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La Bataillon de la Croix-Rousse

Titel: La Bataillon de la Croix-Rousse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louis Noir
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! Et s’il recule, emportez-le   !
    Saint-Giles étonné, commençait à soupçonner la trahison, qui se confirma bientôt.
    À l’entrée des rues, les Auvergnats criaient aux gardes   :
    – Ne tirez pas   !
    Et des officiers royalistes faisaient livrer passage aux Auvergnats.
    Saint-Giles, le sabre levé, courut sur le capitaine Pierre.
    – Canaille   ! lui dit-il, tu m’as trahi   !
    Mais vingt hommes se jetèrent sur lui et le garrottèrent.
    Il était prisonnier.
    Pendant que ces faits se passaient du côté du Rhône, la colonne de la Saône était, elle aussi, arrêtée net par le canon.
    Cet insuccès, Lamartine en convient, fut complet et aboutit à une retraite.
    La colonne du quai de la Saône, dit-il, est également mitraillée au débouché sur la place des Terreaux. Elle se replie et vient prendre une position plus abritée sur la place des Carmes, en face de l’Hôtel de Ville, mais à demi couverte par une aile d’édifice.
    De là, cette colonne tire à boulets sur l’Hôtel de Ville.
    C’est ici que se place encore une dernière et suprême trahison des royalistes.
    Ils avaient pris Nioche, ils avaient pris Saint-Giles, ils avaient pris Sautemouche il leur fallait Gauthier, le second représentant.
    C’était le dernier chef influent, le dernier homme capable de commander.
    L’abbé Roubiès profita des deux insuccès qu’il venait d’essuyer pour donner de la confiance à Gauthier et l’attirer, lui aussi, dans un guet-apens. De la défaite, il faisait sortir la victoire.
    Voici le récit que fait. Louis Blanc de cet épisode décisif   :
    « Rien n’était décidé encore, dit-il, lorsque, des postes avancés des royalistes arrivent des propositions d’accommodement. Gauthier s’avance sur la place et s’abouche avec les parlementaires.
    « Malheureusement, on annonce aux assaillants qu’un renfort leur vient des campagnes circonvoisines. À cette nouvelle, un cri farouche retentit   ; les pourparlers sont rompus, des forcenés s’élancent sur Gauthier qu’ils veulent mettre en pièces, et que, par un reste de pudeur, les parlementaires protègent contre ce lâche comportement ».
    La défense fut décapitée par la prise de Gauthier.
    Un homme aurait dû prendre en main la direction des forces jacobines.
    C’était Châlier.
    Mais Châlier, par instants, était un petit esprit, une vanité blessée, un cœur plein de rancune.
    Au lieu d’être à sa place de bataille, il était allé à son poste de chaque jour.
    Furieux de n’avoir point de commandement, il boudait.
    Il ne voulut point obéir et se battre. Louis Blanc le constate dans un mot de blâme.
    Châlier est son héros de prédilection et il ne sait pas condamner ses fautes.
    Il semble le louer d’avoir failli à la lutte par lui engagée   ; il dit   :
    « Châlier, toujours très zélé dans l’accomplissement de ses devoirs, s’était rendu, à huit heures du matin, le 20 mai à son tribunal, qu’il n’avait quitté que vers le milieu de la journée et il était rentré chez lui, accompagné de la Pie, sa gouvernante, et de Louis Bemascon, son meilleur ami. »
    Ainsi Châlier ne prit point part à la lutte.
    Châlier laissa dévier le mouvement qu’il avait créé.
    Châlier, sachant les défenseurs de l’Hôtel-de-Ville sans chefs, Saint-Giles et les deux représentants prisonniers, n’alla point, lui libre de sa personne, leur donner un nouveau chef, une direction, un appui moral.
    Et cependant les officiers réguliers et irréguliers, les soldats et les Carmagnoles firent leur devoir jusqu’au moment où une lâcheté de Gauthier leur fit tomber les armes des mains.
    Oui, les Jacobins, mitraillés après la prise du représentant Gauthier, le dernier homme capable d’imprimer une direction à la défense, firent une belle résistance jusqu’à cinq heures du matin.
    Ils prolongèrent le combat plus longtemps qu’on aurait pu l’attendre d’hommes laissés à eux-mêmes.
    « Les défenseurs de la Commune, dit Louis Blanc, s’étant repliés, l’Hôtel-de-Ville, attaqué à coups de canon, ne pouvait tenir longtemps   : à cinq heures du matin, les assaillants y entrèrent. »
    Ainsi, du milieu du jour à l’aube nouvelle, les Jacobins se battirent.
    Ils auraient lassé les royalistes et triomphé s’ils avaient eu des chefs.
    Mais une défaillance de Gauthier leur fit tomber les armes des mains.
    « Le représentant Gauthier, dit Lamartine, se présente aux sectionnaires

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