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Jean sans peur

Jean sans peur

Titel: Jean sans peur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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fût-elle plus étrange encore, n’y eût-il pour moi qu’une seule chance de revoir Roselys contre cent d’être tué, je la suivrais encore. D’ailleurs, qu’ai-je à craindre ? Au moindre signe de trahison, je poignarde le sorcier.
    En hâte, il l’avait rejoint.
    Ils cheminaient maintenant le long d’une large galerie taillée dans la pierre blanche des sous-sols de Paris, et sur laquelle, à intervalles irréguliers, s’ouvraient d’autres galeries.
    Passavant abattit sa main sur l’épaule de Saïtano.
    – Eh ! l’ami, dit-il, où diable sommes-nous ici ?
    – Mais vous le voyez, mon digne gentilhomme, nous sommes sous Paris. Comprenez-vous ?
    – Sous Paris ? gronda le chevalier.
    – Sans doute. Paris est une grande ville. Il y a des maisons, des hôtels, des forteresses, des églises, des abbayes. Tout cela, chevalier, s’est lentement érigé. Il serait maintenant difficile de calculer ce qu’il a fallu de pierre pour bâtir la Ville, la Cité, l’Université. Or, où pensez-vous qu’on ait pris cette pierre, dans les temps reculés où l’on bâtissait tous ces êtres figés qui ont vu le passé, qui verront l’avenir, qui voient couler les générations d’hommes comme des fleuves ? Eh bien, c’est Paris qui s’est fourni à lui-même son squelette ; c’est sous Paris, c’est dans ces carrières maintenant abandonnées qu’on a pris les matériaux des grandes constructions. Comprenez-vous maintenant ?
    – Très bien, dit le chevalier en hochant la tête. Mais où conduisent ces sombres boyaux qui vont s’enfonçant dans les entrailles du sol ?
    Saïtano se mit à rire. Et il regardait fixement la cire qu’il tenait au bout de ses doigts et qui jetait une lueur pâle à peine suffisante pour montrer l’énorme entassement de ténèbres.
    Il n’y avait presque plus de cette cire !…
    – Où vont ces galeries ? Nulle part, mon brave gentilhomme, nulle part ! Elles sont toutes bouchées, sauf trois ou quatre issues que peu de gens connaissent, et que je connais bien, moi ! Ces galeries sont les veines de ce grand corps qui s’appelle Paris. Veines où il n’y a pas de sang ! ajouta Saïtano avec son rire funèbre. Des veines vides de sang… Concevez-vous cela ?
    – Sorcier, dit Passavant d’une voix sourde, j’espère que tu ne médites aucune trahison ?
    – Moi ? Et quelle trahison ?…
    Passavant tira sa dague et dit simplement :
    – Ta vie me répond de la mienne.
    – Soit ! dit Saïtano. Mais pour vous parler encore de ces galeries, il faut que vous sachiez, mon brave chevalier, c’est une chose curieuse à savoir : elles sont si nombreuses et si longues, elles s’entre-croisent avec tant de caprice, qu’elles forment un réseau vraiment inextricable. Voici une galerie qui s’ouvre là, sur votre droite. Où va-t-elle ? Qui le sait ? D’autres boyaux viennent s’embrancher sur elle. Sur ces boyaux, d’autres galeries viennent s’amorcer. On pourrait voyager des années sans trouver le commencement ou la fin du labyrinthe.
    Saïtano se mit à rire et regarda le chevalier en face :
    – Si vous étiez seul, vous mourriez ici d’une mort affreuse, après une atroce agonie qui peut durer plusieurs jours ; oui, vous mourriez de faim et de soif, vous mourriez d’épouvante, courant comme un fou sans jamais retrouver votre chemin ; chaque pas que vous feriez vous enfoncerait davantage dans l’inextricable labyrinthe… heureusement, vous êtes avec moi, et je connais très bien pour les avoir parcourues cent fois les galeries que nous longeons.
    Passavant frissonnait. Il saisit un bras de Saïtano, et d’un ton rude :
    – Sommes-nous bientôt arrivés ?
    Saïtano regarda sa cire prête à s’éteindre et répondit :
    – Bientôt !
    Ils débouchaient à ce moment dans une sorte de salle ronde, carrefour auquel aboutissaient une douzaine de galeries. Saïtano reprit :
    – Cent fois je suis venu jusqu’ici. Même sans lumière, je retrouverais mon chemin, car en prévision du moment où je serai forcé de me cacher, j’ai fait sur ces murs des marques faciles à retrouver au toucher, et qui me serviraient de guide. Mais vous, même avec de la lumière, vous ne pourriez vous y retrouver. Vous mourriez de faim, de soif et d’épouvante.
    – Assez ! gronda le chevalier. En route ! Et tâche que nous soyons vite arrivés !
    – Mais, dit Saïtano, nous sommes arrivés !
    Au même instant, la cire

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