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Jean sans peur

Jean sans peur

Titel: Jean sans peur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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puis plus de faim et de soif. Mais voici nos gens qui s’en vont. Il s’agit d’ouvrir l’œil.
    Jean Sans Peur, le premier, avait monté l’escalier, suivi de la plupart de ses seigneurs.
    Puis Caboche et ses bourgeois disparurent à leur tour.
    Ocquetonville, Scas et Courteheuse formaient l’arrière-garde. Ocquetonville monta, puis Scas. Courteheuse jeta un dernier coup d’œil sur la salle et commença à monter aussi.
    Dans la rotonde, les torches continuaient à brûler.
    Cet escalier, en effet, aboutissait aux caves de la maison d’un bourgeois, lequel se chargeait de toute la mise en scène. Ce bourgeois attendait que ses hôtes fussent tous partis pour descendre éteindre les torches et fermer enfin la porte…
    Vers la cinquième ou sixième marche, Courteheuse se sentit saisi par le bras. Quelqu’un était derrière lui. Et ce quelqu’un lui disait :
    – Un mot, s’il vous plaît, sire de Courteheuse.
    Courteheuse se retourna. Il vit un homme qui portait l’épée… l’un des gentilshommes du duc, sans doute. Dans l’ombre, il ne pouvait le distinguer.
    – Que voulez-vous ? demanda Courteheuse.
    – Vous parler. Et comme il est inutile que nos amis entendent ce que j’ai à vous dire, faites-moi l’honneur de redescendre ces quelques marches. Je vous retiendrai une ou deux minutes à peine.
    Courteheuse jugea qu’il avait affaire à quelque ennemi qui voulait lui donner un rendez-vous sur le Pré-aux-Clercs. Rapidement il repassa dans sa tête la liste de ses ennemis, mais comme elle était nombreuse, il y renonça vite. D’autre part, il n’arrivait pas à distinguer les traits de cet ennemi. Mais comme à tout prendre c’était un gentilhomme qui, sûrement, était de la maison de Bourgogne, il n’hésita pas. Il commença donc à redescendre en disant :
    – C’est à moi personnellement que vous en avez ?
    – À vous-même !
    – Courteheuse ! Courteheuse ! cria la voix de Scas. Viendras-tu, mort-diable ?
    – Je vous rejoins ! cria Courteheuse. Allez toujours ! Vous voyez, monsieur, je suis attendu. Parlez donc vite, s’il vous plaît. Qu’avez-vous à me dire ?
    Passavant découvrit son visage, sur lequel il avait ramené son manteau, et se plaça de façon à être éclairé en plein par la lumière des torches. Courteheuse pâlit et murmura sourdement :
    – Le chevalier de Passavant !
    En même temps, il leva les yeux vers le haut de l’escalier, comme pour demander du secours.
    Passavant se débarrassa de son manteau, tira sa longue rapière, et d’une voix qui résonna étrangement :
    – Guines ! Guines ! tu es mort de ma main. Courteheuse, es-tu là ?
    – J’y suis ! dit Courteheuse.
    – Courteheuse, tu mourras de ma main !
    En prononçant ces mots, d’un bond, il se plaça entre l’escalier et Courteheuse. Et il tomba en garde. Courteheuse était un chien enragé. Il suffisait de le démuseler pour qu’il se jetât sur les gens. Corps et âme au duc de Bourgogne, il avait pour lui, en mainte rencontre, risqué sa peau ; pour lui, il avait accompli plus d’une prouesse au détour des rues sombres.
    Courteheuse, moralement lâche, avait donc du moins cette intrépidité physique de l’homme qui, continuellement, joue sa vie contre une chance de fortune.
    – Très bien, dit-il, vous voulez me tuer ?
    – Comme j’ai tué Guines. Comme je tuerai Scas et Ocquetonville.
    – Et pourquoi me tueriez-vous, voyons ? Dites-moi cela, que j’aie au moins la conscience tranquille avant de m’en aller retrouver mon brave Guines dans un monde qui est évidemment meilleur que celui-ci, puisque vous ne vous y trouvez pas… pas encore !
    – Monsieur, dit Passavant avec son sourire tout hérissé d’ironie, soyez sûr que le jour où je me trouverai dans ce monde meilleur, ce n’est pas vous qui m’en aurez montré le chemin. Soyez sûr que si je vous y rencontre, je m’arrangerai de façon à vous écarter de ma route.
    Il achevait à peine ce mot que Courteheuse, se ruant sur lui l’épée au poing, lui porta un furieux coup de pointe, sans le prévenir, sans aucun de ces préliminaires qui alors préparaient le combat. Le chevalier para d’un violent coup de fouet et éclata de rire :
    – Ah ! ah ! je vous aime mieux ainsi ! Je vous retrouve ! Le coup de traîtrise vous va à merveille !
    Courteheuse ne disait plus rien. Pâle de rage, les dents serrées, il portait dans les yeux la volonté de tuer ; il attaquait

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