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La Bataillon de la Croix-Rousse

Titel: La Bataillon de la Croix-Rousse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louis Noir
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jamais rien de bon au service de la République   ! Je suis sûre qu’il a tendu le guet-apens où cette baronne a failli périr et où mon fils a été blessé. Assassiner une femme   !… Qu’on la juge   ! Qu’on l’exécute. Mais c’est une œuvre basse que d’égorger les émigrés, la nuit, au coin des rues.
    Pendant que M me  Saint-Giles purifiait la chambre de l’air qu’avait respiré Laussel, celui-ci montait à l’atelier de Saint-Giles et la baronne descendit les étages inférieurs.
    En arrivant à la porte du rez-de-chaussée, la baronne vit des individus en carmagnoles.
    C’étaient évidemment des agents du comité.
    Ils allaient l’interroger.
    Elle improvisa sur-le-champ un moyen de passer   : c’était l’anguille se glissant partout et insaisissable   : elle s’écria   :
    – Vite   ! vite   ! un médecin   ! Le citoyen Saint-Giles vient de se trouver mal   ! Courez au plus près   ! Moi je vais chez le chirurgien qui l’a pansé. Vite, citoyens.
    Et elle fila comme une flèche entre les agents qui se seraient bien gardés d’arrêter pour le questionner un fifre si bien intentionné.
    Une fois dehors, la baronne, ayant lestement dégringolé les pentes de la Croix-Rousse, se trouva dans les quartiers riches   ; là, sur un appel, vingt mille gardes nationaux seraient venus défendre un fifre de leur bataillon, si quelqu’un avait osé l’attaquer.
    – Il est temps, se dit-elle, d’aller voir comment se comporte ce pauvre Étienne, car il va bientôt avoir sur les bras tout le comité central qui lui réclamera Sautemouche.
    Pourquoi pauvre Étienne   ?
    Elle le plaignait donc.
    Évidemment oui.
    Elle le savait amoureux d’elle et était décidée à ne pas l’aimer.
    Oui   ! pauvre Étienne   !
    Pendant que la baronne poussait cette exclamation, Saint-Giles étonné voyait arriver successivement cinq ou six médecins.
    Aux cris poussés par le fifre, tout le monde s’était précipité à la recherche des docteurs, tant le peuple aimait Saint-Giles.
    Et celui-ci, ayant appris que le fifre avait lancé tout ce monde à la rescousse des médecins, se mit à rire de bon cœur, comprenant que c’était là un expédient.
    – Il est fin   ! dit-il. C’est un drôle de garçon.
    Puis   :
    – Je le reverrai avec plaisir.
    – Parbleu   !
    Et Saint-Giles, après avoir fait ces réflexions, se disputa avec le Comité refusant de croire à une baronne et tempêtant contre l’ivrognerie de Sautemouche.
    Sur la nouvelle de l’orgie de leur ami, les membres du Comité s’empressèrent de courir avertir la commission permanente pour qu’elle ait à agir   ; c’est ainsi que Saint-Giles fut débarrassé d’eux et de Laussel qu’il méprisait.

Le monstre
    L’aurore de la journée qui allait décider du sort de Lyon s’était levée sur un grand scandale.
    On avait trouvé, nous l’avons dit, des carmagnoles ivres-morts sur les places de la ville et les royalistes en avaient profité pour mener un bruit énorme autour de cette affaire.
    Nous savons que ces carmagnoles n’étaient pas ivres.
    À Lyon, aujourd’hui encore, dans certains salons on raconte, en riant, que la baronne de Quercy versa le poison dans les verres de punch.
    Comment se fait-il que jamais historien n’ait relevé ce trait du machiavélisme des monarchistes   ?
    Seul Michelet y fait allusion, mais emporté par le récit, il passe trop vite sur cette intrigue.
    Toujours est-il que Châlier et son parti reçurent un premier et terrible coup, dès le matin, par ce scandale.
    Châlier   !…
    Cet homme remplissait Lyon de terreur.
    C’était l’épouvantail.
    C’était le monstre.
    Méritait-il donc la haine que Lyon lui avait vouée   ?
    Oui, celle du Lyon royaliste, non celle du Lyon républicain. Et cependant la calomnie pèse sur sa tombe comme un manteau de plomb   : Lamartine l’accable et Louis Blanc ose à peine la défendre.
    Pourquoi la postérité n’est-elle pas impartiale pour cet homme qu’elle ne voit qu’à travers un tissu de mensonges   ? L’histoire de Lyon révolutionnaire est à refaire ou plutôt à faire.
    La réaction qui a suivi l’année terrible a permis aux thermidoriens et, avec eux, aux royalistes, de fausser la vérité.
    Sous le premier Empire on n’écrivait pas   : la pensée était comprimée pair le sabre, et le Moniteur, seul, parlait, mentant presque toujours.
    Puis, vint la Restauration   : avec elle la Terreur Blanche.
    On

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