Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Jean sans peur

Jean sans peur

Titel: Jean sans peur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
Vom Netzwerk:
qu’ici.
    – Croyez-vous ?… Au surplus, si on s’aperçoit de ce que je viens de faire, je ne serai pas chassé, mais pendu. Ainsi, soyez sans inquiétude sur mon sort.
    Saïtano jeta un regard pensif sur cette magnifique brute qui, paisiblement, disait ces choses formidables.
    – Tu me promets de ne pas essayer d’entrer dans cette chambre ? reprit-il.
    – Il n’y a qu’une clef, vous l’emportez…
    Le sorcier hocha la tête, s’enveloppa de son manteau, sortit de la Huidelonne, et se dirigea droit sur le palais de la reine. En voyant le poste d’archers qui gardait la grande porte, il eut un ricanement silencieux. Les gardes ne s’opposèrent pas à son entrée dans le palais. Bientôt, Saïtano parvint aux appartements de la reine.
    Il paraît qu’il était attendu, car dès qu’il eut été aperçu par l’huissier de la salle de Mathebrune, il fut introduit dans le parloir particulier où il trouva Isabeau nonchalamment étendue sur une sorte de canapé, tandis qu’une de ses demoiselles d’honneur lui lisait un roman de chevalerie, et que trois autres faisaient de la tapisserie.
    Saïtano admira la force d’âme de cette femme qu’il croyait trouver en proie à une crise de fureur ou de désespoir. La reine renvoya les demoiselles d’honneur, et alors, se soulevant :
    – Qu’avez-vous fait boire à Bois-Redon ? demanda-t-elle avidement.
    – Un simple élixir destiné à lui éviter les angoisses de l’agonie. Il a pu mourir sans peur de la mort.
    Elle se laissa retomber et murmura :
    – Ah !… ce n’est que cela ?
    – C’est beaucoup. J’ai pensé qu’il vous serait agréable d’apprendre que votre capitaine est mort sans horreur.
    – Bois-Redon n’avait pas peur de la mort, dit Isabeau d’un ton farouche.
    Il y eut quelques minutes de silence. Le sorcier préparait ce qu’il avait à dire, ce qu’il était venu dire.
    Isabeau songeait…
    – Ainsi, dit tout à coup Saïtano, Tosant et Lancelot sont partis sans avoir fait boire au roi Charles l’élixir que si soigneusement j’avais préparé. C’est dommage, ajouta-t-il gravement. J’eusse été curieux de voir les effets de cette liqueur. Il y eût eu d’abord un accès de démence furieuse pendant laquelle…
    – Assez ! gronda Isabeau. L’Ange veillait. C’est tout…
    – Vous voulez dire Odette de Champdivers. Elle veillait oui. Vous eussiez dû prévoir cela. Elle veille encore, soyez-en sûre. Tant qu’elle sera là…
    – Odette de Champdivers ne peut être longtemps encore la gardienne du fou, car elle va mourir.
    – Bon ! Jean Sans Peur a envoyé contre elle quatre hommes qui passaient pour braves, et ils ont fui…
    – C’est vrai, dit la reine en jouant avec les cordelettes de sa robe de lin blanc.
    – Vous avez envoyé contre elle votre tigresse Impéria, et la tigresse a fui.
    – C’est vrai, dit la reine qui souriait étrangement.
    – Vous avez envoyé Bois-Redon contre elle, et Bois-Redon est mort.
    – C’est vrai, répéta la reine avec douceur.
    – Madame, si les gens du duc de Bourgogne ont fui, si Impéria fut vaincue, si Bois-Redon est mort, qui donc va maintenant affronter l’invincible faiblesse d’Odette ?
    – J’irai moi-même, dit la reine.
    – Vous irez la tuer vous-même ?
    – J’irai la tuer moi-même. Crois-tu que cette fois la faiblesse de l’Ange sera encore invincible ?
    – Oui, dit Saïtano.
    La reine se leva aussi : le masque d’indifférence, qu’elle avait jusque-là gardé, tomba. Elle saisit un bras de Saïtano, l’étreignit violemment et gronda :
    – Tu sais quelque chose ?
    – Oui, madame, et c’est cela que je suis venu vous dire. Heureux que le hasard m’ait poussé dans l’Hôtel Saint-Pol assez à temps pour rendre au brave Bois-Redon un dernier service. Je dis donc, madame, que vous risquez d’être vaincue vous aussi par Odette de Champdivers parce que si elle veille sur le roi, elle, un homme veille sur elle, et celui-là, je le crois vraiment invincible…
    – Un homme ? fit Isabeau dont les soupçons se réveillèrent. Jean Sans Peur ?
    – Non, madame. Celui dont je vous parle va venir au palais du roi. Il veut voir Odette de Champdivers. Il veut lui demander, à elle !… ce qu’est devenue Roselys. Vous voyez que pour vous le danger se complique ; cet homme, c’est le chevalier de Passavant.
    Isabeau jeta un cri au sens duquel Saïtano ne put se méprendre ; c’était un cri de

Weitere Kostenlose Bücher