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La Bataillon de la Croix-Rousse

Titel: La Bataillon de la Croix-Rousse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louis Noir
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l’espérance que Lyon aura sa Judith aussi.
    – Qui donc l’est Holopherne Lyonnais   ?
    – Châlier   ! Quand il aura, selon son caractère passionné, poussé les choses à l’extrême et soulevé la réprobation générale, son œuvre sera finie et il devra disparaître. Il serait gênant, au jour du combat, ayant une grande influence sur le peuple qu’il galvanise par sa parole. Lui mort, la victoire serait plus facile.
    – Et vous avez votre Judith sous la main   ?
    – Oui, monsieur le marquis. Vous entendrez parler avant la fin de cette semaine de sœur Adrienne.
    – Oh   ! oh   ! contre les rois, l’église envoyait des moines et maintenant voilà que contre les tribuns elle envoie des femmes   ! dit le marquis de Tresmes.
    – Pourquoi non   !
    – Si cela réussit à Lyon contre Châlier, je conseille d’essayer du moyen contre Marat à Paris.
    – Erreur   ! Marat nous est utile   ! Il nous sert à rendre la révolution odieuse et ne nous gêne pas à Paris comme Châlier à Lyon.
    En ce moment, on frappa à la porte du salon. On entendit un bruit d’armes dans la rue. En entendant sonner, dans la rue, les crosses de fusil frappant les cailloux dont Lyon était pavé alors, comme aujourd’hui en partie, tous les yeux se levèrent sur la baronne. Chacun se demandait si cet esprit fertile en ressources trouverait un nouveau moyen de conjurer le péril. Mais, Étienne annonça qu’on avait affaire à un fort détachement de sa compagnie qui venait offrir ses services à M. Leroyer. Cette intervention de la garde nationale était de nature à précipiter la crise.
    – Messieurs, dit l’abbé, prenant une décision rapide et profitant de l’évènement, à mon avis, M. et M me  Leroyer sont assez compromis pour qu’ils partent sur-le-champ, en se servant des faux passeports que chacun de nous tient toujours en réserve et que le Conseil suprême lui a envoyés   : ces passeports ont coûté assez cher à la société pour être très sûrs.
    À Étienne   :
    – Vous restez, vous, lieutenant   ! vous occupez, avec ce détachement de votre compagnie qui vous arrive, votre poste habituel. Si l’on veut vous enlever, vous résistez. Il faut des luttes partielles pour préparer le combat définitif et pour échauffer le conflit.
    À la baronne   :
    – Vous, madame, vous êtes seule juge de ce que vous devez faire, mais nous sommes à votre disposition.
    Au marquis   :
    – Vous, monsieur de Tresmes, vous êtes presque aimé de nos adversaires. Votre originalité même vous a rendu populaire. Vous êtes athée et l’on vous suppose ennemi du clergé   : vous avez fait, sur la reine que vous n’aimez pas, des bons mots qui sont la joie des révolutionnaires. À tous ces titres, vous êtes cher à la foule et sacré pour les républicains, qui vous supposent favorable à leur cause jusqu’à un certain point.
    – L’abbé, dit fièrement le marquis, si je ne les ai pas détrompés, c’est par ordre, et il m’a été enjoint d’accentuer même mon attitude libérale.
    – Je le sais. Je constate simplement que vous y avez réussi au-delà de toute espérance.
    Le marquis fit la grimace.
    L’abbé reprit   :
    – Donc, monsieur le marquis, à vous, le moins compromis de nous tous, de centraliser nos efforts communs   ; vous restez à Lyon et vous y êtes en permanence. Chacun de nous s’y risquera, comme il voudra, comme il pourra   ; je vous donnerai, pour mon compte, plus d’un rendez-vous. Nos amis feront de même.
    À Madinier   :
    – À vous le commerce et l’industrie, travaillez les boutiques et les canuts.
    À de Chavannes   :
    – À vous de surexciter les familles nobles et de prêcher la croisade contre les Jacobins. Il faut fanatiser les gentilshommes lyonnais et surtout leur faire comprendre qu’ils doivent laisser au mouvement sa couleur girondine.
    – À moi le clergé   ! dit-il encore.
    Puis il continua à donner des instructions aux autres conjurés, chargeant celui-ci de pousser les employés dans l’émeute et de les faire entrer dans les rangs de la garde nationale bourgeoise par l’appât d’un bel uniforme neuf   : recommandant à un autre de gagner les mendiants   ; à un maître marinier d’agir sur la population des quais   ; à tous, d’exercer une pression à outrance.
    Gracieux pour Étienne et regardant sa mère.
    – Lieutenant, dit-il, vous êtes jeune et vous avez le plus beau rôle, vous allez être le

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