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La belle époque

La belle époque

Titel: La belle époque Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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nouveau maître, des matelots des trois navires, et plus loin d'une bande d'autochtones.
    Au découvreur succéda François I er et sa femme, à cheval, et une cour nombreuse. Les autres participants du défilé historique n'entrèrent pas dans l'enceinte de l'Habitation : le mystère du théâtre souffrit un peu de voir ces figurants former les rangs sous les yeux de tous.
    —    Mesdames, Messieurs, déclara Joseph Savard de sa voix la plus excitée, cette fois, brillons à la lumière du jour... Madame Picard, je peux vous aider?
    Cet homme commençait à lui tomber sur les nerfs. Heureusement, encore trois représentations, quatre avec celle qui accueillerait un auditoire en partie recruté chez les pauvres, et ce serait fini. D'un mouvement souple, elle se mit en selle, claqua de la langue comme un charretier d'expérience et alla rejoindre les autres courtisans derrière Henri IV et Marie de Médicis. Derrière eux venaient les Faunes, ces adolescentes court vêtues portant une peau de bouc sur leurs épaules nues.
    —    Quelle femme magnifique ! s'exclama Richard Harris avec un manque total de tact, en se tournant vers Eugénie.
    Le couple se trouvait de nouveau aux premières loges, près de l'entrepôt Thibaudeau & Frères. La jeune fille se mordit la lèvre inférieure en se disant que répondre «C'est ma belle-mère» paraîtrait ridicule. Elle opta plutôt pour:
    —    Elle est bien vieille.
    —    Vieille ? Je doute qu'elle ait trente ans.
    —    J'en ai dix-neuf...
    —    Donc, l'écart entre mon âge et le sien est plus petit qu'avec le vôtre.
    Elle pouvait hurler sa frustration, ou ignorer le camouflet. Plus raisonnable, la seconde attitude tenait de l'héroïsme. D'autant que son compagnon lui demanda :
    —    Vous la connaissez ?
    —    Non, pas du tout.
    Comme l'autre écarquillait les yeux, elle crut bon de préciser :
    —    Enfin, un peu. Nous sommes dans le même spectacle.
    Devant leurs yeux défilaient tous les personnages du manuel
    d'histoire des Frères dès Écoles chrétiennes, dont Laviolette, Maisonneuve, des Ormeaux, Iberville, La Salle, Joliet, Marquette, La Vérendrye, Tracy, Dulhut, Nicolet, Goupil, Frontenac... Les héroïnes se trouvaient en petit nombre. Hélène Boulé, quoique décorative, ne comptait pas parmi elles. Heureusement, Madeleine de Verchères jouait une Jeanne d'Arc indigène fort passable.
    Le clou du spectacle, le symbole de l'union des anciens sujets britanniques et des nouveaux sujets canadiens-français qui, aujourd'hui, construisaient le Canada ensemble et dans la bonne entente, vint ensuite: les armées de Wolfe et de Montcalm mêlées fraternellement. Tous les régiments s'étant affrontés sur les plaines d'Abraham avaient des représentants
    dans ce défilé.
    En guise de conclusion à la mise en scène historico-politique, pour incarner la loyauté des nouveaux sujets, vinrent les troupes de Guy Carleton, qui avaient assuré la défense de Québec en 1775, et celles de Salaberry, les héros de Châteauguay. Tout le long du chemin vers la Haute-Ville, la population entonna le O Canada et l'hymne au drapeau de Carillon, en alternance.
    À quatre heures, accompagné du gouverneur général Grey, le prince de Galles arriva dans un landau tiré par quatre chevaux, escorté par un régiment de cavalerie. Des trompettes signalèrent sa présence, alors que les badauds assemblés sur la terrasse Dufferin formaient désormais une masse compacte près de la statue de Champlain.
    Le maire Garneau vint accueillir Son Altesse Royale, flanqué de militaires en uniforme de parade, pour l'accompagner jusque sous le grand dais. Hôte de tous ces grands personnages, le premier magistrat de la ville prononça le discours d'ouverture, puis remit au prince un présent: un coffre de cèdre monté sur quatre pieds en forme de pattes d'aigle enserrant un globe. L'ouvrage était tellement surchargé de symboles, du portrait de Champlain au castor, que tous y trouvaient leur compte, quelles que soient leurs convictions idéologiques.
    Georges Garneau se distingua surtout par sa brièveté, et le prince eut le remarquable savoir-vivre de ne pas se rendre pénible en devenant interminable :
    — Monsieur le maire, la cordiale et chaleureuse bienvenue que vous m'offrez dans votre vieille cité, la loyauté des sentiments que vous venez d'exprimer dans des tons si éloquents me vont au cœur.
    A l'écart de l'estrade d'honneur, Thomas confia

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