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Kenilworth

Kenilworth

Titel: Kenilworth Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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reproches de son cœur sur son odieuse duplicité, il eut encore assez de force pour dire à l’oreille d’Élisabeth que l’amour de Leicester était plus soumis qu’elle ne le croyait, puisqu’il s’adressait à quelqu’un à qui il ne commanderait jamais, mais obéirait toujours.
    La reine rougit, lui imposa silence, mais ses yeux disaient au contraire qu’elle espérait n’être point obéie.
    En ce moment le son des trompettes et le roulement des tambours qui se fit entendre du haut d’un balcon annonça l’arrivée des masques, et délivra Leicester de l’horrible état de contrainte et de dissimulation dans lequel sa politique tortueuse l’avait placé.
    Les masques qui entrèrent étaient divisés en quatre bandes séparées, composées de six personnages principaux, et de six porte-flambeaux qui se suivaient à quelque distance. Elles représentaient les différentes nations qui avaient successivement occupé l’Angleterre.
    Les Bretons aborigènes, qui entrèrent les premiers, étaient conduits par deux druides, dont les cheveux blancs étaient couronnés de chêne, et qui portaient dans leur main une branche de gui. Les masques qui suivaient ces deux prêtres vénérables étaient accompagnés de deux bardes habillés de blanc, avec leurs harpes, qu’ils pinçaient par intervalle, en chantant des hymnes en l’honneur de Bélus ou du soleil. Ceux qui représentaient les Bretons avaient été choisis parmi les plus grands et les plus robustes gentilshommes de la cour. Leurs masques étaient ornés d’une longue barbe et d’une longue chevelure ; leurs vêtemens étaient de peaux d’ours et de renards ; toute la partie supérieure de leurs corps était couverte d’une étoffe de soie couleur de chair, sur laquelle on voyait des figures grotesques d’astres, d’animaux et autres objets emblématiques, ce qui leur donnait une parfaite ressemblance avec nos ancêtres dont les Romains attaquèrent les premiers l’indépendance.
    Les fils de Rome, qui vinrent pour civiliser autant que pour conquérir, suivaient le groupe des Bretons. Le costumier de la fête avait parfaitement imité les grands casques, l’habit militaire de ce peuple illustre, leur bouclier épais et étroit, et cette épée courte et à deux tranchans qui leur servit à conquérir le monde ; l’aigle romaine marchait devant eux. Les deux porte-étendards chantaient un hymne consacré au dieu Mars ; les guerriers venaient après eux, marchant d’un pas grave et assuré, comme des hommes qui aspirent à la conquête de l’univers.
    La troisième troupe représentait les Saxons, couverts de peaux d’ours qu’ils avaient apportées des forêts de la Germanie. Leur bras était armé de la redoutable hache d’armes qui fit tant de carnage parmi les premiers Bretons ; ils étaient précédés par deux scaldes chantant les louanges d’Odin.
    Enfin venaient les chevaliers normands, revêtus de leur cotte de mailles et de leur casque d’acier, avec tout l’appareil de la chevalerie. Deux ménestrels, qui chantaient la guerre et les dames, précédaient ce groupe brillant.
    Ces masques entrèrent dans la salle avec le plus grand ordre. Ils s’arrêtèrent quelque temps près de la porte, pour que les spectateurs pussent les voir mieux à leur aise, puis ils firent le tour de la salle pour déployer leurs rangs, et, ayant placé les porte-flambeaux derrière eux, ils se rangèrent des deux côtés, de manière que les Romains se trouvèrent vis-à-vis des Bretons et les Saxons en face des Normands. Ils parurent alors se regarder d’un œil étonné ; à l’étonnement succéda la colère, exprimée par des gestes menaçans ; puis, à un signal donné par une musique militaire placée sur la galerie, ces ennemis tirèrent leurs épées, et marchant les uns contre les autres à pas mesurés, et exécutant une espèce de danse pyrrhique, ils frappèrent de leur fer l’armure de leur adversaire, en passant l’un près de l’autre. C’était un spectacle bizarre de voir ces différentes troupes marcher toujours en mesure, malgré leurs manœuvres en apparence irrégulières, se mêler, se séparer et reprendre leurs places, suivant les différens tons de la musique.
    Ces danses symboliques représentaient les divers combats qui eurent lieu entre les différens peuples par lesquels la Grande-Bretagne fut jadis occupée.
    Enfin, après plusieurs évolutions qui divertirent beaucoup les spectateurs, le son d’une

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