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La belle époque

La belle époque

Titel: La belle époque Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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Empire ! ricana Édouard. Quel choix judicieux. Armand Lavergne a bien raison.
    —    Bon, quelle vérité incontournable l'excité de Montmagny a-t-il décidé de révéler à ses semblables, récemment?
    L'ironie marquait la voix du marchand. Les nationalistes continuaient leur travail de mobilisation, mais l'automne précédent, Henri Bourassa avait été défait lors d'une élection provinciale complémentaire. Cela lui laissait espérer que bientôt les choses reviendraient à la normale, avec les deux ennemis traditionnels, les libéraux et les conservateurs, occupant toute la scène politique.
    —    Dans un discours à la Chambre des communes, il a expliqué que les Anglais nous conviaient à célébrer la Conquête de 1760 et notre soumission à l'Empire.
    —    Ah ! Aucune vérité nouvelle, donc. Il y a des mois que cela s'est produit. Depuis, Laurier l'a chassé du Parti libéral à coups de pied au cul.
    —    Et voilà que le représentant du roi George t'invite à la salle Empire, continua le garçon sans se laisser troubler. Ces gens-là ont de la suite dans les idées.
    —    Il ne pouvait pas renommer la salle pour l'occasion.
    Eugénie laissa échapper un soupir lassé, puis murmura :
    —    Elisabeth, la baronne de Staffe ne dit-elle pas que la politique devrait être bannie des conversations à table ?
    —    ... Oui, tu as raison. Mais dans les circonstances, je me demande s'il s'agit de politique, ou d'un père et d'un fils qui
    aiment se taquiner.
    —    Pour te faire plaisir, je veux bien changer de sujet, glissa le garçon d'une voix amusée. Ce soir, qui est l'heureux candidat soumis à un examen ?
    Au petit déjeuner, la jeune fille avait ordonné à son frère de ne pas s'approcher du salon, et même du rez-de-chaussée, pendant la soirée. De justesse, elle s'était arrêtée avant de dire : « Si tu pouvais disparaître de la maison... » Cela ne pouvait signifier qu'une chose.
    Si elle ne répondait pas, son frère risquait de venir passer la tête dans l'embrasure de la porte pour voir, puis murmurer «Excusez-moi» de sa petite voix ironique.
    —    ... Un jeune avocat, Dufour, reconnut-elle.
    —    Celui-là connaît peut-être la poésie, commenta Thomas, mais je doute qu'il puisse t'ouvrir les portes des grands théâtres d'Europe.
    Le rejet d'Arthur Brunet, et de tous les marchands par le fait même, lui demeurait en travers de la gorge. En apprenant qu'Elise le recevait toujours, la jeune fille avait eu des mots encore plus sévères à l'endroit du pharmacien, avec pour seul résultat de blesser son amie.
    Afin de changer au plus vite de sujet, la jeune fille demanda :
    —    Qui est ce Frank Lascelles ?
    —    L'homme recruté à l'initiative de Lord Grey pour diriger les célébrations de l'été prochain.
    —    Venu tout droit de la fière Albion, commenta Édouard.
    Cette fois, Eugénie prit bien garde de détourner la
    conversation des questions politiques.
    Le 11 avril, au moment de pénétrer dans la salle Empire du Château Frontenac, Thomas Picard se retrouva en compagnie d'une centaine de notables de la ville de Québec. Près de la porte, il échangea des poignées de main avec des collègues de la rue Saint-Joseph et des membres du Parti libéral.
    —    Ne me dites plus que vous n'avez pas l'oreille des riches et des puissants, commença Paul Laliberté. Je vous parle des festivités du tricentenaire le jeudi, je trouve une invitation du gouverneur général à la maison en rentrant, et le samedi nous sommes tous là.
    —    Cela n'a aucun rapport avec moi...
    Un moment, Thomas se demanda si le marchand de fourrures était sérieux, puis éclata de rire. L'autre continua :
    —    Vous savez à quoi rime cette invitation ?
    —Je sais ce qui était écrit sur le carton de couleur crème : rencontrer l'artiste venu d'Europe. Je suppose que ce sera aussi l'occasion de faire le point.
    —    Bon, alors attendons, grommela l'autre, un peu sceptique.
    L'attente fut brève, le comte Grey entra bientôt, petit et
    vif, sanglé dans son costume de tweed. Derrière lui, un grand personnage à l'allure autrement plus remarquable, un véritable dandy, fit son entrée. Les deux nouveaux venus se dirigèrent vers une petite estrade au fond de la pièce. 'Toutes les personnes présentes se mirent au garde-à-vous machinalement, attendant la suite des événements dans un silence recueilli.
    —    Messieurs,

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