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La belle époque

La belle époque

Titel: La belle époque Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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George n'a pas été exposé à tellement de charme dans sa jeunesse, et il t'a bien dévisagée en passant.
    —    Tout ce discours, c'est une façon de me faire un
    compliment?
    Son mari éclata de rire, puis admit :
    —    Oui. Pas fameux, n'est-ce pas ? Je demanderai à Adjutor Rivard de rédiger quelque chose pour moi...
    La lecture à haute voix de la dernière pièce oratoire de cet homme, reproduite dans le Soleil, avait égayé toute la durée d'un petit déjeuner. Chanter les louanges du bacon avec son vocabulaire, en imitant sa prononciation, devenait très vite hilarant. L'homme continua :
    —    Et si tu désires le rencontrer, continua l'époux, je crois que tu viens de te donner une petite longueur d'avance sur ces grosses dames.
    Des yeux, il montrait un peloton d'épouses des notables les plus éminents de la ville et du pays, désireuses de s'asseoir un moment avec le prince. Comme celui-ci voyageait sans sa conjointe, chacune se montrait disposée à remplir cet office pendant quelques minutes, pour être remplacée par la suivante. L'expérience, avec cet homme taciturne, se révélerait décevante.
    —Au lieu de dire des sottises, invite-moi à danser, conclut Elisabeth.
    Thomas inclina la tête et tendit son bras.
    Eugénie se tenait si souvent sous le porche de l'entrepôt de Thibaudeau & Frères que mieux aurait valu y placer un fauteuil. Le lieutenant Richard Harris arriva à l'heure convenue, c'est-à-dire longtemps après elle, lui tendit son bras en arborant son meilleur sourire, puis déclara :
    —    Ce soir, le plus beau bal se tient sur mon navire, l'Exmouth.
    —    La soirée est si douce, nous pourrions rester sur le quai.
    La présence de nombreux touristes rendrait les mains moins envahissantes.
    —Vous m'aviez promis...
    Eugénie ne se souvenait pas de quelque chose d'aussi formel qu'une promesse, même si le sujet d'une visite à ses quartiers revenait entre eux depuis leur rencontre fortuite. À la fin, elle accepta sans enthousiasme :
    —    ... Si vous y tenez.
    Par beau temps, la courte distance du quai vers l'un ou l'autre des cuirassés se révélait agréable. Les navires illuminés, tout comme les principaux édifices de la Haute-Ville, donnaient une allure un peu irréelle à la scène, comme aux personnes. Trois autres couples, composés d'officiers et de filles de bonnes familles, partageaient l'espace réduit de l'embarcation. Ces dernières gardaient les yeux baissés, comme si cette précaution empêchait qu'on ne les voit dans une situation compromettante.
    L'échelle posée sur le flanc du bâtiment demeurait toutefois dangereusement abrupte, surtout pour quelqu'un portant des souliers à semelle lisse, munis de talons hauts de trois doigts au moins.
    —    Prenez ma main.
    —    Si je glisse...
    —    Je vous retiendrai. Vous ne me paraissez pas bien lourde, j'y arriverai.
    Si elle se retrouvait suspendue au-dessus du vide, tenue par une seule main, l'aide de son compagnon se révélerait certainement très utile. Toutefois, Eugénie ne tenait pas du tout à lui fournir l'occasion de montrer sa force. Aussi, son autre main sur la rampe, elle monta jusqu'au pont du navire avec mille précautions. Comme sur l'Albermarle deux jours plus tôt, on avait tendu des toiles au-dessus de la surface de gros madriers. Des plantes vertes et des fleurs faisaient un peu oublier où l'on était. À l'ancre, par temps doux, le mouvement du lourd bâtiment sur les flots demeurait à peine perceptible.
    —    Voulez-vous quelque chose à boire ?
    Les jours précédents, ils avaient commencé par danser. D'un autre côté, un peu de vin lui donnerait une meilleure contenance. Un moment plus tard, une flûte de champagne à la main, elle s'appuya à la rambarde, à la proue du navire pointée en direction de l'île d'Orléans. La taille de ces bâtiments permettait toujours de dénicher un coin relativement discret, malgré les centaines de personnes qui se trouvaient parfois à bord. Deux couples se faisaient des confidences assez près d'eux, mais la pénombre empêchait de les identifier.
    —    Vous êtes tellement jolie, mademoiselle Picard.
    Au moment de prononcer son nom, sa voix ne se débarrassait jamais d'une légère pointe d'ironie. Sa main se posa sur le flanc de la jeune fille, il s'inclina dans son dos pour effleurer sa nuque de ses lèvres.
    —    On peut nous voir.
    —    Les gens proches de nous sont

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