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Kenilworth

Kenilworth

Titel: Kenilworth Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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au dernier jugement, elle lui demanda : – Connaissez-vous cette femme ? De même qu’à ce signal terrible le coupable suppliera les montagnes de se renverser sur sa tête, les pensées secrètes de Leicester conjuraient le superbe portique qu’il avait bâti dans son orgueil de s’écrouler et de l’ensevelir sous ses ruines. Mais la pierre fut sourde à ses vœux, et ce fut le fondateur lui-même qui, comme frappé par une puissance secrète, se précipita aux genoux d’Élisabeth, et prosterna son front sur le pavé de marbre que la reine foulait aux pieds.
    – Leicester, dit Élisabeth d’une voix tremblante de colère, aurais-je pu penser que tu me trompais… moi, ta souveraine,… moi ton amie,… trop confiante en tes paroles ? Ta confusion me dévoile ta bassesse et ton ingratitude. Tremble, homme faux et perfide ; je te déclare, par tout ce qu’il y a de plus saint, que ta tête est plus en péril que ne le fut jamais celle de ton père.
    Leicester manquait de cette force que donne l’innocence ; mais sa fierté soutint son courage. Il releva son front, où se peignaient mille émotions contraires, et répondit à la reine :
    – Ma tête ne peut tomber que par le jugement de mes pairs… C’est devant eux que je me défendrai, et non devant une princesse qui récompense ainsi mes fidèles services.
    – Quoi ! milords ! s’écria Élisabeth en jetant un regard autour d’elle, on ose braver ma puissance !… On m’outrage dans ce même château que j’ai donné à cet orgueilleux !… Lord Shrewsbury, vous êtes maréchal d’Angleterre, arrêtez-le comme coupable de haute trahison.
    – De qui parle Votre Majesté ? demanda avec surprise Shrewsbury, qui ne faisait que d’arriver.
    – De qui je parle ! et de qui parlerais-je, si ce n’est de ce traître de Dudley, comte de Leicester ? Cousin Hunsdon, allez rassembler nos gentilshommes pensionnaires, et qu’on le saisisse sans délai !… Allez, je veux être obéie.
    Hunsdon, vieillard brusque, et qui devait à son alliance avec la maison de Boleyn le privilège de parler librement à la reine, répondit avec une franchise hardie : – Oui, madame, et demain Votre Majesté m’enverra à la Tour de Londres pour m’être trop pressé ! Je vous conjure d’avoir un peu de patience.
    – De la patience ! De par la vie de Dieu ! s’écria la reine, qu’on ne répète pas ce mot devant moi !… Vous ignorer le crime dont il est coupable !
    Amy, qui pendant ce temps avait un peu repris ses sens, et qui vit son époux exposé à la fureur d’une reine offensée, oubliant aussitôt (combien de femmes en ont fait autant !) et ses injures et ses propres périls, se jeta, saisie de terreur, aux pieds de la reine, et embrassa ses genoux en s’écriant : Il est innocent… Madame, il est innocent ! Personne ne peut rien imputer au noble Leicester.
    – Eh quoi ! répondit la reine, ne m’avez-vous pas dit que le comte de Leicester connaissait toute votre histoire ?
    – Moi, madame, l’ai-je dit ? répondit la malheureuse Amy, oubliant toute considération de convenance ou d’intérêt : oh ! si je l’ai dit, j’ai calomnié ce noble seigneur. Grand Dieu ! soyez mon juge, et voyez si j’ai jamais cru que Leicester ait eu part, même de pensée, à rien de ce qui pourrait me nuire.
    – Femme, dit Élisabeth, je saurai les motifs qui t’ont fait agir, ou ma colère… La colère des rois est un feu dévorant… Elle te desséchera, et te consumera comme la ronce dans une fournaise.
    Au moment où la reine proféra cette menace, le cœur généreux de Leicester s’indigna ; il vit à quel degré d’avilissement il se condamnait pour jamais, si, défendu par le dévouement héroïque de la comtesse, il l’abandonnait au ressentiment de la reine. Déjà il relevait la tête avec toute la dignité d’un homme d’honneur ; il allait avouer son mariage, et se proclamer hautement le protecteur d’Amy, lorsque Varney, qui était comme destiné à être le mauvais génie de son maître, se précipita vers la reine avec l’air hagard et ses habits en désordre.
    – Que veut cet homme ? demanda Élisabeth.
    Varney, comme accablé de honte et de douleur, tomba à ses pieds en s’écriant : – Pardon, ma souveraine, pardon !… Ou du moins que le bras de votre justice s’appesantisse sur moi, c’est moi qui suis coupable ; mais épargnez mon noble, mon généreux maître ; il est

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