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Jean sans peur

Jean sans peur

Titel: Jean sans peur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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curiosité, de l’effroi et un vague espoir…
    – Cette liqueur, fit-il en tremblant, c’est donc…
    – Un élixir qui vous fera vivant ! dit Saïtano avec un frémissement d’ardeur. Vivant dans le cœur de la reine ajouta-t-il en se reprenant.
    – Il suffit, dit Bois-Redon.
    Et il jeta un long regard à Isabeau, comme pour fixer son image dans son esprit jusque par delà la mort.
    – Sorcier, continua-t-il d’une voix calme, apaisée déjà par l’approche de la mort, sorcier, je t’ai redouté, je t’ai méprisé, je t’ai haï pour tes accointances avec l’enfer. Mais si ce que tu dis est vrai, si cet élixir peut me faire vivre dans le cœur de la reine lorsque je ne serai plus, sorcier, à ma dernière minute, je te bénis…
    Et il but lentement le contenu du flacon qu’il garda ensuite dans sa main convulsivement fermée, comme le suprême talisman capable de lui assurer dans la tombe l’amour fidèle de celle que si fidèlement il avait aimée. Alors l’exécuteur lui passa la corde au cou. Il fit un signe. Les aides tirèrent…
    Bientôt se balança dans l’espace le corps du sire de Bois-Redon…
    La foule attentive demeura autour du gibet, immobile et silencieuse, jusqu’à ce que tout fût fini. Alors, le roi eut un soupir. Il jeta à la reine un regard de travers, un regard tout chargé de menace. Puis, des yeux, il chercha le sorcier pour lui demander ce qu’il avait fait boire au condamné. Mais le sorcier avait disparu. Charles VI, alors, se tourna vers son capitaine des gardes.
    – Monsieur, lui dit-il, vous escorterez Madame la reine jusqu’à son palais dont vous ferez garder toutes les portes. Le capitaine de ses gardes étant mort, c’est à nous d’assurer sa sécurité.
    Il y eut un mouvement de stupeur. Cet ordre, malgré les derniers mots, équivalait à une arrestation. Puis cette stupeur vite effacée fit place au respect. On s’empressa autour du roi. On se murmurait que Charles revenu à la raison reprenait le pouvoir effectif. Devant l’acte qui signalait ce retour à la santé et à la puissance, il y eut des frémissements de terreur. Il y avait là quatre ou cinq cents gentilshommes, tous plus ou moins dévoués à la reine. Tous, c’est à la reine qu’ils avaient porté leurs hommages et demandé des faveurs. Bien peu d’entre eux fréquentaient le palais de Charles VI. Mais lorsque le roi eût donné à haute voix cet ordre qui était une sorte de coup d’État, c’est vers lui que se porta la foule.
    La reine partit seule, escortée… entourée plutôt par les gardes, et un indicible sourire de mépris crispa ses lèvres pâles. De la Huidelonne, alors, partit un éclat de rire. Il y avait là quelqu’un qui regardait, riait, et murmurait :
    – Reconnaissance humaine, amour des hommes, affections, dévouements, je vous reconnais !
    Le roi s’en alla vers son palais, escorté d’enthousiasme, étonné de toute cette faveur qui lui revenait si subitement. Il voyait autour de lui tant de visages joyeux qu’il finit par en éprouver une inquiétude et hâta le pas. Alors, l’enthousiasme éclata. On cria. On se bouscula pour suivre le roi. La clameur du dévouement humain en admiration devant la force monta dans les jardins de l’Hôtel Saint-Pol :
    – Le roi est guéri ! Vive le roi !…
    Or, comme tout ce peuple de grands seigneurs arrivait devant le palais du roi en vociférant sa joie, son affection, son dévouement, son admiration, tous les sentiments purs et sans taches que fait fleurir la mendicité, suprême escorte du pouvoir, tout à coup les cris redoublèrent :
    – Voici le sauveur ! Voici le guérisseur du roi !
    Il était là, arrêté devant l’entrée du palais, méditant encore sur sa rencontre avec le sorcier de la Cité, se demandant quel malheur allait sortir de là. Il se vit entouré de gens qui voulaient absolument toucher son froc.
    – Que diable me veulent-ils ? grogna Brancaillon. Tâchons de gagner au large.
    Mais il demeura cloué sur place, les yeux arrondis, la bouche fendue d’une oreille à l’autre, par un large sourire de joyeux étonnement, et il tendait les deux mains en disant :
    – Oh ! si c’est cela qui vous tient, ne vous gênez pas, mes frères ! Donnez ! Donnez toujours !…
    Un seigneur avait commencé en offrant à l’ermite une pièce d’or. Et comme le roi avait eu un geste de satisfaction, un autre avait mis deux pièces dans la main large ouverte de

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