La bonne guerre

me souviens de la convention des supermarchés. Tout
le monde en avait après le représentant du gouvernement à cause de la paperasserie.
Il est intervenu : « Il ne nous serait pas difficile de vous faire un
règlement d’un paragraphe, si vous vous y teniez. Mais il est à peine fait que
vous vous empresser de louer les services d’un avocat ou d’un comptable pour
essayer de le contourner. Ce qui nous oblige donc à essayer de réfléchir aux
moyens de contrer vos manigances, et ainsi un simple petit règlement devient un
document de trois pages. »
    L’essentiel de l’argent gagné pendant la guerre l’a été
légalement : dans l’ensemble, les gens respectaient le règlement et
rouspétaient en allant porter leurs rentrées à la banque.
    Du jour au lendemain je suis devenu un homme d’affaires. Je
n’ai jamais cru que je continuerais à avoir de l’argent. J’étais sorti de la crise.
Je pensais que c’était un jeu d’argent qui ne durerait pas.
    Je pense que la guerre a été une période très artificielle
pour nous qui sommes restés aux États-Unis. Ceux qui n’ont perdu personne au
front ont eu du bon temps. Dans nos esprits, nous n’avions pas conscience qu’il
se déroulait une guerre. Politiquement la guerre a représenté une prise de
conscience certaine pour moi, mais je n’ai jamais connu les problèmes de quelqu’un
confronté au danger. Nous sommes devenus relativement à l’aise du jour au
lendemain. Nous n’avons vraiment pas souffert.

Dans le ciel

Lowell Steward
    Pendant la seconde guerre
mondiale, les pilotes et les équipages noirs ont détruit ou endommagé 409
appareils ennemis, en comptant les quatre dernières victoires de l’Army Air
Corps sur le théâtre des opérations en Méditerranée. Ils ont fait 15 553
sorties et 1 578 missions. 200 de ces missions ont consisté à faire partie
d’escadrilles de bombardiers lourds au-dessus de la Rhénanie, au cours desquelles
aucun des bombardiers lourds n’a été abattu par les chasseurs ennemis. 450
pilotes noirs de la 332 e escadre de chasseurs ont reçu des
distinctions, et l’unité a été honorée de la Presidential Unit Citation le 24
mars 1945. Robert C. ROSE (Tuskegee Airmen, Inc.), Les Aigles solitaires.
    Nous sommes dans un agréable quartier de Los Angeles aux
avenues bordées d’arbres. Les pelouses sont toutes tondues de frais, les
maisons dénotent une certaine aisance. Typique de la classe moyenne, le
quartier est essentiellement noir.
    Bien qu’encore très vigoureux à soixante-quatre ans, il
déclare que ses jours lui sont comptés maintenant. Une photo de lui durant la
seconde guerre mondiale dans sa tenue de pilote de la 332 e escadre
révèle un goût de la fantaisie. Peut-être.
    Son ami de longue date, et ancien camarade de vol, le colonel
Edward Gleed, est en visite chez lui. « C’était lui notre chef d’escadrille »,
dit mon hôte. Le colonel Gleed fait quelques remarques au cours de la
conversation.
    La seconde guerre mondiale n’a pas été une expérience
agréable. C’est contre toute la guerre dans son ensemble que je m’élève. Ce fut
une période de ma vie très pénible et très révélatrice.
    Je suis né et j’ai passé mon enfance à Los Angeles. Je ne
suis jamais allé dans le Sud. Je n’avais guère d’expérience de la
discrimination raciale. J’ai fréquenté des écoles intégrées. Quand je me suis
retrouvé dans le monde des adultes, les choses sont devenues frustrantes. Quand
à ma sortie de l’école je me suis engagé dans l’armée de l’air, j’ai découvert
que je ne pouvais pas être avec mes amis. J’étais le seul Noir de l’équipe de
basket et nous avions tous décidé d’aller dans l’armée de l’air. Les autres l’ont
fait. Mais quand je me suis présenté pour m’engager, ils ne savaient pas quoi
faire de moi. Ils m’ont simplement dit qu’ils ne pourraient pas me prendre dans
l’armée de l’air. Finalement, dix mois plus tard, on m’a appelé. C’est alors qu’ils
ont décidé de ce qu’ils allaient faire de moi. J’ai été envoyé à Tuskegee, une
base réservée aux Noirs, en plein cœur de l’Alabama.
    Colonel gleed  :
« Il y a l’histoire d’Ace Lawson. Il a essayé de s’engager en même temps
que des Blancs. Le commandant du bureau de recrutement lui a dit : « Qu’est-ce
que tu fais là, mon gars ? L’armée de l’air n’a pas besoin de chasseurs de
nuit. »
    J’ai terminé ma phase