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Jean sans peur

Jean sans peur

Titel: Jean sans peur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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s’éteignit. Avec un rugissement de terreur, Passavant allongea les mains pour saisir Saïtano… et alors il frémit dans tout son être…
    Saïtano lui échappait. Ses mains ne le trouvaient pas. Du vide et des ténèbres : il n’y avait autour de lui que cette double sensation.
    Il se mit à courir en tous sens, dans l’espoir de heurter le sorcier.
    Mais bientôt il s’arrêta, avec cette effroyable conviction que déjà Saïtano était bien loin de lui.
    Dans cette situation si brusquement amenée par l’infernal génie du sorcier, ce qui l’accabla tout d’abord, ce fut justement cette soudaineté de la catastrophe. Ce qui le frappa d’un véritable vertige, ce fut de ne plus entendre Saïtano. Il écouta avec l’attention la plus surexcitée. Il espérait tout au moins saisir un bruit de pas, un frôlement quelconque. Il pensait aussi que, sans doute, le sorcier voudrait lui parler avant de se retirer, l’insulter peut-être. Il attendait son rire strident et méchant.
    Rien. Non, rien ne vint. Passavant était entré dans le domaine du silence avec la même soudaineté, dans le même instant où il avait été enveloppé de ténèbres.
    Il faut dire qu’après la première minute d’effarement, cette âme intrépide tenta le suprême effort. Passavant se dit que s’il lui restait une chance quelconque d’être sauvé, cette chance serait anéantie par la peur. Tout ce qu’il pouvait posséder de forces, il l’employa à retrouver un peu de sang-froid.
    Il y parvint. Il crut y parvenir. Il crut qu’il avait dompté l’épouvante.
    Mais l’épouvante est une de ces larves sournoises qui savent faire le siège d’un cerveau et choisir le bon moment pour brusquement sauter dessus.
    Le chevalier s’assit sur le sol sablonneux de la carrière, autant pour achever de calmer ses nerfs par l’absence de tout mouvement que parce qu’il se sentait réellement brisé comme par une longue fatigue.
    Il écouta encore. Longtemps il écouta. Saïtano, peut-être, était encore là. Peut-être aurait-il l’affreux courage, l’imprudence de jeter au chevalier quelque parole d’insulte, avant de s’en aller. Et alors…
    Longtemps, il écouta, se tenant prêt à se ruer vers le point d’où partirait la voix.
    Mais non… Rien !…
    Saïtano n’était pas un vulgaire esprit. Sûrement, sans risque d’être atteint, il eût pu se donner la satisfaction d’adresser quelque terrible adieu à Passavant. Il n’y songea même pas.
    Dès l’instant où la cire s’était éteinte, Saïtano avait rayé Passavant de ses préoccupations. Passavant n’existait plus, c’était tout.
    Le sorcier, grâce aux marques dont il avait parlé, s’était donc remis en route, et déjà il atteignait l’escalier qui allait lui permettre de remonter au jour, alors que là-bas, dans le carrefour de silence et de ténèbres, Passavant attendait encore…
    Lorsque le chevalier fut certain que Saïtano s’était réellement éloigné, il se dit :
    – Ce drôle a choisi pour moi le genre de mort le plus désagréable qu’il soit possible d’imaginer. Décidément, si je m’en tire, il faudra qu’il paye sa trahison. Il la paiera !
    Le sourire qui accompagnait ces mots, tout paisible qu’il était, eût fait frissonner Saïtano.
    – Donc, reprit le chevalier, si je m’en tire, le sorcier aura un mauvais quart d’heure à passer. D’ici là, n’y pensons plus, et songeons à trouver le moyen de sortir d’ici.
    Ce fut un remarquable effort de courage ; au bout de quelques minutes, il ne pensait réellement plus au sorcier, ni à quoi que ce fût au monde, et il combinait des plans.
    Il s’arrêta au plus simple, au plus logique, à celui-là seul qui offrait une chance de salut, s’il en restait : entrer dans la première venue de ces galeries qui venaient dégorger dans la rotonde leurs fleuves de ténèbres comme dans un lac de l’enfer ; et cette galerie une fois adoptée, la suivre tout droit, si loin qu’elle allât.
    – Que diable, se disait le chevalier, il faudra bien qu’elle aboutisse quelque part !
    Bravement, il réfréna cette horreur qui, peu à peu, l’envahissait, il dompta le tremblement des nerfs, et il se mit en route, s’enfonça dans l’un des boyaux, sans savoir lequel. Sa marche d’abord fut pénible. Le sol était uni pourtant. Mais marcher dans le noir absolu, marcher droit est presque impossible. L’obstacle surgit dans l’imagination sous toutes les formes.

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