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La 25ème Heure

La 25ème Heure

Titel: La 25ème Heure Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Virgil Gheorghiu
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entrèrent ensemble à l’infirmerie.
    Traian Koruga s’approcha de l’infirmerie et demeura devant la porte. Il attendait, curieux de savoir ce qui avait bien pu se passer. Moritz allait revenir et tout lui raconter. Mais Moritz tardait à venir.
    Au bout d’un moment, Traian Koruga entendit la voix de Iohann Moritz. Il avait mis la tête à la fenêtre du bureau de l’infirmerie. Ses yeux noirs brillaient comme de la braise.
    – L’officier américain est mon ami le docteur Abramovici ! dit Iohann Moritz. Je l’ai reconnu tout de suite. C’est avec lui que je me suis évadé de Roumanie. Maintenant je vais sûrement être mis en liberté !
    Iohann Moritz ferma la fenêtre. Son ami l’avait appelé pour lui parler.
     
     
     
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    Iohann Moritz n’avait parlé avec le docteur Abramovici dans le camp de Roumanie et en Hongrie qu’en yiddish. Et maintenant ils parlaient encore yiddish. Le lieutenant-docteur Abramovici se réjouissait vraiment d’avoir rencontré Iohann Moritz et il écoutait attentivement chacune de ses paroles.
    Moritz lui raconta tout ce qui lui était arrivé depuis leur séparation et jusqu’au jour présent. Le docteur Abramovici hochait la tête en signe de compassion, surtout lorsque Moritz lui raconta tout ce qu’il avait souffert dans les quinze camps où il avait été enfermé ces dernières années.
    – Je dois partir, dit le docteur Abramovici. Il regarda l’heure à sa montre-bracelet. Tu as besoin d’aide, mon cher Iankel. Je le sais. C’est tout à fait normal. Dis-moi tout ce qui t’est nécessaire et je vais t’aider. Je n’oublie pas que nous avons traversé ensemble des moments difficiles.
    Le docteur le frappa sur l’épaule.
    – À présent, je suis puissant, dit-il, et toi, tu passes par de mauvais moments. De quoi as-tu besoin : cigarettes, nourriture, vêtements ? Dis-moi ce que tu veux ?
    – Je veux m’en aller, dit Iohann Moritz. Je veux rentrer chez moi, retrouver ma femme et mes enfants.
    – Ne demande pas l’impossible, mon cher Iankel, dit le docteur contrarié. Demande-moi une chose qu’il soit en mon pouvoir de t’accorder. La mise en liberté ne peut se faire qu’automatiquement. Tu ne dois même pas y penser. Il faut seulement avoir de la patience.
    – Mais je suis innocent, dit Iohann Moritz. Pourquoi me tenir enfermé ?
    – La culpabilité et la mise en liberté n’ont rien à voir, dit le docteur.
    Il était devenu nerveux.
    – Quelqu’un a-t-il prétendu que tu étais coupable, toi, Iankel ? Ta mise en liberté est une question de patience.
    – J’ai assez attendu !
    – C’est là ton opinion, dit le docteur. Tu es demeuré très paysan, très fruste. Tu crois qu’un prisonnier peut-être relâché par n’importe quel officier simplement parce qu’il n’est pas coupable ? S’il en était ainsi, les camps se videraient du jour au lendemain. Chaque nazi pourrait trouver des preuves d’innocence. La mise en liberté ne s’effectue que sur l’ordre du Quartier général de Francfort. De là, les papiers sont envoyés à Washington et la décision est transmise à Wiesbaden. Une commission spéciale s’en charge à Esslingen et l’envoie à Berlin. L’ordre de mise en li berté est donné à Berlin et envoyé à Heidelberg. Au moment où l’ordre arrive à Heidelberg la fiche est retirée du fichier dans des centaines de bureaux. Et, c’est seulement alors, que tu peux être mis en liberté. Mais tout ce processus est très compliqué. C’est une machine qui travaille automatiquement – chaque prisonnier a sa fiche. Les Américains ont des fichiers énormes, aussi grands que la caserne d’en face. Au moment où l’ordre de mise en liberté a été envoyé à Heidelberg on retire automatiquement la fiche des fichiers de Washington, Stuttgart, Ludwigsburg, Munich, Kornwestheim, Paris, Berlin, Francfort.
    " Ton nom est enregistré dans tout l’univers, partout, au Bureau fédéral d’informations en Amérique, au Commandement suprême interallié à Paris, à la Commission de contrôle de Berlin, dans tous les camps, dans toutes les prisons, dans tous les bureaux de C. I. C., C. I. D., M. P., S. P., S. O. S. Partout enfin.
    " Tous tes mouvements, même le plus petit – le fait d’être transféré d’un camp à l’autre – provoque le changement de ta fiche dans tous ces fichiers. Est-ce que tu le savais ?
    Iohann Moritz voyait son nom écrit dans toutes les villes du monde,

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