Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Kenilworth

Kenilworth

Titel: Kenilworth Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
Vom Netzwerk:
n’avoir pas été plus sage que le plus sage des hommes ? Qu’elle soit pour vous comme si elle n’avait jamais existé ; que son souvenir s’efface de votre mémoire comme indigne de l’avoir jamais occupée. Que le hardi projet que vous avez conçu ce matin, et que j’aurai assez de courage et de zèle pour exécuter, soit comme l’ordre dicté par un être supérieur, et l’acte d’une justice impassible ; elle a mérité la mort… qu’elle meure !
    Tandis qu’il parlait ainsi, la main du comte pressait fortement la sienne ; serrant ses lèvres l’une contre l’autre et fronçant le sourcil, il semblait vouloir emprunter de Varney quelque chose de cette fermeté froide, insensible et barbare, qu’il lui recommandait. Quand Varney se tut, le comte serrait encore sa main. Enfin, avec une tranquillité affectée, il parvint à prononcer ces paroles : – J’y consens, qu’elle meure ! mais qu’il me soit permis de verser une larme.
    – Non, milord, répondit vivement Varney, qui lut dans l’œil déjà humide de son maître qu’il allait laisser éclater son émotion. Non, milord ! point de larmes ; elles ne sont pas de saison. Il faut penser à Tressilian.
    – Ce nom seul, dit le comte, suffirait pour changer des larmes en sang. Varney, j’y ai pensé, je l’ai résolu, et rien ne pourra m’en détourner. Tressilian sera ma victime.
    – C’est une folie, milord ; mais vous êtes trop puissant pour que je cherche à arrêter le bras de votre vengeance. Choisissez seulement le temps et l’occasion, et ne hasardez rien avant de les avoir trouvés.
    – Je ferai ce que tu voudras, dit Leicester, mais seulement ne t’oppose point à ce projet.
    – Eh bien, milord, dit Varney, commencez par quitter cet air sombre et égaré qui attire sur vous les yeux de toute la cour, et que la reine, sans l’excès d’indulgence qu’elle vous a témoigné aujourd’hui, ne vous eût jamais pardonné.
    – Ai-je donc montré tant de négligence ? dit Leicester qui semblait sortir d’un songe ; je croyais avoir composé mon maintien ; mais ne crains rien, mon esprit est tranquille maintenant ; je suis calme : mon horoscope sera accompli ; et, pour seconder le destin, je vais user de toutes les facultés de mon âme. Ne crains plus rien pour moi, te dis-je. Je retourne auprès de la reine. Tes regards et tes discours ne seront pas plus impénétrables que les miens. N’as-tu rien à me dire de plus ?
    – Je vous demanderai la bague qui vous sert de sceau, dit Varney, pour prouver à ceux de vos serviteurs dont les secours me seront nécessaires que je suis autorisé par vous à les employer.
    Leicester prit son anneau, et le remit à Varney d’un air sombre et hagard ; il ajouta seulement à demi-voix, mais avec une expression terrible : – Quelque chose que tu fasses, agis promptement.
    Cependant l’absence prolongée du comte commençait à faire naître l’inquiétude et l’étonnement dans le cercle où se trouvait la reine, et ses amis éprouvèrent une vive satisfaction lorsqu’ils le virent entrer comme un homme qui, selon toutes les apparences, avait su triompher de tous ses soucis.
    Leicester fut fidèle ce jour-là à la promesse qu’il avait faite à Varney, qui dès lors se vit délivré de la contrainte où il s’était trouvé de jouer un rôle si éloigné de son caractère. Il reprit peu à peu ses habitudes graves et cet esprit satirique et observateur qui lui était naturel.
    Leicester se conduisit auprès d’Élisabeth en homme qui connaissait parfaitement la force d’âme de sa souveraine et sa faiblesse sur deux ou trois points ; il était trop adroit pour changer subitement le rôle qu’il jouait avant de se retirer avec Varney ; mais en s’approchant d’elle, il parut affecté d’une mélancolie dans laquelle se distinguait une teinte de tendresse, et qui, dans la conversation qu’il eut avec Élisabeth, et à mesure qu’elle lui prodiguait les marques de sa faveur, se changea en une galanterie passionnée, la plus assidue, la plus délicate, la plus insinuante, et en même temps la plus respectueuse que jamais sujet ait adressée à une reine. Élisabeth l’écoutait avec une sorte d’enchantement ; la jalousie du pouvoir semblait s’endormir chez elle ; la résolution qu’elle avait formée d’éviter tout lien domestique, pour se livrer uniquement aux soins de son royaume, commençait à s’ébranler, et l’étoile de Dudley

Weitere Kostenlose Bücher