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La belle époque

La belle époque

Titel: La belle époque Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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drapeaux.
    La fête du corps et du sang du Christ, la désignation officielle de la Fête-Dieu, se terminerait sous le grand reposoir dressé sur le parvis de la basilique, décoré de riches tissus brodés et de guirlandes de verdure et de fleurs.
    —    C'est incroyable, tout ce monde, commenta Thalie, impressionnée.
    —    Les paroissiens de l'ensemble de la ville se sont joints à la procession.
    Les journaux du lendemain évoqueraient le nombre de vingt-cinq mille fidèles, ce qui était vraisemblable pour une population totale qui atteignait trois fois ce chiffre.
    —Je suis contente de ne pas être parmi eux. Je pourrais me faire écraser.
    La fillette avait raison. Sous leurs yeux, la foule noircissait totalement les rues de la Fabrique et Buade, la place devant la basilique, les pelouses devant l'hôtel de ville. Même les ursulines, des cloîtrées vivant séparées de la masse des fidèles, profitaient de la permission de l'archevêque pour participer à une manifestation de la foi des Canadiens français aussi solennelle. Ce moment de liberté s'étendrait jusqu'au lendemain, jour du grand dévoilement. -
    L'honneur de présenter l'ostensoir à la foule prosternée, les genoux sur les pavés, revint à monseigneur Donato Sbaretti, légat pontifical au Canada. En même temps, les zouaves firent retentir leurs tambours et leurs clairons dans un salut à Dieu.
    Le 22 juin 1908, une partie des fêtes consacrées à monseigneur de Laval se déroula dans la discrétion des murs du Petit Séminaire. Tout le gratin ecclésiastique s'y trouvait afin de se rassurer sur sa propre grandeur. Une messe pontificale fut célébrée dans la chapelle de l'institution, à proximité du cadavre du premier évêque du Canada. Trente ans plus tôt, au moment de son exhumation, la rumeur prétendit que les chairs gardaient une couleur rose rassurante, le corps exhalant une odeur de sainteté.
    Thomas Picard n'avait pas menti au curé Buteau : la statue, du prélat, l'œuvre du sculpteur Louis-Philippe Hébert, lui avait coûté une jolie somme. L'effort financier venait principalement de la société Saint-Jean-Baptiste de Québec, dont il était membre depuis deux décennies. A tout le moins, son investissement lui valait un petit avantage: une place assise pour assister à ces interminables cérémonies.
    —    En plus, il fait beau pour ce grand jour, remarqua Elisabeth, amusée par la mine renfrognée de son époux.
    —    C'est bien le moins que Dieu agrémente cette fête en l'honneur de son plus fidèle serviteur, murmura-t-il entre ses dents.
    Le couple se tenait sur une estrade sommairement érigée dans le parc Frontenac, dont le nom disparaîtrait bientôt des mémoires pour être supplanté par celui de Montmorency, une référence à Montmorency-Laval, le patronyme par lequel on désignait souvent le premier évêque de Québec.
    —    Ne fais pas mauvaise figure, ricana-t-elle en lui faisant un clin d'œil, le succès de la journée ne jettera pas d'ombre sur la célébration de PEmpire qui commencera dans trois semaines.
    —    Bon, voilà que tu fais cause commune avec notre galopin, maintenant. As-tu la moindre idée de l'endroit où il se trouve ? Je ne le vois pas.
    Thomas allongeait le cou afin d'apercevoir Edouard. Au moment du repas de midi, le garçon leur avait expliqué devoir suivre la cérémonie avec les élèves du Petit Séminaire. Ses camarades et lui-même seraient mis à contribution au moment de lancer les chants patriotiques et religieux vers les deux.
    —Je vois un rassemblement de drapeaux Carillon-Sacré-Cœur au milieu de la Côte-de-la-Montagne. Je devine qu'il se trouve au milieu du groupe, répondit Elisabeth en se levant afin de mieux voir.
    —    S'il y a un écolier dont le drapeau ne porte pas un cœur sanglant, je présume que c'est lui.
    —    Malgré son petit côté crâneur, il n'oserait pas, affirma-t-elle en reprenant place sur la longue planche de pin qui accueillait à elle seule une vingtaine de spectateurs.
    Une douzaine de banquettes parallèles recevaient un peu moins de trois cents personnes. De grands arbres jetaient un peu d'ombre sur les notables. L'estrade la plus imposante s'élevait sous les murs de l'archevêché. Elle recevait le gratin ecclésiastique. Une autre, devant le bureau de poste, se trouvait bondée de personnages politiques éminents, au milieu desquels trônait l'archevêque de Québec.
    En plus des occupants des

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