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La Bataillon de la Croix-Rousse

Titel: La Bataillon de la Croix-Rousse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louis Noir
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voulait pas affronter le péril, tu risques ma vie au profit de ton ambition. Si je ne meurs pas, tu me fais abbesse parce que tu veux que l’on oublie ce passé dont tu rougis.
    – Je n’en rougis pas, n’ayant pas de préjugés, répondit-il. Madeleine repentie est une des plus grandes saintes du ciel. Mais ce sont les autres qui ont des préjugés, ce sont eux qui rougissent. Et je dois compter avec l’opinion. Mais c’est assez parler du passé. Parlons du présent   : je vous reproche, ma mère, et vous le reproche amèrement, vous n’aimez pas autant votre fils que sœur Adrienne, pour laquelle vous intercédiez tout à l’heure. Si vous m’aimiez, vous n’hésiteriez pas.
    Elle se mit à pleurer.
    – Du sentiment   ! dit-il. À quoi bon   ! Pour un mot.
    – Un mot cruel   ! fit-elle. Tu m’as traitée de fille repentie.
    – Eh   ! s’écria-t-il. Si l’on ne veut pas se tromper, il faut appeler les choses par leur nom.
    S’adoucissant   :
    – Vous devriez comprendre, ma mère, dit-il, que de vous rappeler le passé m’est pénible   ; mais vous m’y forcez   ! Fils d’abbesse, je deviens possible comme archevêque, car votre abbaye fait de vous une princesse de l’Église   : vous marchez de pair avec les abbés mitrés et les évêques.
    Caressant la vanité qui s’éveillait   :
    – Cela vaut bien la peine, dit-il, que vous couriez un danger si léger que je qualifie, moi, d’imaginaire.
    Puis, sûr qu’elle obéirait   :
    – Voyons   ! dit-il, embrassez-moi   ! Essuyez vos yeux   ! Je pars. Quand vous serez abbesse, nous rirons bien de l’échauffourée de Lyon au Club Châlier.
    Et faisant une fausse sortie   :
    – À bientôt   !
    L’abbé, je l’ai dit, était un habile metteur en scène.
    Il savait qu’une fausse sortie est un moyen de terminer brusquement et avec avantage une discussion, de constater un succès acquis.
    – Allons, ma mère, fit-il, c’est entendu   ! à ce soir   ! pas de faiblesse   ! Vous n’êtes pas en péril   ! Embrassez-moi   ! Au revoir, vers dix heures   !
    Elle l’embrassa, mais sans grand enthousiasme et du bout des lèvres.
    – Je compte sur vous   ! dit-il.
    – Oui   ! dit-elle.
    Elle était fermement résolue, mais elle manquait d’entrain.
    Il fit mine de s’en aller et revint sur ses pas.
    L’acquiescement de sa mère étant acquis, il revenait pour enfoncer l’une après l’autre ses instructions dans la cervelle de cette femme qu’il savait capable d’aller jusqu’au bout, une fois déterminée.
    – Je me résume   ! dit-il. Vous conduisez sœur Adrienne à la séance, dans les tribunes où je vous ai conduite plusieurs fois déjà pour vous y accoutumer.
    – Bien   ! dit-elle.
    – Ensuite, vous suivez un de mes hommes, Mazurier, qui passe pour bon Jacobin et qui vous conduit dans le couloir.
    – Bien   ! fit-elle, encore.
    – Aussitôt que sœur Adrienne sera placée parmi les gens qui ont des lettres, des requêtes, des placets à remettre à Châlier, Mazurier vous fera passer derrière les rangs et vous tirerez vers la porte.
    Un peu dédaigneusement   :
    – Le reste ne vous regarde pas.
    Puis faisant une dernière recommandation concernant sœur Adrienne   :
    – Une heure avant de partir, faites prendre à sœur Adrienne un réconfortant, et il souligna le mot, et forcez la dose que vous savez   ! Il faut entretenir son exaltation   !
    Il embrassa sa mère encore une fois, un peu plus tendrement et la quitta en lui disant   :
    – Du courage   !
    Une fois dehors, il fronça le sourcil et murmura avec indignation.
    – Décidément, elle n’a même pas l’instinct du dévouement maternel.
    Il récapitula ses griefs.
    – Fils de gentilhomme, se disait-il, j’aurais pu peut-être obtenir la légitimation, elle l’a écœuré, dégoûté d’elle et de moi   ; il ne m’a même pas reconnu comme son bâtard.
    Ses lèvres contractées par un rictus amer prouvaient combien il souffrait d’avoir manqué cet état civil nobiliaire qui lui eût facilité la carrière ecclésiastique, dans les rangs inférieurs de laquelle il était resté trop longtemps à son gré.
    Après cette rancœur, une autre.
    – Quelle suite de folies   ! dit-il. Au lieu de se cacher, courtisane qui humiliait son fils, elle s’imposait toujours à moi, et je fus fait séminariste avec une mère qui rôtissait le balai.
    Avec fureur   :
    – Elle venait me voir en toilettes

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