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La Bataillon de la Croix-Rousse

Titel: La Bataillon de la Croix-Rousse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louis Noir
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s’engageait.
    Quoi que ses détracteurs aient pu dire, le peuple a l’instinct du simple et du grand.
    À l’aspect de cette femme à laquelle on rendait un si solennel hommage, toute la salle se leva et garda un religieux silence.
    Le président de la députation, montrant au public M me  Saint-Giles, dit sans emphase, très noblement et très laconiquement   :
    – Citoyens, je vous présente la plus honnête femme de Lyon.
    M me  Saint-Giles, sans embarras, s’avança et dit   :
    – Il n’y a pas de degré dans l’honnêteté. Une femme est honnête ou ne l’est pas. Mon fils étant connu, vous avez pensé à moi plutôt qu’à une autre des cinquante mille citoyennes sur lesquelles il n’y a rien à dire. Je ne vous remercie point, parce que ce n’est pas un honneur que vous me faites, mais une charge que vous m’imposez et que j’accepte par humanité.
    Cette fierté souleva un murmure d’admiration.
    On amenait sœur Adrienne, qui chercha Châlier dans le voisinage de M me  Saint-Giles.
    Elle ne le vit point.
    Cette mère gênait le tribun, qui se sentait mordu au cœur par une grande colère contre le fils.
    Il se tenait à l’écart.
    Saint-Giles, par discrétion, était sorti de la salle.
    Tout se passa donc entre le président et M me  Saint-Giles, qui reçut sœur Adrienne en l’embrassant aux applaudissements de la foule et qui l’emmena en lui faisant un charmant cortège de ses jeunes enfants.
    On s’imagine à tort que l’on invente en intrigue amoureuse.
    Erreur.
    Sur le chapitre de la galanterie, tout a été imaginé, fait et refait par les femmes. Mais, en revanche, on peut affirmer aussi qu’aucun truc, si vieux qu’il soit, n’est usé quand il s’agit de pincer un amoureux au piège.
    Saint-Giles en fit l’expérience cette nuit même.
    M me  de Quercy lui prouva la vérité de cet aphorisme.
    Après avoir fait manœuvrer Châlier comme un simple pantin, la baronne était allée au triple galop d’une voiture s’habiller en grisette lyonnaise et y avait parfaitement réussi en un tour de main, aidée par M me  Adolphe.
    Elle avait demandé à celle-ci   :
    – Vous êtes sûre de l’homme   ?
    – C’est mon cousin   ! avait répondu M me  Adolphe.
    Ce qu’elle avait de cousins était incalculable.
    – Vous êtes certaine qu’il sera posté en face du Club   ? avait redemandé la baronne.
    – Il y est   ! avait affirmé M me  Adolphe. Sa femme, qui le surveille, m’a envoyé son petit me dire qu’il faisait faction.
    – Pourquoi sa femme le surveille-t-elle   ?
    – Pour être sûre qu’il ne se grisera pas. Un Auvergnat qui s’ennuie va boire, et c’est embêtant les factions   !
    – Bien   ! Vous êtes un phénix, madame Adolphe.
    – Oui   ! Un phénix pour l’intelligence et un caniche pour le dévouement. Mais voilà, je ne suis pas belle, et c’est le chiendent   ! Oh   ! si j’étais jolie à croquer comme vous   ! je m’en paierais… à en crever   !
    – Et l’enfer   ? Madame Adolphe   !
    – On se confesse   ! dit naïvement l’Auvergnate.
    – Mais, Madame Adolphe, dit la baronne, on vous a aimée, ce me semble   ?
    – Oui… pour mon argent… pas pour mes beaux yeux. C’est bien différent.
    – Savez-vous demanda-t-elle comment ça s’est toujours terminé, mes amours   ?
    – Non, Madame Adolphe.
    – Eh bien, Diou bibant, j’ai toujours été obligée d’en finir par les battre comme plâtre   ; même j’ai cassé un bras à un bien joli sapeur   : j’en ai pleuré toutes les larmes de mon corps… Il n’a jamais voulu me revoir.
    – Pauvre madame Adolphe   ! fit la baronne d’un air compatissant.
    Et comme elle avait donné le dernier pli aux rubans de son bonnet, elle s’en alla sur cette parole de commisération.
    M me  Adolphe, la voyant filer si vite, poussa un profond soupir et murmura   :
    – Doit-il être gentil, ce mirliflore, pour qu’elle coure après lui comme ça. Elle a des ailes.
    Et elle s’en alla agacer un vieux planton qui n’avait pas l’air insensible à ses charmes secrets, surtout quand elle lui avait offert une bouteille de Côtes-Rôties.
    Mais voilà   ! Le planton n’était pas beau.
    Elle aimait le beau, M me  Adolphe.
    À la vue d’un beau soldat, misère d’elle et miséricorde du Seigneur   ! Son sang ne faisait qu’un tour.
    Cependant, la voiture de la baronne emportait celle-ci au Club.
    Devant la porte, elle aperçut

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