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La Bataillon de la Croix-Rousse

Titel: La Bataillon de la Croix-Rousse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louis Noir
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concours. »
    C’est le mot d’un soldat qui ne veut pas se rendre.
    Mais il valait mieux que le rôle qui lui fut imposé par le machiavélisme des Roubiès et des Martinville, par l’enchaînement irrésistible des faits, par les nécessités inéluctables de sa position.
    Toutefois, il eut cet honneur d’être entré à Lyon avec la cocarde révolutionnaire tricolore et d’en sortir avec elle, ne la reniant point, ce qui lui valut l’ingratitude et la défiance de la Restauration.
    De Précy tient à Lyon maintenant comme la moelle aux os.
    Le courage indomptable de cette ville fut si grand, quoique pour une mauvaise cause, que, malgré cette erreur qui mit la patrie en péril, il faut saluer j’héroïsme de ce peuple qui fait honneur à la nation.
    Or, ce fut Précy qui incarna pendant le siège mémorable l’âme même de Lyon.
    Aussi, Lamartine, l’historien inspiré, a-t-il buriné pour Lyon le portrait de ce grand général, portrait admirable que nous mettons au rang d’honneur dans cette galerie de la Révolution lyonnaise.
    Ce général, dit-il, dont le nom inconnu jusque-là était de nature à rassurer les royalistes sans porter trop d’ombrage aux républicains était le comte de Précy. M. de Précy, gentilhomme du Charolais, ancien colonel du régiment des Vosges, appartenait à cette partie de la noblesse militaire qui ne s’était point dénationalisée par l’émigration, qui conservait le patriotisme du citoyen uni à la fidélité du gentilhomme, monarchiste par honneur, patriote par l’esprit du siècle, Français par le sang. Il avait servi en Corse, en Allemagne et dans la garde constitutionnelle de Louis XVI   : il confondait dans un même culte la Constitution et le roi. Il avait combattu, au 10 août, avec les officiers dévoués qui voulaient couvrir le trône de leur corps. Il avait pleuré la mort de son roi, mais il n’avait point maudit sa patrie.
    Retiré dans sa terre de Semur en Brionnais, il y subissait en silence le sort de la noblesse persécutée. Les amis qu’il avait à Lyon le désignèrent à la commission républicaine comme le chef le plus propre à diriger et à modérer le mouvement mixte que Lyon osait tenter contre l’anarchie. Précy n’était point un chef de parti, c’était, avant tout, un homme de guerre. Néanmoins, la modération de son caractère, l’habitude de manier les soldats et cette habileté naturelle aux hommes de sa province, le rendaient capable de réunir en faisceau ces opinions confuses, de conserver leur confiance et de les conduire au but sans le leur découvrir d’avance.
    Précy avait cinquante-et-un ans. Mais son extérieur martial, sa physionomie ouverte, son œil bleu et serein, son sourire fin et ferme, le don naturel de commandement et de persuasion à la fois, son corps infatigable en faisaient un chef agréable à l’œil d’un peuple.
    Tel fut l’homme qui dort aujourd’hui sous le monument funèbre où le Lyon clérical se rend en pèlerinage.
    Le jour où ce monument, arraché aux moines, sera rendu à la cité, je propose, pour de Précy, cette épitaphe   :
    SON ERREUR EFFACE SA GLOIRE
    L’histoire romaine renferme un des plus beaux traits de l’antiquité.
    Rome, se sentant en péril, voulut se donner un dictateur armé de tous les pouvoirs et tenant en ses mains avec le droit de vie et de mort le salut de la patrie.
    La voix unanime du peuple désigna pour ces redoutables fonctions un vieux noble, un intrépide officier des légions, à cette heure vétéran.
    On lui envoya des députés qui le trouvèrent la main sur le soc de sa charrue, cultivant lui-même les sept arpents de terre qui formaient tout son bien.
    Cette scène d’une simplicité si grande, Tite-Live nous l’a racontée avec la majesté de son style.
    Que le lecteur lise la page suivante de Lamartine et qu’il compare le Cincinnatus de Lyon à celui de Rome, l’écrivain français à l’écrivain romain   :
    « Les députés de Lyon, dit Lamartine (histoire des Girondins) partirent pour proposer le commandement à M. de Précy. Ils le trouvèrent comme les Romains avaient jadis trouvé le dictateur dans son champ, la bêche à la main et cultivant ses légumes et ses fleurs. Un dialogue antique s’établit dans le champ même, à l’ombre d’une haie, entre le militaire et les citoyens. Précy déclara modestement qu’il se sentait au-dessous du rôle qu’on venait lui offrir   ; que la Révolution avait brisé son

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