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Kenilworth

Kenilworth

Titel: Kenilworth Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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cervelle, lui a donné la faculté de s’amuser aux dépens des autres hommes, en compensation du rire qu’excite la laideur de ses traits.
    – Cela peut être, dit Tressilian. Ceux qui se trouvent en quelque sorte séparés de la société par la bizarrerie de leur extérieur, s’ils ne haïssent pas le reste du genre humain, sont du moins enclins à se divertir des travers et même des malheurs d’autrui.
    – Mais Flibbertigibbet, répondit Wayland, a des qualités qui doivent lui faire pardonner sa malice. S’il aime à jouer quelques tours à ceux qui lui sont étrangers, il est d’une fidélité à toute épreuve pour ceux à qui il est attaché ; et, comme je vous l’ai dit, j’ai de bonnes raisons pour parler ainsi.
    Tressilian ne poussa pas plus loin cette conversation, et ils continuèrent leur route sans accident et sans aventures jusqu’à Marlborough, ville devenue célèbre depuis ce temps pour avoir donné son nom au plus grand général, un seul excepté {57} , que l’Angleterre ait jamais produit. Là nos deux voyageurs reconnurent en même temps la vérité de deux vieux proverbes, l’un que les mauvaises nouvelles ont des ailes, l’autre que ceux qui écoutent aux portes entendent rarement dire du bien d’eux.
    La cour de l’auberge où ils descendirent était dans une sorte de confusion. À peine purent-ils y trouver quelqu’un pour prendre soin de leurs chevaux, tant chacun était occupé d’une nouvelle qu’on y débitait, et qui volait de bouche en bouche. Ils furent quelque temps sans pouvoir découvrir de quoi il s’agissait : enfin ils trouvèrent qu’il était question d’une chose qui les concernait de très près.
    – On y va, messieurs, on y va, répondit enfin un garçon d’écurie aux cris répétés de Tressilian. En vérité, c’est tout au plus si j’ai la tête à moi. Il vient de passer par ici tout à l’heure un voyageur qui dit que le diable a enlevé, ce matin même, avec un bruit épouvantable, et dans un immense tourbillon de feu et de fumée, celui qu’on nommait Wayland-Smith ; il demeurait à quelques milles de la vallée de White-Horse. On ajoute que Belzébuth a renversé la colline sur laquelle on voyait un cercle de grosses pierres, et sous laquelle il paraît qu’était l’habitation de ce Wayland.
    – Eh bien ! j’en suis fâché, dit un vieux fermier, car ce Wayland, n’importe qu’il fût l’associé du diable ou non, avait d’excellens remèdes pour les maladies des chevaux ; et malheur à ceux qui auront le farcin, si Satan ne lui a pas donné le temps de laisser son secret à quelqu’un.
    – Vous pouvez bien le dire, Gaffer Grimesby, dit le garçon d’écurie. Je lui ai conduit un cheval moi-même, et il n’y avait pas dans tout le pays un maréchal aussi savant que lui.
    – L’avez-vous vu, Jack ? lui demanda Alison La Grue, maîtresse de l’auberge, qui portait une grue pour enseigne, et daignant honorer du titre d’époux le propriétaire de la maison, personnage insignifiant, dont la taille de travers, la démarche boiteuse, le long cou et le visage niais ont donné lieu, assure-t-on, à l’air fameux de
    Madame a pour époux
    Une vieille grue, etc.
    Il se hasarda pourtant en cette question à répéter la question de sa femme. – Avez-vous vu le diable, Jack !
    – Et quand je l’aurais vu ? répondit-il ; car l’exemple de leur maîtresse n’inspirait pas aux domestiques beaucoup de respect pour leur maître.
    – C’est que si vous l’aviez vu, répondit le pacifique La Grue, on serait bien aise de savoir comment il est fait.
    – Vous le saurez de reste un jour, lui répondit sa douce moitié, si vous ne changez de vie pour vous occuper de vos affaires, au lieu de perdre le temps en vaines paroles. Mais voyons, Jack, je ne serais pas fâchée de savoir comment était fait ce Wayland.
    – C’est ce que je ne puis vous dire, mistress Alison, répondit Jack d’un air plus respectueux, car je ne l’ai jamais vu.
    – Mais si tu ne l’as pas vu, dit Gaffer Grimesby, comment as-tu pu lui dire quelle était la maladie de ton cheval ?
    – Je l’avais fait écrire par le maître d’école, répondit Jack, et j’eus pour guide le plus vilain brin d’enfant qu’on ait jamais vu.
    – Et quel remède a-t-il ordonné ? le cheval a-t-il guéri ? lui demanda-t-on de toutes parts.
    – Je ne saurais trop dire quel était le remède qu’il a laissé sur une grosse pierre. J’ai

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