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Kenilworth

Kenilworth

Titel: Kenilworth Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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vie par-dessus toutes choses. Elle peut, d’un jour à l’autre, recevoir l’ordre de se rendre aux fêtes de Kenilworth ; et il est très convenable, très important, très nécessaire qu’elle n’y paraisse pas. Il faut qu’elle ignore tous ces ordres et leurs causes, et l’on doit penser que ses propres désirs l’empêcheraient d’écouter toutes les raisons ordinaires par lesquelles on tenterait de la retenir à Cumnor.
    – C’est assez naturel, dit l’alchimiste avec un étrange sourire qui tenait plus du caractère de l’homme que ce regard froid et contemplatif particulier à la physionomie d’un être plus occupé d’un monde lointain que des objets existant autour de lui.
    – Cela est vrai, répondit Varney ; tu connais bien les femmes, quoiqu’il puisse y avoir long-temps que tu ne les fréquentes plus. Ainsi donc, il ne faut pas la contredire, et cependant on ne peut pas lui permettre de faire ce qu’elle veut. Comprends-moi bien : il ne faut qu’une légère indisposition, suffisante pour ôter tout désir de changer de place, et forcer les membres de ta savante confrérie (qu’on pourrait appeler pour lui donner leurs soins) à lui prescrire de garder tranquillement le logis pendant quelques jours. Voilà tout le service qu’on exige de toi ; et il sera estimé bien haut et bien récompensé.
    – On ne demande donc pas d’affecter la maison de vie ? dit le chimiste.
    – Au contraire, tu seras pendu si tu y touches, répliqua Varney.
    – Et j’aurai, dit Alasco, une bonne occasion de faire mon opération ; et, de plus, en cas de découverte, toutes espèces de facilités pour fuir ou pour me cacher ?
    – Tout ce que tu voudras, homme toujours incrédule, excepté pour les impossibilités de l’alchimie. Comment, vieux sorcier ! pour qui me prends-tu ?
    Le vieillard, se levant et s’emparant d’un flambeau, s’achemina vers l’extrémité de l’appartement, où il y avait une porte qui conduisait à la petite chambre dans laquelle il devait passer la nuit. Il se tourna lorsqu’il fut près de la porte, et répéta lentement, avant d’y répondre, la question que Varney lui avait faite :
    – Pour qui je te prends, Richard Varney ? Ma foi, je te prends pour un démon plus méchant que je ne l’ai été moi-même. Mais je suis dans tes filets, et il faut que je te serve jusqu’à ce que mon temps soit expiré.
    – C’est bien, dit Varney avec impatience ; sois debout à la pointe du jour. Peut-être n’aurons-nous pas besoin de ta drogue. Ne fais rien avant mon arrivée ; Michel Lambourne te conduira à ta destination.
    Quand Varney eut entendu que le chimiste, après avoir tiré la porte, l’avait prudemment assurée en dedans par deux verrous, il s’en approcha, la ferma en dehors avec les mêmes précautions, et ôta la clef de la serrure en murmurant entre ses dents :
    – Plus méchant démon que toi, dis-tu, maudit charlatan, sorcier, empoisonneur ! toi qui aurais volontiers passé un contrat avec le diable s’il n’eût pas dédaigné un pareil serviteur ! Je suis homme, et je cherche par tous les moyens humains à satisfaire mes passions et à élever ma fortune. Toi, tu es un vassal de l’enfer même. Holà ! Lambourne ! cria-t-il à une autre porte. – Michel parut le visage enluminé, et entra d’un pas chancelant.
    – Tu es ivre, coquin ! lui dit Varney.
    – Certainement, noble seigneur, répondit Michel sans s’intimider : nous avons bu toute la soirée à la fortune de cet heureux jour, au noble lord Leicester et à son écuyer. Ivre ! Mort de ma vie ! celui qui pourrait refuser de boire une douzaine de santés dans une pareille occasion ne serait qu’un mécréant et un lâche, et je lui ferais avaler six pouces de mon poignard.
    – Écoute-moi, drôle : reprends ton bon sens sur-le-champ ; je te l’ordonne. Je sais que tu peux à volonté te dépouiller de tes folies d’ivrogne comme d’un habit ; et, si tu ne le fais, tu t’en trouveras mal.
    Lambourne baissa la tête, sortit, et rentra, au bout de deux ou trois minutes, la figure dans son état naturel, les cheveux arrangés et ses habits remis en ordre ; aussi différent enfin de ce qu’il était l’instant d’auparavant que s’il s’était opéré en lui une métamorphose complète.
    – N’es-tu plus ivre maintenant ? es-tu en état de me comprendre ? dit Varney d’un air sévère.
    Lambourne s’inclina comme pour répondre

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