient plus les ténèbres. Les voiles de l’épouvante étaient déchirés.
    À mesure qu’il avançait, le murmure se faisait grondement et parfois clameur. La lueur indécise devenait lumière violente. Au fond de la galerie, dans une vaste rotonde, Passavant apercevait des ombres qu’éclairaient plusieurs torches.
    Qu’étaient ces gens ?
    Que faisaient-ils dans ces carrières ?
    Passavant ne se le demandait même pas. Lorsqu’il ne fut plus qu’à une centaine de pas, il ne put davantage résister, et il se mit à courir. Quels qu’ils fussent, ces hommes le sauveraient… Brusquement, à dix pas de la rotonde, il s’arrêta.
    Parmi ces voix nombreuses, il venait de reconnaître une voix. Elle criait :
    – Maître Caboche, voici les intentions formelles de mon maître…
    Et c’était la voix d’Ocquetonville !…
    Passavant regarda, comme on peut regarder l’abîme. Près d’Ocquetonville, il vit Courteheuse et Scas, puis nombre de seigneurs bourguignons. Les autres étaient des bourgeois qu’il n’avait jamais vus. Mais ce qui était sûr, c’est qu’il y avait là assez de gens qui voulaient sa mort !
    Ainsi, devant lui, les Bourguignons.
    Derrière lui, la galerie, les ténèbres, la faim, la soif, l’épouvante.
    Passavant n’hésita pas. Il se

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