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Kenilworth

Kenilworth

Titel: Kenilworth Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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m’ont surpris lorsque je les ai entendues ; quoique d’autres objets occupent ma pensée, elles me reviennent maintenant avec plus de force. C’est son écrin ! ouvre-le, Varney. Forces-en la charnière avec ton poignard.
    – Un jour elle refusa de s’en servir pour couper le lien qui fermait une lettre, pensa Varney en tirant son arme du fourreau ; ce fer va maintenant jouer un plus grand rôle dans ses destinées.
    Tout en faisant ces réflexions, il se servit de son poignard à lame triangulaire comme d’un levier, et força la charnière d’argent de la cassette. Le comte ne la vit pas plus tôt ouverte, qu’il la prit des mains de Varney, en arracha le couvercle, et en tirant les bijoux qu’elle renfermait, il les jeta sur le plancher dans un transport de rage, et ses yeux cherchaient avec avidité quelque lettre ou quelque billet qui lui prouvât plus évidemment encore les crimes imaginaires de la comtesse. Puis, foulant aux pieds les joyaux répandus autour de lui, il s’écria : – C’est ainsi que j’anéantis les misérables bijoux pour lesquels tu as vendu ton corps et ton âme, pour lesquels tu t’es vouée à une mort prématurée, en me condamnant à un désespoir et à des remords éternels. Ne me parle plus de pardon, Varney : son arrêt est prononcé. En répétant ces mots, il sortit précipitamment de la chambre, et s’élança dans un cabinet voisin dont il ferma la porte au verrou.
    Varney le suivit de l’œil, et un sentiment de compassion sembla combattre dans sa physionomie avec le sourire moqueur qui lui était habituel. – Je plains sa faiblesse, dit-il, l’amour en a fait un enfant. Il jette, il écrase ces pierreries. Avec le même emportement il brisera le bijou, plus fragile encore, qu’il avait jusqu’ici aimé si passionnément. Mais sa fureur cessera quand l’objet qui la cause n’existera plus ; il ne sait pas apprécier les choses à leur véritable valeur ; c’est un don que la nature a réservé à Varney. Quand Leicester sera roi, il pensera aussi peu aux orages des passions malgré lesquels il est parvenu au trône, que le matelot arrivé au port songe aux périls passés du voyage ; mais il ne faut pas que ces objets restent là pour attester sa colère ; ce sont de trop riches profits pour les coquins qui font sa chambre.
    Tandis que Varney s’occupait à les ramasser pour les mettre dans le tiroir secret d’une armoire, il vit la porte du cabinet de Leicester entr’ouverte : le rideau était écarté ; Leicester avança la tête : mais tel était l’abattement de ses yeux et la pâleur de ses lèvres et de ses joues, que Varney tressaillit en voyant cette altération des traits de son maître. À peine son œil eut-il rencontré l’œil de Leicester qu’il baissa la tête et referma la porte du cabinet. Le comte se montra deux fois de la même manière sans prononcer une seule parole, et Varney commençait à croire que son cerveau était affecté. La troisième fois cependant Leicester fit un signe, et Varney s’approcha. En entrant, il vit que le trouble de son maître n’était pas causé par le délire, mais par le projet barbare qu’il méditait, et par la lutte de ses passions. Ils passèrent une heure entière à conférer ensemble ; après quoi le comte de Leicester s’habilla à la hâte, et se rendit auprès de la reine.

CHAPITRE XXXVII.
     
    « La fête allait au mieux,
    « Mais vous avez porté le désordre en ces lieux. »
    SHAKSPEARE, Macbeth .
     
    Pendant le repas et les fêtes de ce jour mémorable, les manières de Leicester et de Varney furent bien différentes de leur conduite habituelle, et l’on se le rappela dans la suite. Jusqu’alors sir Richard Varney s’était montré plutôt comme un homme actif et intelligent que comme un ami des plaisirs. Les affaires semblaient être son élément. Au milieu des fêtes et des réjouissances qu’il savait fort bien diriger, son rôle était celui de simple spectateur, ou, s’il exerçait son esprit, c’était d’une manière caustique et sévère, plutôt pour se moquer des convives que pour partager leurs amusemens.
    Mais ce jour-là son caractère parut entièrement changé. Il se mêlait aux jeunes seigneurs et aux dames de la cour ; il semblait animé d’une gaieté sémillante et frivole, qui surpassait celle des courtisans les plus enjoués. Ceux qui l’avaient toujours regardé comme un homme occupé des projets plus graves de l’ambition, et

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