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La Bataillon de la Croix-Rousse

Titel: La Bataillon de la Croix-Rousse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louis Noir
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bombardement retentit.
    Mais si, par dépit, Châlier n’avait pas voulu combattre, du moins ne voulait-il pas avoir l’air de craindre la mort.
    « Le bruit du canon s’étant fait entendre, dit Louis Blanc, on le pressait de se dérober au péril   : il refusa par conviction de son innocence et par dignité. À son ami inquiet, à sa gouvernante en pleurs, il disait   : « Ne pouvez-vous pas être aussi tranquilles que je le suis. »
    Il fut arrêté le lendemain et traîné en prison. Sur la route, ses ennemis le frappaient, lui crachaient au visage. Il y en avait qui, pour le punir d’avoir aimé le peuple, s’écriaient   :
    – Faisons-le massacrer par le peuple.
    On l’incarcéra ainsi que Sautemouche.
    C’étaient deux victimes vouées à la mort.
    La réaction se déchaîna aussitôt sur la ville, et les gardes nationaux firent partout des perquisitions suivies de nombreuses arrestations.
    Bientôt presque tous les Jacobins connus furent sous les verrous.
    Trois hommes cependant échappèrent aux patrouilles des royalistes après avoir réussi à ne point se laisser faire prisonniers, quand l’Hôtel-de-Ville se rendit.
    Ces trois hommes étaient trois Carmagnoles qui eussent été fusillés sur-le-champ par le parti vainqueur, si l’on avait mis la main sur eux.
    C’était Monte-à-Rebours, la Ficelle et le fameux Corbin, dit Pas-de-Quartier.

Le calvaire de sœur Adrienne
    Dans le monde entier et dans tous les temps, le clergé catholique a eu la même stratégie, la même tactique pour conquérir et conserver une ville.
    Il commence d’abord par s’emparer d’une situation importante et surtout dominante, si c’est possible.
    Dans le vieux Paris, la montagne Sainte-Geneviève.
    Dans Paris nouveau, la colline de Montmartre.
    À Marseille, Notre-Dame-de-la-garde.
    Le quartier de Fourvière abritait quatre mille prêtres réfractaires à la loi, qui formèrent le noyau de l’armée des révoltés.
    C’est l’abbé Roubiès qui l’avoua lui-même.
    Ainsi s’explique la reprise de possession immédiate mais momentanée, nous dirons pourquoi, de Fourvière par les prêtres une heure après que Madinier fut maître de l’Hôtel-de-Ville.
    À vrai dire, jamais le clergé, jamais le personnel laïque n’avait évacué le monument.
    Aussi, lorsque le bedeau Ravajot, accompagné de ses Auvergnats, apparut à Fourvière avec sœur Adrienne prisonnière, fut-il accueilli joyeusement par une bande famélique, avide de prouver, en torturant quelqu’un, que l’Église retrouvait son pouvoir.
    – Qui est celle-ci   ?
    – Une prisonnière.
    – Qu’a-t-elle fait   ?
    – C’est sœur Adrienne.
    – Ah   ! la coquine   !
    Et toutes voulaient la battre   : cent fois, elle faillit être assommée.
    Ravajot défendait mal sa prisonnière ou pour dire pire, ne la défendait pas du tout.
    Il avait eu si peur, si peur, qu’il en était devenu féroce.
    Il excitait lui-même la foule en criant   :
    – Oui, c’est cette coquine qui a dénoncé l’abbé Roubiès à Châlier   : c’est une scélérate qui a fui son couvent et qui a livré sa supérieure aux Jacobins.
    Et la multitude tourbillonnante, furieuse, hurlait des injures et des menaces.
    Le secours vint à sœur Adrienne du côté où elle ne l’attendait guère.
    M me  Adolphe avait commencé à crier comme les autres et à brutaliser même la jeune fille.
    Mais celle-ci s’était montrée si frêle, si résignée, elle avait tant pleuré, que M me  Adolphe s’était calmée d’abord, puis attendrie.
    De temps à autre, elle avait dit à sœur Adrienne   :
    – Voyons, il ne faut pas pleurer comme ça. Je n’aime pas qu’on pleure, moi.
    Ou bien encore   :
    – Et tu l’aimes, ton amoureux   ! Je comprends ça   ! Un beau garçon   ! Mais tu en auras un autre et ça te consolera.
    À un certain moment, elle soutint la prisonnière qui faiblissait.
    Le contact de ce corps amaigri qui vacillait éveilla les sentiments de pitié maternelle qui dormaient dans le cœur de l’Auvergnate.
    Elle murmura   :
    – Ce bedeau   ! Il excite le monde   ! Il l’excite trop   ! La baronne ne veut pas qu’on tape dessus sa rivale. Elle a dit seulement de lui faire peur   ; la petite a assez peur comme ça, n… de D…   !
    Et à sœur Adrienne   :
    – Ne crains rien, ma mignonne   ! On ne te touchera pas.
    Mais le bedeau pérorait toujours, les femmes et les séminaristes se montrèrent et firent une poussée

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