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Kenilworth

Kenilworth

Titel: Kenilworth Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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défaite du cerf, et que les chasseurs appellent une mort. Elle s’imagina qu’elle courait à une fenêtre qui donnait sur la cour, où était réunie une foule nombreuse en habits de deuil. Le vieux curé récitait la prière des funérailles ; Mumblazen, revêtu d’un costume antique, comme les hérauts d’autrefois, portait un écusson avec les emblèmes d’usage, des ossemens en croix, des têtes de mort et des sabliers autour d’une armoirie que surmontait la couronne des comtes. Le vieillard regardait Amy avec un sourire affreux, et lui disait : – Amy, ces armoiries ne sont-elles pas bien blasonnées ? – À ces mots les cors recommencèrent à sonner l’air triste de la mort du cerf, et elle s’éveilla.
    Elle entendit réellement les sons d’un cor, ou plutôt de plusieurs cors réunis qui faisaient retentir le château, non de l’air de mort, mais de la joyeuse réveillée, pour avertir les hôtes de Kenilworth que les amusemens de ce jour commenceraient par une chasse au cerf dans le parc voisin.
    – Il ne pense pas à moi, se dit-elle, il ne viendra pas ; une reine honore son château de sa présence, et peu lui importe qu’une infortunée languisse dans un obscur réduit, où le doute cruel va la livrer au désespoir !
    Tout-à-coup un bruit qu’elle crut ouïr à sa porte, comme si quelqu’un cherchait à l’ouvrir doucement, lui fit éprouver un délicieux mélange de crainte et de joie ; elle s’empressa de retirer elle-même le meuble qu’elle avait placé en travers ; mais avant de l’ouvrir elle eut cependant la précaution de demander : – Est-ce vous, mon amour ?
    – Oui, ma comtesse, murmura une voix basse. Amy ouvrit la porte, et, s’écriant : – Leicester ! elle jeta ses bras autour du cou de l’étranger qui restait sur le seuil, enveloppé de son manteau.
    – Ce n’est pas tout-à-fait Leicester, répondit Michel Lambourne, car c’était lui-même ; non pas tout-à-fait, ma jolie et tendre duchesse, mais c’est un homme qui le vaut bien.
    Aussitôt, avec une force dont elle ne se serait jamais crue capable, Amy repoussa ce téméraire effronté, et, s’arrachant de ses bras, elle recula jusqu’au milieu de la chambre, où le désespoir lui donna le courage de s’arrêter.
    – Lambourne la suivit, et laissa tomber le manteau qui lui couvrait le visage. Alors Amy reconnut le valet de Varney, l’homme du monde, après son détestable maître, par qui elle craignait le plus d’être découverte. Mais comme elle portait encore son habit de voyage, et que Lambourne avait à peine été admis une fois en sa présence à Cumnor, elle espéra que sa figure ne lui serait pas aussi bien connue que celle de ce coquin l’était à elle-même, Jeannette le lui ayant souvent montré dans la cour en lui racontant des traits de sa scélératesse.
    Elle aurait eu plus de confiance encore dans son déguisement, si elle s’était aperçue d’abord que Lambourne était complètement ivre ; mais cette découverte ne l’aurait guère rassurée sur le risque qu’elle courait avec un tel personnage, à une pareille heure, et dans un tel lieu.
    Lambourne ferma la porte en entrant, et croisant les bras comme pour imiter par dérision l’attitude qu’Amy avait prise, il continua en ces termes :
    – Écoute-moi, belle Callipolis, aimable comtesse des torchons, divine duchesse des coins obscurs : si tu prends la peine de te trousser toi-même, comme une poule rôtie, pour me donner plus de plaisir à te découper, épargne-toi ce souci… Je préfère ta première manière… Oui, je la préfère… ; elle était plus franche (il fit un pas en avant, et chancela) ; je la préfère…, et je n’aime pas plus l’autre que… que… ce maudit plancher, dont les inégalités mettent un homme dans le danger de se rompre le cou, s’il ne marche avec autant de précaution qu’un danseur sur la corde tendue.
    – Arrête, dit la comtesse ; ne m’approche pas si tu tiens à la vie !
    – Des menaces ! reprit Lambourne ; comment donc, la belle ! pouvez-vous trouver un meilleur compagnon que le brave Michel Lambourne ? J’ai été en Amérique, la fille ; l’or y pousse tout seul, et j’en ai rapporté un si gros lingot…
    – Mon bon ami, dit la comtesse effrayée du ton d’assurance de ce scélérat ; mon bon ami, je t’en prie, sors et laisse-moi.
    – C’est ce que je ferai, ma petite, lorsque nous serons las l’un de l’autre… ;

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