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Jean sans peur

Jean sans peur

Titel: Jean sans peur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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à Madame la reine ; elle veut voir pendre le truand.
    C’était la dernière insulte. Le roi et la reine paraissant ensemble, le roi seul devait et pouvait donner la main. Le capitaine ferma les yeux et tendit son poing, persuadé que la reine refuserait de s’y appuyer, mais il sentit presque aussitôt sur ce poing le contact d’une main légère et glacée. Il ouvrit les yeux et vit Isabeau souriante !…
    Elle s’était domptée ! Ce qu’il pouvait y avoir d’imprécations et de résolutions mortelles dans son cœur, nul ne l’a jamais su. Mais ce grelottement convulsif qui l’avait saisie avait disparu ; mais son visage s’était calmé ; mais un sourire immobile détendait ses lèvres !…
    Isabeau descendit l’escalier d’un pas ferme, appuyée au poing du capitaine, et près d’elle marchait le roi. Puis venait le groupe des hommes d’armes entourant Bois-Redon. On sortit du palais. Le cortège se dirigea vers ces terrains incultes qui avoisinaient la tour Huidelonne.
    Les gens de l’Hôtel Saint-Pol, en quelques minutes, comprirent le drame. Au bout d’un quart d’heure, il y avait trois ou quatre mille spectateurs aux abords de la Huidelonne : gentilshommes des palais, gardes, arbalétriers, archers, officiers, dames, valets de tout grade, une foule silencieuse, frappée de stupeur.
    L’exécuteur de l’Hôtel Saint-Pol prévenu en hâte, de par les ordres du roi, accourait, flanqué de ses aides portant une belle corde qui n’avait guère servi qu’une douzaine de fois, ainsi que l’assura le bourreau au condamné. Au premier rang de ce peuple accouru se tenait le roi et, près de lui s’était placée la reine.
    Et Bois-Redon ?…
    Il dit seulement :
    – J’eusse mieux aimé être décapité. La hache est plus noble que la corde, mort-diable !
    – Oui, dit l’exécuteur, mais avec la corde, c’est tôt fait. Votre Seigneurie désire-t-elle un confesseur ?
    – Tu m’y fais penser ! cria Bois-Redon. Qu’allais-je faire !… Me laisser pendre sans confession ? Notre-Dame et les saints m’eussent repoussé avec horreur ! Je veux un confesseur.
    Ce désir fut transmis au roi. C’était chose inéluctable. Non seulement les condamnés avaient le droit de se confesser tout leur soûl, mais encore on les confessait de force quand, d’aventure, ils préféraient passer « ad patres » en se privant de cette formalité suprême.
    – Un confesseur ? fit le roi. C’est juste. Ce Bois-Redon n’était pas un païen, après tout. Je vais donc lui donner un confesseur – et un bon – dont il n’aura pas à se plaindre.
    Il dit quelques mots à l’oreille d’un gentilhomme qui se trouvait près de lui, et qui partit en courant.
    La foule attendit, toujours silencieuse. Le roi considérait Bois-Redon avec un sombre regard. La reine, toute raide, figée, toujours souriante, regardait sans voir. Nous devons la peindre telle qu’elle était. Vingt fois, dans ces quelques minutes où il attendait sans impatience le confesseur annoncé, Bois-Redon tourna vers elle son regard de chien fidèle qui mendiait une suprême caresse. Pas une fois, l’œil d’Isabeau ne se reposa sur son amant. Non qu’elle craignait que son regard à elle ne fût saisi par le roi ou par cette foule… Simplement, Bois-Redon n’existait plus pour elle.
    Il y eut tout à coup un mouvement d’agitation dans la foule, et on vit s’approcher de la potence un moine colossal, au capuchon rabattu sur les yeux.
    Tout le monde fit cette remarque plaisante qu’à un géant tel que Bois-Redon il ne fallait pas moins qu’un géant tel que ce confesseur.
    Le religieux s’était approché du condamné, et il y eut quelques pourparlers à voix basse. Tout à coup, il y eut un bruit de dispute. Des jurons éclatèrent : un formidable duo de jurons frénétiques, le confesseur donnant la réplique au confessé.
    – Je n’en veux pas ! hurlait Bois-Redon. Nombril du pape ! Je ne veux pas être confessé par Brancaillon !… Au large, mauvais garçon, va-t’en au diable !
    – Eh ! bélître, qu’est-ce que cela peut te faire ? rugissait le confesseur. Par les tripes et les boyaux, par les cornes, par le pied fourchu ! je confesse aussi bien qu’un autre !
    – Au feu ! vociférait Bois-Redon. À la hart ! Au truand ! C’est Brancaillon, vous dis-je ! Foudre et tonnerre ! Sang du Christ ! Va-t-on me faire confesser par Brancaillon !
    – Ah ! misérable, grognait le

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