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La Bataillon de la Croix-Rousse

Titel: La Bataillon de la Croix-Rousse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louis Noir
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éclipse-toi, mon garçon.
    – Dis à ton frère Ernest de retenir les gens du Comité dans l’appartement de ta mère, jusqu’à ce que j’aie passé devant la porte.
    – J’y vais, fit Ernest, je sais ce qu’il faut dire.
    Et il descendit.
    – Au revoir, citoyen   ! dit la baronne d’un ton qui parut singulier à Lucien.
    – Au revoir, petit fifre   ! dit celui-ci. Si tu deviens bon républicain et si tu fais ton devoir, quand tu en auras la force, engage-toi dans ma compagnie car je pars bientôt.
    – Nous nous retrouverons sur un champ de bataille, fit la baronne, et nous nous rendrons mutuellement service.
    Elle songeait en effet à la lutte prochaine qui s’engageait dans Lyon même.
    Saint-Giles comprit la pensée autrement, et lui dit   :
    – Allons, à bientôt, viens me voir   ! Tu parais être un bon petit diable.
    Elle s’en alla en murmurant   :
    – Toi, si les balles t’épargnent je te sauverais des exécutions qui auront lieu après la victoire. Tu es du bois dont on fait les grands artistes.
    Elle emportait de lui une impression de très vive sympathie.
    Mais ce n’était point le moment de discuter cette sympathie.
    En approchant du palier sur lequel débouchait l’appartement de M me  Saint-Giles, elle entendit une voix cassante, désagréable qui criait   :
    – Oui, citoyenne, cette femme que ton fils a sauvée n’est autre que l’ex-baronne de Quercy, une ci-devant, une émigrée.
    La baronne reconnut cette voix et elle tressaillit.
    C’était Laussel qui parlait.
    Laussel, le mauvais génie de Châlier.
    Laussel qui déshonorait la Révolution par ses mœurs et la compromettait par ses violences   ; Laussel qui poussa Châlier dans une voie dangereuse et fatale.
    Rien ne l’arrêtait.
    Il était bien l’homme capable de jeter une femme dans la Saône sans pitié pour sa jeunesse et sa beauté.
    À ce souvenir, la baronne eut un léger frisson.
    Laussel continua   :
    – Et ton fils, citoyenne, ne veut pas nous recevoir.
    – Le docteur l’a défendu   !
    – Ta   ! ta   ! ta   ! Il doit avoir d’autres raisons.
    – Tu dis, citoyen   ? demanda la voix grave et calme de M me  Saint-Giles.
    – Je dis que ton fils a ses raisons pour refuser sa porte   : il ne veut pas nous renseigner sur cette femme   : il est enchanté d’avoir sauvé une baronne, cela le flatte et il la protège.
    M me  Saint-Giles, hautaine, laissa tomber ces mots sur Laussel.
    – Tu accuses mon fils   ! dit-elle. C’est un républicain pur et sans tache. Toi que je savais corrompu, tu es un dangereux imbécile.
    – Prends garde   ! s’écria Laussel furieux. Tu m’insultes.
    – Tu m’insultes bien, toi, en accusant mon fils.
    – Je vais te faire arrêter.
    – Essaie   ! Saint-Giles viendra me réclamer avec dix mille Lyonnais, et, si tu avais osé me faire cet outrage de m’emprisonner, je commanderais au peuple de te coudre dans un sac et de te jeter dans le Rhône, Lyon le ferait, et tu le sais.
    Laussel, intimidé, baissa le ton.
    La baronne était descendue deux marches en dessous du palier et s’était arrêtée à écouter, malgré le danger   : mais elle prêta bien plus attentivement l’oreille, quand elle entendit Laussel dire en essayant de se justifier   :
    – Les renseignements que nous avons reçus sont sûrs. C’est une rivale de la baronne qui nous les a envoyés, nous les faisant tenir par une personne à elle, qui est à Lyon, et qui nous a fait connaître les plus petits détails des projets de cette baronne.
    Avec emportement.
    – On ne peut douter, voyons   : nous savions à quelle heure elle devait passer sur le quai de l’Archevêché – comment elle serait déguisée, qui l’accompagnerait.
    Un doute vint à l’esprit de M me  Saint-Giles.
    – Et vous l’avez attaquée   ! fit-elle.
    Laussel, emporté par son tempérament, venait d’ouvrir une porte au soupçon, il la ferma brusquement.
    – Comment l’attaquer   ? Que veux-tu insinuer   ? demanda-t-il.
    – Rien, dit-elle.
    En ce moment Ernest, pour clore la dispute et supposant que son nouvel ami, le fifre, avait dû passer, dit à sa mère   :
    – Je pense que Lucien a fini de s’habiller.
    – Alors, montez, citoyens   ! dit madame Saint-Giles.
    Laussel parti, elle fit ouvrir la fenêtre et brûla du sucre.
    – Ah   ! dit-elle, quelle honte pour un parti d’employer un pareil misérable. Ces prêtres qui trahissent leur église ne feront

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