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Kenilworth

Kenilworth

Titel: Kenilworth Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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péripatéticiens que se faisait presque tout le commerce des campagnes, surtout en ce qui concernait les étoffes fines à l’usage des femmes ; et si un marchand de cette espèce était assez riche pour voyager avec un cheval de bât, il devenait un personnage d’importance, et pouvait tenir compagnie aux fermiers les plus aisés.
    Le marchand forain dont nous parlons prenait donc librement une part active dans les amusemens qui faisaient retentir les plafonds de l ’Ours-Noir de Cumnor. Il était bienvenu à sourire avec la jolie petite Cicily ; il riait aux éclats avec notre hôte, et se moquait du pimpant M. Goldthred, qui, sans avoir cette intention complaisante, servit de plastron à tous les traits malins de la soirée. Le colporteur et lui se trouvaient engagés dans une dispute au sujet de la préférence que le tricot d’Espagne méritait sur la maille de Gascogne ; et notre hôte avait fait un signe de l’œil à ses hôtes, comme pour leur dire : – Vous allez avoir de quoi rire dans un instant, mes amis ; lorsqu’un bruit de chevaux se fit entendre dans la cour, et le valet d’écurie fut appelé avec les jurons les plus en vogue alors pour donner de la force à l’appel.
    Aussitôt sortirent, en se précipitant les uns sur les autres, Will, le palefrenier, John, le garçon chargé de la cave, et toute la milice de l ’Ours-Noir , qui avait déserté ses postes pour écouter les plaisanteries des uns et des autres. Notre hôte lui-même descendit aussi dans la cour pour faire aux nouveau-venus l’accueil qu’ils méritaient, et rentra presque aussitôt en introduisant son digne neveu, Michel Lambourne, passablement ivre, et escortant l’astrologue. Quoique Alasco fût resté un petit vieillard, il avait, en changeant sa robe pour un habit de cavalier, et en peignant sa barbe et ses sourcils, diminué de vingt ans au moins son âge apparent ; on eût pu le prendre pour un homme encore vert qui touchait à sa soixantaine. Il paraissait fort inquiet, et avait beaucoup pressé Lambourne de ne pas s’arrêter dans l’auberge, et de se rendre directement au lieu de leur destination ; mais Lambourne n’aimait pas à être régenté.
    – Par le Cancer et le Capricorne, cria-t-il, par toutes les armées célestes, sans compter les étoiles que j’ai vues dans le ciel du midi, et auprès desquelles nos pâles luminaires du nord ont l’air de chandelles de deux liards, le caprice de qui que ce soit ne me rendra jamais mauvais parent ! Je veux m’arrêter pour embrasser mon digne oncle l’aubergiste. Jésus ! Bon sang ne peut mentir. Est-il possible que les amis s’oublient jamais ? Un gallon de votre meilleur vin, mon oncle, et nous le boirons à la santé du noble comte de Leicester. Quoi ! ne trinquerons-nous pas ensemble pour réchauffer notre vieille amitié ? ne trinquerons-nous pas ensemble, je le demande ?
    – De tout mon cœur, mon neveu, dit notre hôte, qui cherchait à s’en débarrasser ; mais te charges-tu de payer toute cette bonne liqueur ?
    Pareille question a fait reculer plus d’un joyeux, buveur ; mais elle ne changea point les dispositions de Lambourne.
    – Doutez-vous de mes moyens pécuniaires, mon cher oncle ? dit-il en montrant sa main pleine de pièces d’or et d’argent. Doutez du Mexique et du Pérou ! doutez de l’échiquier de la reine ! Dieu protège Sa Majesté ! elle est la bonne maîtresse de mon bon seigneur.
    – Fort bien, mon neveu, dit l’aubergiste ; mon métier est de vendre du vin à ceux qui peuvent le payer. Ainsi, John, fais ton office. Mais je voudrais bien savoir gagner de l’argent aussi aisément que toi, Michel.
    – Mon oncle, dit Lambourne, je vais te dire un secret. – Vois-tu ce petit vieillard, aussi sec et ridé que les copeaux dont le diable se sert pour faire chauffer sa soupe ? Eh bien, mon oncle, entre vous et moi, il a le Potose dans la tête. Mort et sang ! il lui faut moins de temps pour monnayer des ducats qu’à moi pour lâcher un juron.
    – Je ne veux point de sa monnaie dans ma bourse, Michel, dit l’aubergiste ; je sais à quoi doivent s’attendre ceux qui contrefont celle de la reine.
    – Tu es un âne, mon oncle, malgré ton âge. Ne me tire pas par mon habit, docteur ; tu es aussi un âne. Ainsi, étant tous les deux des ânes… Je vous dis que je n’ai parlé ainsi que par métaphore.
    – Êtes-vous fou ? dit le vieillard ; avez-vous le diable au corps ? ne

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