Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Journal de Jules Renard de 1893-1898

Journal de Jules Renard de 1893-1898

Titel: Journal de Jules Renard de 1893-1898 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jules Renard
Vom Netzwerk:
avoue.
- Tu ne m'en veux pas
- Non, dit-elle ; car, moi aussi...
Et elle invente un adultère. Sa douleur à lui.
- J'ai menti, dit-elle. Ce n'est pas vrai. Mais j'ai voulu te montrer comme tu m'as fait mal sur le moment.
Je me suis vengée un peu, et vite. C'est fini. Rions.
Mais ils étaient si vieux qu'ils ne pouvaient plus que sourire.
Couchés sur le dos, nous choisissions deux nuages et nous jouions à celui des deux nuages qui dépasserait l'autre.
21 décembre.
Son nez a l'air plus vieux que le reste de sa figure.
22 décembre.
- Ah ! je crains de devenir fou quelque jour.
- Veux-tu te taire ! Tu es fou ?
- Tu vois : déjà !
Quatre-vingts ans ! Eh ! bien, vrai, les dieux ne t'aiment pas beaucoup.
    Quand je ne suis pas content de mon style, je lis une page de celui de Jules Simon.
La loupe, cette faiseuse de croquemitaines.
La récompense des grands hommes, c'est que, longtemps après leur mort, on n'est pas bien sûr qu'ils soient morts.
Seule, son avarice lui restait. Elle parcourut le village et, de porte en porte, tâcha de vendre la corde avec laquelle elle devait se pendre.
La mer toute ridée a pris son air de vieille.
Je me moque de savoir beaucoup de choses : je veux savoir des choses que j'aime.
Le nuage d'où tombent des fils d'eau comme du mufle d'un boeuf qui boit.
Ce livre non mis dans le commerce, parce qu'il ne se vendrait pas.
Ces vols d'oies qui s'abattent, en criant, perdant leurs plumes, battant des ailes et les pattes allongées, sur Poil de Carotte, tout oie.
Ils avaient, l'un et l'autre, tellement l'habitude de perdre que, un jour où ils jouèrent ensemble, ils perdirent tous les deux.
Tellement insensible qu'elle cousait son doigt à l'étoffe.
- Et ces petites lignes-là, est-ce qu'elles comptent ? - Lesquelles ?
- Celle-ci, par exemple. vraiment ?
- Oui, elle compte.
    Le paysan alla chercher une plume, un encrier qui ressemblait à un petit pot de cigare, et il écrivit péniblement, dans un coin du journal, en lettres enfantines, le mot vraiment.
- Alors, dit-il, se redressant, comme ça, moi, rien qu'à écrire ça, j'aurais déjà gagné cinq sous ?
- Oui, répondis-je.
Il ne dit rien, et me regarda dans le blanc des yeux. Dans son attitude il y avait de l'étonnement, de l'envie, et de la colère.
26 décembre.
A la fin d'une longue discussion, nous arrivâmes à conclure qu'au fond il n'y a rien de plus particulier qu'une idée générale.
Le Christ n'est plus qu'un sujet littéraire à la mode.

- 1894 -
    1er janvier.
L'ironie est surtout un jeu d'esprit. L'humour serait plutôt un jeu du coeur, un jeu de sensibilité.
Il a chassé le naturel : le naturel n'est pas revenu.
3 janvier.
Il disait aux guêpes qui l'agaçaient :
- Allez-vous en butiner.
Faire le doux anarchiste du détail. Il refuserait d'aller dîner dans le monde en cravate blanche, de complimenter une jeune fille qui chante au piano, etc. Avant de s'affranchir de toute loi, il commencerait par s'affranchir des usages.
Mettre, par l'absurde, l'anarchiste au pied du mur.
Faire, en quelques pages, pour l'amitié, ce que j'ai fait pour l'amour, en un volume, L'Écornifleur. Mettre les choses au point.
Henry Céard. Quarante-deux ans avoués. Attardé à la psychologie. Très ferré sur L'Écornifleur, dont il se rappelle surtout les lampions et la partie de promenade en mer.
- Vous, Renard, me dit-il, vous êtes un monsieur constamment préoccupé de ne pas accepter pour douze sous des pièces de dix sous.
Les doigts qui ont des fourmis plein la tête.
A chaque instant la vie passe à côté de son sujet. Il faut refaire tout ce qu'elle fait, récrire tout ce qu'elle crée.
    - Que faites-vous en ce moment ?
- Mon testament, dit Goncourt.
La couleur glacée du froid.
Triste à voir comme un être cher qui s'enfonce dans le brouillard.
Respirer une bonne bouffée de servitude et de respect.
Les feuilles bruissent comme un jupon empesé.
Soyez tranquilles ! Nous qui avons peur de la mort, nous mettrons toute notre coquetterie à bien mourir. Auprès de ces dames il a remplacé un Russe qui n'en pouvait plus.
Est-il veinard, le soleil, de se coucher déjà !
Fantec voudrait avoir, comme un cocher de fiacre, une voiture où mettre des personnes « dedans ».
Se souvenant que les clous doivent crever pour qu'on soit guéri, et sa maman ayant mal à un oeil, il lui dit :
- Ne pleure pas, va, maman ! Ton oeil crèvera demain.
Un coup de sifflet avait raison contre mille mains battantes.
La tête glacée. Ses pensées

Weitere Kostenlose Bücher