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La Bataillon de la Croix-Rousse

Titel: La Bataillon de la Croix-Rousse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louis Noir
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    – Mauvaises partout   ! Partout la trahison et la défaite, général.
    Il tendit un pli, Kellermann l’ouvrit, le lut et frappant du pied, les mains crispées, il s’écria n’étant plus maître de sa rage   :
    – Ah ça, on se fout de moi, décidément au Comité   ! Comment   ? j’arrive ici le 8 au soir et l’on m’ordonne de bombarder le 10   ! Est-ce que l’on a idée de ça   ? Est ce que c’est possible   ?
    – Oui   ! dit une voix.
    Et le général s’aperçut avec stupéfaction qu’on avait ouvert sa porte, et celui qui avait dit   : « oui » entrait sans se faire annoncer.
    – Oui, répéta-t-il. C’est possible. Lyon sera bombardé le 10 août… sous peine de mort…
    Et il se croisa les bras devant Kellermann.
    Ce changement dans le ton et dans les manières d’un homme aussi réservé que Dubois-Crancé frappait Kellermann d’étonnement.
    – Mon cher général, lui dit le représentant, ce n’est plus l’envoyé de la Convention qui vous parle, c’est l’ingénieur, le camarade, le patriote soucieux des gloires de la France, et vous en êtes une   ! Je ne voulais pas que, pris au dépourvu par un ordre du Comité de Salut public d’avoir à bombarder Lyon, vous ne puissiez exécuter cet ordre si pressant, si important qu’au cas de non-exécution, il y allait de la tête.
    Et d’une voix de plus en plus affectueuse, il continua   :
    – J’ai donc avisé, depuis que le siège de Lyon m’a paru inévitable. Des instructions précises et pressantes ont été envoyées aux départements voisins pour que chaque canton fournit une compagnie de pionniers munis chacun d’un outil, d’un gabion ou d’un sac   : la garde nationale étant organisée partout et exercée depuis 1789, nos pionniers choisis dans les rangs ont un fusil, savent s’en servir et manœuvrent assez bien   : ils ont pour sergents des agents-voyers, des chefs de chantier, pour officiers des ingénieurs civils.
    Le défilé commençait et Kellermann murmura   :
    – Ils marchent   ! Ils marchent   ! C’est presque une vraie troupe.
    – Quant aux canons, je les ai demandés à Grenoble et à Besançon, avec les canonniers. En sorte que nous voilà prêts à bombarder Lyon, non pas dans la nuit du 10 au 11, mais dans celle du 8 au 9, ce qui nous fait gagner 18 heures sur les ordres du Comité de Salut public, ce qui vous lave, mon cher général, des soupçons qui planaient sur vous.
    Redevenant grave et d’une voix sévère   :
    – Entre nous, mon cher général, ces soupçons ne sont pas téméraires   ; ce que j’ai fait, vous auriez dû le faire. Vous, si prévoyant quand il s’agit des Piémontais, vous ne prenez aucune mesure lorsqu’il s’agit des Lyonnais   : il faut tout vous souffler et l’on est obligé de vous pousser.
    – Que diable voulez-vous faire avec cinq mille soldats que j’ai réellement sous la main   ?
    – Vous allez être soutenu par dix mille volontaires répartis en quatorze bataillons.
    – Peuh   ! fit Kellermann, des volontaires…
    – Est-ce donc à vous d’en faire fi, vous qui en avez commandé à Valmy   ?
    – Soit   ! On formerait ces volontaires sous le feu   ! mais l’ennemi a vingt-cinq mille hommes   ; avec les volontaires et ma troupe, cela ne me donne que quinze mille hommes.
    – Vous recevrez, d’ici à quelques jours, quarante mille gardes nationaux réquisitionnés et plus tard cinquante mille.
    – Des pères de famille. Est-ce avec cela que je donnerai l’assaut à la Croix-Rousse   ?
    – Oui, mais en appliquant le procédé employé par les Anglais aux Indes.
    – Quel procédé   ?
    – Les Anglais ont aux Indes une grosse armée de cent mille cipayes, qui ne vaut pas cher et qui n’est même pas à comparer à nos gardes nationaux   : mais ils ont à côté de cette mauvaise armée, vingt mille soldats européens. Ils mettent en tête d’une colonne de cinq régiments indigènes, un bataillon européen qui entraîne le reste – les Anglais comparent ces cotonnes à un coin de métal destiné à fendre le bois, coin de fer mais garni d’acier au tranchant. Vos gardes nationaux seront le fer, vos volontaires encore du fer, mais de meilleure qualité, vos soldats des Alpes seront l’acier.
    – Oui, peut-être en procédant ainsi ferons-nous quelque chose   ! dit Kellermann.
    – Eh oui, s’écria Dubois-Crancé, nous ferons quelque chose.
    En ce moment les canons

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