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Kenilworth

Kenilworth

Titel: Kenilworth Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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nouveau s’élancer sur lui.
    – Allons, ne recommencez pas, dit le médiateur, ou j’appellerai celui qui vous mettra tous deux à la raison. Je parle de M. Varney, de sir Richard ; je viens justement de le voir traverser la cour.
    – Dis-tu vrai ? demanda Lambourne en jurant, et il prit le bassin et l’aiguière qui étaient dans la chambre. Allons, ajouta-t-il, maudit élément, fais ton office. Je croyais pour toujours m’être débarrassé de toi en passant toute la nuit dernière à remplir le rôle d’Orion, flottant comme un bouchon de liège sur une barrique d’ale.
    Il se mit à nettoyer son visage et ses mains et répara le désordre de son habillement.
    – Que lui as-tu donc fait ? dit l’officier en prenant à part le geôlier ; son visage est tout enflé.
    – Ce n’est que l’empreinte de la clef de mon cabinet, et c’est encore trop d’honneur pour le visage de ce gibier de potence. Personne n’insultera mes prisonniers ; ce sont mes bijoux, à moi, et je dois les enfermer dans une cassette sûre. Ainsi donc, madame, cessez de crier… Oh ! oh ! mais il y avait une femme ici.
    – Je crois que vous êtes fous tous deux ce matin, dit l’officier ; je n’ai point vu de femme, pas même d’homme, à parler juste, mais seulement deux animaux qui se roulaient sur ce plancher.
    – Je suis perdu, s’écria Lawrence, la prison est forcée, voilà tout, la prison de Kenilworth est forcée, et c’était la plus forte depuis ce comté jusqu’au pays de Galles. Une maison dans laquelle des chevaliers, des comtes et des rois ont dormi aussi bien gardés que dans la Tour de Londres ! Elle est forcée, les prisonniers ont pris la fuite, et le geôlier court risque d’être pendu.
    En parlant ainsi, il se retira dans sa loge pour continuer ses lamentations, ou pour retrouver sa raison dans le sommeil.
    Lambourne et l’officier le suivirent de près, et bien leur en prit ; car le geôlier, par habitude, allait fermer le guichet sur eux ; et, s’ils n’avaient été à portée de s’y opposer, ils se trouvaient pris dans la chambre d’où la comtesse venait de s’échapper.
    Comme nous l’avons dit, la malheureuse Amy s’était réfugiée dans la Plaisance . Elle avait aperçu cette partie des jardins de sa fenêtre, et elle pensa, en recouvrant sa liberté, qu’au milieu des bosquets, des berceaux, des fontaines, des statues et des grottes dont ce lieu était orné, elle pourrait trouver quelque refuge où elle se tiendrait cachée jusqu’à ce qu’il s’offrît à elle un protecteur qui voulût s’intéresser à sa triste situation sur ce qu’elle oserait lui en apprendre, et lui procurer les moyens de parler à Leicester.
    – Si je pouvais voir mon guide, pensait-elle, je saurais s’il a remis ma lettre ; si même je pouvais rencontrer Tressilian, il vaudrait mieux m’exposer à la colère de Dudley en avouant ma situation à un homme rempli d’honneur, que de courir le risque d’être encore outragée par les insolens valets de ce fatal château. Je ne veux plus me hasarder dans une chambre fermée. J’attendrai… ; j’aurai l’œil aux aguets… ; parmi tant de personnes, il s’en trouvera quelqu’une bonne, compatissante, et sensible aux douleurs que je ressens.
    En effet, Amy voyait passer devant ses yeux plusieurs groupes qui traversaient la Plaisance  ; mais tous ces groupes étaient composés de quatre ou cinq personnes, et la comtesse les voyait rire et folâtrer dans tout le ravissement du plaisir.
    La retraite qu’elle avait choisie lui offrait la facilité de se dérober aux regards : il ne s’agissait pour cela que de se retirer dans une grotte terminée par une fontaine, avec des bancs de mousse et d’autres décorations champêtres. Amy pouvait aisément s’y tenir cachée ou se découvrir au rêveur qui voudrait se reposer dans cet asile. Elle se regarda dans l’eau limpide du bassin que la fontaine silencieuse lui offrait comme un miroir ; elle fut choquée de sa propre image, et craignit, changée et déguisée comme elle l’était, qu’une femme (car c’était surtout d’une personne de son sexe qu’elle attendait de l’intérêt) ; elle craignit, dis-je, qu’une femme ne refusât d’écouter un être qui lui paraîtrait suspect.
    Raisonnant ainsi elle-même comme une femme pour qui l’extérieur n’est jamais sans quelque importance, et comme une beauté ayant quelque confiance dans ses charmes, elle se

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