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La 25ème Heure

La 25ème Heure

Titel: La 25ème Heure Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Virgil Gheorghiu
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draps et des couvertures pour en faire une corde.
    – Il ne faut pas avoir peur, dit-il. Tu n’auras rien à faire. Je t’attacherai et je te ferai descendre par la fenêtre. Une fois dans la cour, tu te faufileras le long du mur et tu m’attendras, au fond, près de l’arbre que je t’ai montré.
    Nora tenait la corde par un bout pendant que Traian la nouait. Elle la laissa tomber.
    – Je ne peux pas m’évader. Lorsque tu me feras descendre je penserai tout le temps qu’on peut me tirer dessus. Et rien qu’à cette idée, je m’évanouirai. Tu ne crois pas qu’ils peuvent tirer pendant que je descendrai ?
    – C’est possible, dit Traian. Mais nous devons essayer. Peut-être ne tireront-ils pas. En tout cas, en agissant ainsi, nous avons plus de chances d’être sauvés, qu’en nous tuant directement.
    – Et si nous demeurons chez les Russes ? demanda Nora. Peut-être que le diable n’est pas aussi noir qu’on le dit. Sous le régime communiste, il y a tout de même des hommes. Puisqu’ils arrivent à vivre, peut-être y arriverons-nous, nous aussi.
    – Tu as raison, dit Traian. Dans l’État communiste aussi il y a des hommes. Peut-être même, leur vie n’est elle pas plus difficile que celle des hommes de l’Occident.
    " Il n’y a pas de point de vue objectif d’après lequel on puisse juger. Il n’y a pas de vérité objective. Tout est subjectif.
    " Quant à moi, je n’accepterai jamais de vivre dans le Paradis soviétique. Mon entêtement peut paraître absurde. Mais de mon point de vue, il est justifié.
    " Et pour un être humain, il n’y a de choses justes, que de son point de vue personnel.
    " Personnellement, je ne veux pas tomber entre les mains des brutes motorisées de la Volga.
    " Je suis peut-être fou. A spirit with any honour is not willing to live except in its own way ; a spirit with any wisdom is not over-eager to live at all. Je ne tiens pas spécialement à la vie. Je peux y renoncer n’importe quand.
    " Mais si je n’y renonce pas, j’entends la vivre dans les conditions qui me paraissent les plus favorables. On aura beau me démontrer que ma manière de concevoir la vie n’est pas la bonne. J’accepte n’importe quel argument. Mais je n’accepte pas que d’autres que moi m’indiquent la manière dont je dois vivre – et qu’ils croient la meilleure et m’obligent à m’y conformer. Ma vie est à moi. Ma vie n’appartient ni au kolkhoze, ni à la communauté, ni au commissaire politique. Donc, j’ai le droit de la vivre de la manière que j’aurai choisie moi-même. Si j’en ai envie, je pourrai même imiter celle d’un commissaire. Mais il se trouve que je n’en ai pas envie. Si je le faisais, personne n’aurait le droit de m’accuser et de prétendre que j’agis en bien ou en mal.
    "Je dispose de ma vie à ma façon. Et je me refuse à vivre cette vie à la mode soviétique.
    " C’est pourquoi je me tue.
    Nora se mit à pleurer. Traian continuait à nouer la corde. Nora tenait fermement l’autre bout.
    – Regarde si les Américains ont quitté le poète d’observation de la cour, dit Traian.
    Nora sortit dans le couloir, alla à la porte de la prison et regarda les tours de garde pour voir si les sentinelles russes s’y trouvaient déjà.
    – Il faut aller regarder toutes les cinq minutes, dit Traian. Le moment le plus favorable pour nous évader sera celui où les sentinelles russes prendront la place des sentinelles américaines. Après ce sera trop tard.
    Ils continuèrent à nouer la corde. Ils y travaillèrent toute la matinée. Ils l’essayèrent pour voir si elle était assez longue et assez résistante.
    Et toutes les cinq minutes, l’un d’eux sortait pour regarder les tours de la prison et revenait en disant :
    – Toujours les Américains !
    Ils se réjouissaient tous les deux. Ils avaient l’illusion que du moment que les Américains étaient encore de garde dans les tours de leur prison – tout n’était pas encore perdu.
     
     
     
117
     
     
     
    À six heures du soir, on fît sortir Traian Koruga et Nora West de leur cellule et on les mit dans un camion américain avec d’autres détenus.
    Traian était pâle. Nora pleurait.
    – – Ils ont choisi un autre endroit pour nous livrer aux Russes, dit Traian. Notre camion se dirige vers l’Est.
    Les rues de la ville de Weimar étaient remplies de soldats et d’autos russes.
    – Tu veux que nous sautions du camion ? demanda Traian. Ils nous

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