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La Bataillon de la Croix-Rousse

Titel: La Bataillon de la Croix-Rousse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louis Noir
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l’Auvergnat qu’elle reconnut à un signe convenu.
    Elle l’aborda, lui dit quelques mots, congédia sa femme et lui fit signe de la suivre.
    Il entra avec elle dans une maison voisine d’où l’on pouvait surveiller la sortie du Club.
    Cette maison appartenait à un royaliste qui la mettait à la disposition de la baronne.
    Installée dans une chambre du rez-de-chaussée, seule avec son Auvergnat, la baronne lui dit avec autorité   :
    – Vous avez reçu un acompte, n’est-ce pas   ?
    – Oui, mademoiselle, répondit l’homme. Mais c’est ma femme qui l’a dans sa poche.
    Il y avait là comme l’expression d’un regret.
    La baronne le comprit.
    Elle fouilla dans sa poche, en tira une bourse et donna un écu à l’Auvergnat.
    – Pour vous   ! dit-elle. Autant demain si je suis contente. Votre femme ne saura rien de ce double pourboire.
    L’Auvergnat, aux anges, prit une mine de Saint Baptiste et voulut se lancer dans des protestations.
    – Inutile, dit la baronne. Voilà tout ce que je vous demande, écoutez, ce n’est pas difficile à faire.
    L’Auvergnat qui eût tenté l’impossible, parut charmé d’être si bien payé pour peu de chose.
    La baronne reprit la parole.
    – Vous me suivrez, dit-elle, à distance de dix pas, quand nous sortirons d’ici. Puis, lorsque je vous en ferai signe, vous me rejoindrez.
    – Cha n’est pas diffichile, en effet, vous avez raison.
    La baronne continua   :
    – Vous me prendrez par la taille.
    – Cha ch’est plus fachile encore, mademoiselle.
    – Vous recevrez un bon soufflet et je me débattrai en criant.
    – Un choufflet   !
    – Oui, un choufflet   ! Pour deux écus   !
    Et sûre que l’Auvergnat trouverait le marché trop bon pour le casser, elle termina ainsi ses recommandations.
    – À mon appel, il viendra un jeune homme.
    – Je le rocherai, dit l’Auvergnat, rempli de bonne volonté.
    – Non, vous vous sauverez.
    – Chi cha vous fait plaisir, cha m’est égal.
    – Vous vous sauverez même très vite, car ce jeune homme est très brave. Mais je le retiendrai.
    – Vous pouvez le lâcher, je ne chuis pas manchot, moi.
    – Non   ! Pas de lutte.
    – Entendu, alors. Pas de tripotée.
    L’Auvergnat tira pipe et voulut fumer.
    – Non   ! fit-elle. Pas de tabac.
    Et à part elle   :
    – Il ne manquerait plus que ça   ! Sentir la pipe.
    Elle se mit à guetter Saint-Giles.
    Les Jacobins faisaient des frais de lumière pour éclairer la façade de leur Club.
    Un Club est une boutique comme une autre   : il faut l’achalander.
    Une illumination est un moyen de réclame.
    La porte de sortie était assez étroite   ; elle ne permettait de passer qu’à trois personnes de front.
    La baronne était sûre de reconnaître Saint-Giles.
    Ils étaient rares, les Jacobins qui osaient s’habiller en muscadins.
    Elle vit entrer puis ressortir M me  Saint-Giles escortée par la députation.
    Elle se pinça les lèvres à l’aspect de sœur Adrienne à laquelle on faisait une ovation dans la rue.
    Puis pendant un grand quart-d’heure, plus rien.
    Elle éprouva tous les ennuis de l’attente, toutes les impatiences de l’incertitude.
    L’explication qu’elle supposait avoir lieu entre Saint-Giles et Châlier et qui entraînait en effet entre eux une longue querelle, lui semblait interminable.
    Se serait-elle trompée   ?
    Ses calculs seraient-ils déjoués   ?
    Elle avait pourtant manœuvré bien habilement pour qu’il ne rentrât pas chez lui, pour qu’il se rendît au rendez-vous.
    Sa dernière combinaison allait-elle avorter   ?
    Et ce quart-d’heure…
    Elle en trépignait.
    Mais non, Saint-Giles n’était point sorti.
    Il avait discuté furieusement avec Châlier, et il parut enfin sur le seuil de la porte de sortie, seul et furieux, car il brandissait sa canne comme un homme qui rage.
    La place était déserte.
    Il s’avança indécis et fut bientôt au bout de la place, hésitant entre deux rues, l’une conduisant chez lui à la Croix-Rousse, l’autre filant dans la direction des Brotteaux.
    La baronne qui l’avait suivi, elle-même suivie de l’Auvergnat, jugea le moment venu de mettre fin à l’incertitude de Saint-Giles.
    Elle fit signe à l’Auvergnat.
    L’Auvergnat fit consciencieusement son devoir.
    Il accourut à l’appel de la baronne, lui prit la taille, reçut son soufflet et entendit celle qu’il appelait la petite demoiselle crier à l’aide.
    Saint-Giles, qui s’était

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