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Jean sans peur

Jean sans peur

Titel: Jean sans peur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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sifflant un air joyeux, graissait convenablement les cordes.
    – Haut et court ! cria le capitaine. Haut et court !
    – Allons, dit le duc qui entrait dans la cour, qu’on fasse vite ! Ces dignes ermites consentent à confesser les trois drôles. J’accorde cinq minutes pour la confession.
    Pierre Tosant et Martin Lancelot s’approchaient.
    – Je n’ai rien à dire, fit brusquement Brancaillon.
    Et il reprit sa chanson qui faisait rougir les deux révérends. Quant à Bragaille et à Bruscaille, de bonne volonté, ils commencèrent à se confesser, le premier parce qu’il croyait à l’efficacité de cette cérémonie, l’autre parce qu’il espérait retarder le moment fatal. Or, pensait-il, tant qu’on a les yeux ouverts, tant qu’on respire, fût-ce au bout d’une corde, il y a de la ressource. Le hasard est si capricieux !
    Tosant eut donc Bruscaille. Lancelot prit Bragaille. Les cinq minutes s’écoulèrent, et le capitaine cria :
    – C’est assez ! Qu’on leur mette la corde au cou !
    – Mais, protesta Bruscaille, j’ai à peine commencé. Grâce à Monseigneur, j’en ai long à dire à ce saint homme. Je veux bien être pendu, mais je dois songer à mon âme, par les pieds fourchus de Satan !
    Bref, cinq nouvelles minutes furent accordées, au bout desquelles, malgré les cris, les larmes, les supplications, l’exécuteur de l’hôtel leur passa le nœud coulant autour du cou.
    À l’autre extrémité de chacune des trois cordes deux aides, deux solides gaillards s’apprêtaient à tirer pour guinder en l’air les condamnés. La terrible minute était arrivée. Brancaillon ne chantait plus. Bragaille récitait une dernière prière. Bruscaille grommelait des jurons. Tous trois étaient livides.
    – Attention ! cria joyeusement l’exécuteur, de l’ensemble, et du cœur au travail. Une, deux, trois, tirez ! Tirez ferme !…
    Les six aides, deux par deux à chaque corde, se mirent à tirer.
    Les nœuds coulants se serrèrent. Brancaillon tira la langue, et Bruscaille, de son accent gouailleur, lui cria : « Pas encore, animal ! Tu auras le temps tout à l’heure. » Les aides tirèrent encore et les trois malheureux commencèrent à perdre pied… C’était la fin ; ils eurent le frisson de la mort et fermèrent les yeux.
    – Arrêtez ! dit Jean sans Peur.
    Les nœuds coulants se détendirent. Brancaillon murmura : « Pourquoi arrêter ? Je n’y comprends rien. » Bragaille palpitait. Bruscaille ouvrit un œil, regarda le duc et jubila : « Je le savais bien, moi ! »
    – Voyons, dit le duc, vous repentez-vous ?
    Un triple rugissement qui était une protestation fervente de dévouement lui répondit.
    – Eh bien, reprit le duc, je consens à vous faire grâce de la vie, mais à une condition : vous vous ferez ermites.
    – Ermites ! Frocards ! Évêques ! Papes ! Tout ce que vous voudrez, monseigneur !
    Quelques minutes plus tard, les trois compères se retrouvaient dans les cuisines de l’hôtel.
    – Qu’on leur donne à manger, avait dit le duc, qu’on les habille convenablement, qu’on les laisse dormir jusqu’à demain, et puis nous verrons.
    – Voilà de généreux ordres et plaisants à entendre, murmurait Bruscaille. Mais pourquoi diable devons-nous nous faire ermites ?
    Ce fut une ripaille monstrueuse, et il fallait être les gens qu’ils étaient pour passer avec une telle désinvolture de la potence à table. Pour finir, ils furent portés ivres-morts dans leur dortoir où, le lendemain matin, ils trouvèrent chacun un équipement complet qui ne laissa pas de les étonner.
    – Qu’est-ce que cela ? fit tout à coup Bruscaille.
    – Que signifient de telles hardes ? ajouta Bragaille.
    – Du diable si j’y comprends goutte ! affirma Brancaillon.
    Ces équipements dont nous parlons, c’étaient, en effet, des équipements de moines, y compris le froc à capuchon, la corde pour ceindre les reins, le chapelet.
    – C’est vrai, reprit Bruscaille sérieusement étonné, nous devons nous faire ermites. Mais pourquoi ermites ?
    Quoi qu’il en fût, ils commencèrent à revêtir les vêtements de dessous, que devait couvrir le froc.
    – Oh ! fit soudain Brancaillon, une dague !
    – Moi aussi ! dit Bragaille.
    – Moi aussi ! fit Bruscaille. Ah ! ah ! nous ne serons donc qu’à moitié ermites ? De bonnes dagues, courtes, solides, faciles à la main… Allons, compères les beaux jours ne sont pas

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