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Jean sans peur

Jean sans peur

Titel: Jean sans peur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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raconté plus d’une histoire de ce genre. Le diable a plus d’un tour dans son sac. Il vous offre un diamant : vous le tournez et retournez dans vos doigts, vous admirez les jolies flammes qu’il jette, et tout à coup, le diamant se transforme en un charbon ardent ; votre main est brûlée, votre bras se dessèche…
    – Ah ! fit Passavant, je remets donc dans le coffret cette bague que je voulais vous offrir.
    Le capitaine devint très rouge et poussa un cri :
    – Quoi ! balbutia-t-il, à moi ? Ce diamant ? Mais il vaut une fortune !
    Et le brave Tanneguy tendait la main dans laquelle Passavant laissa tomber la bague en disant :
    – Prenez garde d’avoir la main brûlée et le bras desséché !
    – Bah ! Nous verrons bien ! grogna Tanneguy qui saisit avidement le bijou et se mit à l’admirer avec force exclamations.
    Il y eut alors de nouvelles embrassades. Tanneguy se déclara désormais l’ami du chevalier envers et contre tous, et lui proposa de l’escorter à l’Hôtel Saint-Pol, dût-il y laisser sa peau. Puis il ajouta :
    – Vous voilà riche, et je ne sais pas si le duc de Berry qui a volé les joyaux du feu roi Charles V possède autant de pierres précieuses (il exagérait de bonne foi, le brave capitaine), mais en raison même de cette richesse, laissez-moi vous donner…
    – Un conseil ! dit le chevalier de son air naïf.
    – Oui ! dit le capitaine étourdi. Le voici : Allez chez Éphraïm, le juif de la Cité, ou plutôt allons-y, et échangez ces pierres contre des écus d’or.
    – Par le ciel, cette fois, le conseil est bon !
    – Et payé d’avance ! fit le capitaine goguenard. Ainsi, nous irons ?
    – Dès le jour venu !

XIII – L’EXORCISME
    Le lendemain, au point du jour, comme la chose avait été convenue, Tanneguy du Chatel et le chevalier de Passavant sortirent de l’auberge de la « Truie-Pendue »  ; le chevalier portait le coffret.
    Pendant que le chevalier et le capitaine s’en vont chez le juif Éphraïm, nous prierons le lecteur de nous suivre à l’Hôtel Saint-Pol, où se préparait un historique événement que nous devons raconter. Le principal héros de cette aventure fut le sire de Bois-Redon.
    Ce jour-là, c’était celui où Bruscaille, Bragaille et Brancaillon, où les ermites malgré eux furent introduits dans l’Hôtel Saint-Pol et commencèrent leurs gestes d’exorcisme.
    C’est donc dans l’appartement royal que nous entrerons tout d’abord.
    Nous y retrouvons les mêmes personnages que dans la scène que nous avons précédemment esquissée, moins Odette qui avait regagné son appartement – c’est-à-dire le roi, les trois ermites et Jacquemin Gringonneur. Nous avons laissé Bruscaille au moment où il venait de convaincre Odette qu’il était un envoyé de Passavant, et où il se rapprochait de ses acolytes pour jouer son rôle.
    – Sire, dit-il, « in nomine patris »…
    – Oui, dit Charles qui se signa dévotement. Mais j’aime mieux ce que raconte votre révérend frère Brancaillon. Il n’importe : commencez, messire.
    – Bon ! Plaise à Votre Majesté de bien s’asseoir dans le fond de son fauteuil, la tête appuyée au dossier… oui, sire, et je supplie le roi de ne pas remuer.
    – Suis-je ainsi bien placé ? fit docilement le roi.
    – Exactement, oui, sire, ne remuez plus, fermez les yeux, et récitez douze « pater » de suite.
    – Douze ! s’écria Gringonneur. Six de plus qu’avec Tosant. Pour le coup, sire ! vous êtes guéri !
    – Et Tosant ne me faisait pas fermer les yeux, dit Charles.
    – Ah ! par la jupe à Juno, vous voilà bien joli, mon roi ! Avec trois gaillards de cette trempe, moi, je deviendrais fou au bout de deux heures. C’est ce qui prouve que les fous, par un effet inverse, doivent recouvrer leur santé. Soyez tranquille, sire, du moment que Bruscaille s’en mêle, vous allez devenir aussi raisonnable que Mgr de Berry.
    – Gringonneur, suis-je donc insensé, à ton avis ?
    – Cela dépend des jours, sire. Aujourd’hui vous me paraissez assez fou.
    Le roi ouvrit les yeux. Et déjà son regard se troublait. Déjà quelques tremblements convulsifs laissaient présager une crise prochaine. Il en était ainsi toutes les fois que, devant lui, on faisait allusion à sa folie, bien que lui-même, souvent, revînt sur ce sujet. Sans doute Gringonneur sentit venir l’orage car, changeant de ton, il informa gravement le roi qu’il se rendait

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