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La belle époque

La belle époque

Titel: La belle époque Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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guère ce domicile, les souhaits de bonne année demeurèrent empreints de gêne. Il transmit les meilleurs vœux de ses proches, les assura de leur visite prochaine.
    Dans un coin de la pièce se tenait la cause du malaise palpable de la jeune fille : Arthur Brunet. Le visiteur lui serra la main avec un sourire amusé. Au moins, à la campagne, les jeunes gens en âge de se marier accrochaient leur fanal à la porte de la promise : cela évitait de pareils impairs.
    —    Il se fait tard, murmura-t-il...
    Pareille affirmation, au milieu de l'après-midi, procura une certaine satisfaction à Elise. Pour une fois, ce n'était pas elle qui se trouvait mal à l'aise devant ce garçon.
    —    Voyons, vous allez vous asseoir un moment. Monsieur Brunet m'expliquait justement qu'il comptait prendre la direction d'une pharmacie pas très loin d'ici. N'est-ce pas un merveilleux projet?
    Edouard s'assit sur la chaise qu'on lui désignait. Le trio de jeunes gens se tenait autour d'une petite table à cartes. Il observa :
    —    Arthur m'a aussi parlé de cet établissement. Nous sommes presque voisins, rue Saint-Joseph. D'après mon père, c'est un quartier très prometteur. Je ne doute pas qu'il réussisse.
    —    Voulez-vous du thé ?
    Courtiser des débutantes, commençait à réaliser Brunet, demandait une solide vessie. Offrir de l'alcool, dans ce genre de rencontre, ne se faisait pas : le thé revenait sans cesse.
    —    Non merci. J'arrive de chez les Dupire...
    Elise reprit sa place à la table, la conversation continua là où elle en était avant l'arrivée de l'intrus :
    —    Arthur, vous ne songez pas à un établissement de la même envergure que celui de la Basse-Ville ?
    L'utilisation du prénom marquait un petit progrès. Ces
    deux-là n'en étaient pas à leur première rencontre.
    —    Ce ne serait pas raisonnable. La taille du commerce, rue Saint-Joseph, tient au fait que nous y fabriquons des médicaments et divers produits. Dans Saint-Jean-Baptiste, nous nous contenterons de la vente.

—    Cela doit être passionnant de mettre sur pied une nouvelle entreprise, commenta la jeune fille.
    —    Un peu angoissant aussi. Je ne me tournerai pas les pouces, pendant quelques années.
    Arthur Brunet ne semblait toutefois pas s'inquiéter outre mesure. Avec son père pour assurer ses arrières, toutes les chances se trouvaient de son côté.
    —    Je ne doute pas de votre succès, affirma Elise d'une voix douce, en le regardant de ses grands yeux bruns. Puis, avec quelqu'un pour vous appuyer...
    Elle rougit de sa propre audace, avala un peu de thé pour se donner une contenance. Le prétendant ne pouvait plus douter que cette jeune fille ne serait pas rebutée par ce genre de défi. «A moins d'être obnubilé par les boucles blondes, se dit Édouard, ce gars serait un imbécile de préférer une impératrice à une boutiquière. »
    Beau joueur, il se passionna pour les projets de Brunet pendant une petite demi-heure, puis déclara :
    —    Cette fois c'est vrai, je dois y aller.
    Après avoir serré la main du jeune homme, puis du couple Caron, il se laissa conduire jusqu'à la porte d'entrée par Élise. En l'aidant à enfiler son paletot, elle murmura :
    —    Vous ne le lui direz pas ?
    —    Mais non, vous pouvez me faire confiance. Dois-je vous souhaiter bonne chance ?
    —    Je n'ai pas assez d'expérience de ce genre de situation pour savoir ce qui convient le mieux, ni ce que je dois désirer.
    Enfin, il me semble bien convenable.
    Edouard posa ses lèvres sur la joue de la jeune fille et lui glissa à l'oreille :
    — Ah ! Si j'étais plus vieux !
    Puis il quitta les lieux, laissant Elise bien perplexe.
    Chapitre 11
    Après des mois d'un hiver trop rude, avec avril, le printemps pointait enfin le nez. Bien sûr, de petits amoncellements de neige résistaient encore sous les balcons, dans les cours arrière, et seuls les ruraux pouvaient en témoigner, dans les sous-bois. Au moins, les trottoirs et les rues s'en trouvaient débarrassés. En souliers et avec une simple veste sur le dos, Thomas Picard se dit que rentrer à la maison à pied lui permettrait de prendre un peu l'air. Il n'avait pas fait trois pas quand une voix retentit derrière lui :
    —    Nous faisons un bout de chemin ensemble, voisin ?
    L'homme se retourna pour voir Paul Laliberté, l'héritier de
    François-Xavier, accélérer le pas en sa direction. Il dirigeait maintenant

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