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La belle époque

La belle époque

Titel: La belle époque Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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d'or et d'hermine. Le tout reposait sur un fond de verdure décoré de guirlandes et de fleurs.
    Le logis de l'archevêque s'ornait encore, du côté sud, d'un immense panneau de bois portant le mot «Maria», peint en blanc. Cette surface portait dix-huit mille petits trous, par lesquels passaient des filets de lumière multicolores. Pendant de longues minutes, les amis demeurèrent immobiles au milieu d'une petite foule, le temps que la pénombre permette de mieux apprécier le spectacle. Le nom de la Vierge, tout de lumière blanche, apparaissait au milieu d'un bouquet composé de milliers de petits rayons colorés.
    —    L'effet est étonnant, commenta Édouard.
    —    Comment le réalisent-ils ? questionna Élise.
    —    Derrière ce grand panneau de bois, il y a des centaines d'ampoules électriques. Chacun des trous est obstrué par un morceau de verre coloré. Cela permet de teinter les rayons de lumière.
    —    La facture de la Quebec Light sera astronomique, affirma Fernand.
    Édouard laissa échapper un petit rire entre ses dents, puis remarqua :
    —Je pense que monseigneur Bégin a les reins plus solides que ton père et le mien réunis. Et en cas de difficulté, pour tout régler, les bonnes gens de la Haute-Ville augmenteront leur obole, à la grand-messe. Ne crains rien, notre pasteur nous le demandera bientôt. Allons-nous voir ce fameux bateau ?
    Dans la cour du Petit Séminaire, des centaines de personnes passaient devant un grand modèle du Don-de-Dieu, le navire de Champlain, placé sous des projecteurs électriques. Les fêtes de monseigneur de Laval faisaient en quelque sorte un clin d'œil aux célébrations du tricentenaire. Les garçons s'extasièrent un moment sur les vergues de la taille du petit doigt, les cordages faits de fil à pêche, alors que leurs compagnes échangeaient des regards impatients et des soupirs lassés.
    Le quatuor revint dans la rue Buade. Du côté du bureau de poste monumental, dans un grand espace gazonné se dressait une structure haute de quarante-cinq pieds au moins, drapée de pièces de toile violette. Dans le ciel, ces morceaux de tissu descendaient d'une couronne paraissant flotter dans les airs. En réalité, cet assemblage tenait grâce à des fils d'acier tendus entre les édifices les plus élevés.
    A la fin, ils regagnèrent leur domicile en discutant de la solennité de la célébration du triduum.
    Chapitre 16
    Le dimanche suivant le soixantième jour après Pâques, les catholiques célébraient la Fête-Dieu, appelé aussi la fête du Saint-Sacrement. En 1908, cela tombait le 20 juin. La basilique de Québec conviait ses paroissiens, et les visiteurs de partout dans la province, aux solennités les plus grandioses. Exceptionnellement, la grand-messe commença à huit heures. La célébration ne se terminerait pas vraiment avant midi.
    La famille d'Alfred Picard, afin d'éviter la cohue et une cérémonie interminable, avait assisté à la messe basse, dès six heures du matin. Cette façon expéditive de remplir ce devoir religieux permettait souvent à ses membres de consacrer le reste de la journée à une excursion dans les environs de la ville. Ce jour-là, l'après-midi, ils n'iraient pas plus loin que les plaines d'Abraham. Un peu après neuf heures, un mouvement dans la rue, trois étages plus bas, amena Thalie à déclarer à son frère :
    — Cela commence. Tu viens avec moi ?
    Mathieu quitta le fauteuil où, depuis le déjeuner, il se concentrait sur un roman policier pour suivre la fillette dans sa chambre. Au moment où ils prenaient place sur le banc près de la fenêtre, les grandes portes de la basilique laissèrent passer un dais accroché à quatre bâtons de bois, porté par autant d'hommes. Sous la toile blanche ornée en son centre d'une colombe et tout autour de guirlandes brodées de fils d'or et d'argent, tendue sur un cadre, monseigneur Louis-Nazaire Bégin marchait d'un pas mesuré, le corps dissimulé par un surplis de lin fin enjolivé de dentelle, enfilé par-dessus une soutane violette. Ses deux mains, à la hauteur de sa poitrine, tenaient un ostensoir d'or représentant un soleil, ses rayons allant dans toutes les directions. La peau n'entrait pas en contact avec cette pièce d'orfèvrerie sacrée : une pièce de tissu la protégeait. Tout ce respect allait au fardeau transporté: au centre de l'objet, un disque de verre, la lunule, contenait le corps et le sang du Christ, sous la forme d'une grande

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