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Jean sans peur

Jean sans peur

Titel: Jean sans peur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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avec une calme assurance, car il demeurait maître de sa pensée et de son bras ; coup sur coup, il se fendait ; d’un bond, il se plaçait à droite de Passavant, puis à gauche ; il se jetait à plat ventre, et de sa dague, par-dessous, essayait de l’atteindre. Mais il avait affaire à un adversaire habitué aux ténèbres. Ses innombrables duels avec le geôlier de la Huidelonne avaient donné à Passavant l’habitude de toutes les feintes qu’on peut imaginer en escomptant la protection de l’obscurité. Le chevalier ne bougeait pas de sa place. Il coupait toute retraite vers l’escalier, et c’était pour lui le point essentiel.
    Dans cette salle obscure, dans ce souterrain sur lequel la galerie dégorgeait des flots de ténèbres que les torches repoussaient à grand’peine, ce furent pendant quelques minutes le cliquetis des aciers, les éclairs jaillissant des lames entrechoquées, le tourbillon des deux hommes tantôt enlacés en un corps à corps farouche, tantôt arrêtés, haletants, à quelques pas l’un de l’autre…
    Courteheuse, après une dernière attaque où il mit toute sa science, commença à reculer. Il était hors d’haleine. Les yeux sortaient de la tête. De pâle qu’il était, il était devenu livide.
    – À mon tour ! dit froidement le chevalier.
    Et il avança d’un pas pour préparer l’attaque… À cet instant, il sentit que son bras faiblissait, la rapière lui devint terriblement lourde, il sentit qu’elle allait lui échapper, ses doigts raidis se crispèrent ; en même temps, la même faiblesse mortelle descendit à ses jambes…
    C’était la faim, c’était la soif, c’était le contre-choc de l’épouvante, c’était toute cette énorme fatigue de l’horrible marche à travers les ténèbres.
    Passavant comprit qu’il allait mourir.
    Il avait fait un pas en avant. Il en fit deux en arrière, en chancelant. Courteheuse eut un rugissement de joie féroce et, se jetant sur l’adversaire mourant, se fendit à fond, d’un terrible coup droit…
    – Mort ! hurla-t-il dans un cri furieux.
    Passavant était tombé sur un genou.
    Mais il n’était pas atteint ! C’était la faiblesse qui l’avait terrassé au moment où l’épée de Courteheuse arrivait sur lui. L’épée passa par-dessus sa tête.
    – Vivant ! râla le chevalier. Prenez garde, monsieur, je vous tue !
    C’était sublime, cet avertissement. Mais Courteheuse n’en fut pas touché. Voyant que son adversaire n’était pas blessé, il leva son épée et se pencha pour le clouer sur le sable. Dans le même instant, il s’abattit en arrière, les bras en croix, sans un cri, sans un soupir… De bas en haut, rassemblant ses dernières forces, Passavant venait de lui traverser la poitrine à l’endroit du cœur… Et alors, se relevant péniblement, il contempla un instant le cadavre et répéta le mot de Courteheuse :
    – Mort !…
    Une minute, le silence dans la sombre rotonde fut effrayant. Penché sur le cadavre, le chevalier murmura :
    – Mort de ma main. Mort comme Guines. Frappé au cœur comme Guines. Mort sans un soupir, comme Guines…
    – Par l’enfer ! Par les griffes de Satan ! Par le nombril du pape ! As-tu juré de nous faire damner ? Viendras-tu, Courteheuse ?
    C’était la voix d’Ocquetonville. Passavant releva la tête vers l’escalier, eut un étrange sourire, et cria :
    – Me voici ! Je vous rejoins !…
    – Nous partons, dit Ocquetonville. Rendez-vous à l’Hôtel !
    – Je viens ! dit Passavant.
    Rapidement, il s’empara du chaperon de Courteheuse et s’en coiffa. Puis il saisit son manteau et s’en couvrit. Alors, montant l’escalier d’un pas paisible, il se vit dans une cave où un homme lui montra un autre escalier, en lui disant :
    – Hâtez-vous, mon gentilhomme. Vos compagnons, las de vous attendre, sont dans la rue.
    – Le rendez-vous est à l’hôtel de Bourgogne, n’est-ce pas ? fit Passavant avec le même sourire.
    – Oui, seigneur.
    Passavant monta et arriva dans une sorte d’arrière-boutique où attendait une vieille femme qu’en passant, il salua gracieusement, comme il eût fait pour la plus jolie fille.
    – Pouvez-vous, lui demanda-t-il, me dire à quel jour nous sommes ? Je vous en serais reconnaissant.
    – Bien volontiers, dit la femme étonnée de la question, mais charmée du salut et de l’exquise politesse qu’il y avait dans la voix de ce gentilhomme. Nous sommes à vendredi

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