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La Bataillon de la Croix-Rousse

Titel: La Bataillon de la Croix-Rousse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louis Noir
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jeune fille, une bohémienne qui lui jeta une rose, car là se tenait le public.
    Une petite barrière à claire-voie avait été placée au bas de l’escalier en aval et à l’entrée de l’escalier obscur. Elle séparait le public curieux d’assister au passage des condamnés. Là, au milieu des larmes et des gémissements de parents, des amis se donnaient un dernier adieu.
    Saint-Giles, reconnaissant la bohémienne qui lui avait fait de si étranges prédictions un certain soir qu’il allait dîner aux Brotteaux, Saint-Giles, très ému, ramassa la rose.
    Puis il descendit dans la mauvaise cave, car il y avait deux caves, la bonne et la mauvaise.
    « Les caves de l’Hôtel de Ville, dit le baron Raverat, s’étendent dans le sous-sol, à quatre ou cinq mètres au-dessous des dalles du grand vestibule   ; elles occupent toute la largeur de la façade qui regarde la place des Terreaux, de la rue Lafont à la rue Puits-Gaillot.
    « La mauvaise cave était située à l’angle sud-ouest   ; on comprend assez le motif de cette sinistre dénomination. C’est là qu’on entassait les malheureux condamnés qui devaient être exécutés le jour même ou le lendemain, selon que le jugement avait été rendu dans la matinée ou dans la soirée.
    « Des lits de camp provisoires et un peu de paille que l’on ne changeait que très rarement, couvraient les dalles humbles et leur servaient de couche. Ils n’y faisaient d’ailleurs pas long séjour.
    « Le concierge de la mauvaise cave, nommé Guyard, était grossier, brutal, toujours ivre   : il avait constamment la menace à la bouche. Les geôliers, ses subordonnés, étaient aussi butors que lui. Comme les soupiraux de la cave s’ouvraient sur la place de Terreaux, les détenus, en se haussant à l’aide d’escabeaux, pouvaient, à travers les barreaux de fer, voir l’échafaud et les têtes qui tombaient à chaque instant. Ceux qui pouvaient s’approcher de ces ouvertures entendaient le bruit sourd du couperet et les applaudissements de la populace. Ils entendaient aussi le bruit de la fusillade et des balles égarées pénétrèrent même jusque dans les caves où elles blessèrent des prisonniers. Tout cela prêtait à des lazzis de circonstance adressés aux détenus par le concierge   ; « Toi, muscadin, ce sera ce soir ton tour   : nous verrons quelle mine tu feras lorsque tu mettras le nez à la chatière et comme tu éternueras en recevant sur la nuque la chiquenaude du citoyen Ripot   !… »
    « Laisse la paille à ton voisin qui, lui, ne passera que demain   !… Donne-moi ta couverture, ton chapeau, ton habit et les sous qui te restent   : tu n’auras bientôt plus besoin de rien. Adieu   ! Bon voyage   !… »
    Cette mauvaise cave était, on le voit, le vestibule de la guillotine, l’antichambre de la mort   !
    Çà et là, des immondices, des baquets d’où s’exhalait une odeur infecte. L’air n’était jamais renouvelé, on respirait mal à l’aise, au milieu d’une atmosphère épaisse. Plusieurs détenus moururent asphyxiés, échappant ainsi à l’échafaud.
    Un médecin dans ses rapports, le docteur Mermet, manifesta maintes fois à l’autorité, en termes énergiques, la crainte de voir une maladie pestilentielle s’étendre sur la ville et exercer ses ravages sur la population.
    C’est dans cette cave que Saint-Giles attendait la mort.
    Il regrettait peu la vie.
    La mort de sa mère, l’enlèvement de sœur Adrienne qu’il croyait perdue à jamais, car il ignorait la mission donnée à l’un de ses capitaines, les horreurs qui soulevaient le dégoût pour la Révolution dans sa poitrine généreuse, tout l’écœurait.
    Si je n’avais pas frères et sœurs, disait-il à ses compagnons de captivité, je ne ferais pas un pas, un geste pour me sauver.
    Et cependant il fut délivré.
    La bohémienne qui lui avait jeté cette rose comme un gage d’espérance, appartenait à une famille de Tziganes, qui s’était mise au service des fureurs de Collot-d’Herbois.
    Ces Tziganes s’étaient faits chiens de meute.
    Ils avaient la confiance des proconsuls.
    L’un d’eux, sur les instigations de sa sœur, cette jeune fille qui aimait Saint-Giles, vint proposer un marché de fuite aux prisonniers.
    Ceux-ci acceptèrent avec joie la délivrance à prix d’argent et à cette condition mise par le bohémien que Saint-Giles serait en tête de ceux qu’il sauverait.
    C’est ainsi que s’opéra la fameuse

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