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Jean sans peur

Jean sans peur

Titel: Jean sans peur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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dit que mieux valait cent fois se jeter au milieu des Bourguignons et en finir d’un seul coup plutôt que de subir encore les supplices de l’abominable labyrinthe.
    Il s’avança de quelques pas.
    Mais maintenant, par la seule joie que soulevait en lui la « lumière » des torches, une puissante réaction s’accomplissait dans son organisme. Échapper à l’énorme ténèbre, c’était déjà vivre. Et vivre si peu que ce fût lui rendait l’ardent amour de la vie.
    Plus fort, plus maître de lui, Passavant conquit la prudence nécessaire.
    Avant de se ruer à la mort en se jetant parmi les Bourguignons, il voulut voir s’il n’y avait plus pour lui aucun moyen de remonter à la surface du monde.
    Il se mit à regarder, à écouter…

VII – COMMENT FUT DÉCRÉTÉE LA GUERRE CIVILE
    Passavant, tout de suite, remarqua deux choses qui, pour lui, étaient d’un immense intérêt. Cette assemblée se tenait dans une salle à peu près ronde, et de dimensions assez vastes pour contenir une centaine de personnes. Or il n’y avait pas d’autre galerie aboutissant à cette rotonde que celle-là même où il se trouvait. En face de cette galerie, à l’autre extrémité, commençait un escalier par où les Bourguignons étaient descendus dans cette salle. Tout danger de se perdre à nouveau dans le sombre dédale était donc écarté pour Passavant. Ensuite, la possibilité de remonter au jour devenait formelle. Si bien que fermât la porte que sans doute il trouverait au haut de l’escalier, il pouvait venir à bout de l’ouvrir.
    Dès lors, le plan de délivrance s’érigea dans l’esprit de Passavant.
    Il y avait dans la rotonde une trentaine de bourgeois et une dizaine de seigneurs bourguignons. Ces gens étaient fort occupés à parler ou à écouter.
    Il était possible que le chevalier pût se glisser jusqu’au groupe sans attirer l’attention, se mêler aux derniers rangs, et, lorsque la conférence prendrait fin, s’en aller tranquillement avec ces gens.
    Si au contraire il lui était impossible de s’approcher, il attendrait que la salle fût vide, et tenterait de forcer la porte. Il voyait tout ce qui se passait dans la rotonde. Il entendait tout ce qui se disait.
    Caboche parlait. Et il représentait vingt mille bourgeois.
    Ocquetonville représentait le duc de Bourgogne seulement, mais cela valait les bourgeois de Caboche. Nous disons que ce Caboche était le porte-parole de la bourgeoisie près de se révolter. L’histoire a assez mal défini son rôle exact dans la grande tragédie qui allait prendre pour théâtre Paris tout entier.
    Il est probable que Caboche avait derrière lui autre chose que cette bourgeoisie alors courageuse à coup sûr, mais dont les prétentions aujourd’hui accomplies se dessinaient déjà. Le bourgeois, tout simplement, voulait remplacer le noble, dominer comme lui, laisser peut-être cependant quelque vagues libertés au peuple, – mais le dominer.
    – Maître Caboche, avait dit Ocquetonville, je vais formuler devant vous et les vôtres les formelles intentions de mon seigneur le duc de Bourgogne…
    – Sire d’Ocquetonville, répondait Caboche d’une voix âpre, votre maître avait promis de venir ici de sa personne discuter avec nous la possibilité d’une guerre. Sans doute l’endroit est triste et sombre, triste comme notre existence, sombre comme nos pensées. Cette vieille carrière, c’est notre Hôtel Saint-Pol, à nous. Quoi qu’il en soit, les hôtes que nous y admettons nous sont sacrés. Peut-être votre maître a-t-il eu peur ? ajouta Caboche avec un sourire de dédain.
    – Il s’appelle Jean Sans Peur ! dit Ocquetonville en se redressant avec fierté.
    – Alors pourquoi n’est-il pas venu ? cria Caboche dans un sauvage éclat de voix. Nous méprise-t-il donc, s’il n’a pas peur ? J’ai bien été, moi à l’hôtel de Bourgogne ! Pourquoi le duc ne vient-il pas chez nous ? Sire d’Ocquetonville, ce n’est pas à vous de nous dire les intentions du duc de Bourgogne. Qu’il vienne, et nous l’écouterons.
    – Me voici ! dit une voix rude.
    Tous les assistants levèrent les yeux vers le haut de l’escalier d’où tombait cette voix. Passavant, lui aussi, regarda de ce côté. Et tous virent descendre, pas à pas, lentement, un homme de haute taille enveloppé dans son manteau. Quand il fut arrivé au bas, cet homme laissa retomber son manteau. Les seigneurs bourguignons s’inclinèrent très bas. Plus bas

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