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La bonne guerre

La bonne guerre

Titel: La bonne guerre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Studs Terkell
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d’entraînement, et j’ai été diplômé
pendant l’été 42. J’ai eu plusieurs fois l’occasion de constater l’étroitesse d’esprit
des gens de l’Alabama, une fois par exemple, ma femme a voulu s’acheter un
chapeau. On lui a dit : « Si vous l’essayez, c’est que vous l’achetez. »
Il était impossible d’essayer quelque chose. Nous ne mangions pas dans les
mêmes endroits que les Blancs, bien sûr. Et nous habitions dans des quartiers
différents.
    J’ai retrouvé ça en Europe. Je comprends que les soldats
blancs américains n’aient pas apprécié que les Noirs aient des petites amies
blanches. Mais à un moment donné, j’étais temporairement basé en Afrique du
Nord. Là les soldats blancs n’étaient pas contents que les Noirs sortent avec des
Noires. Tout ça n’était plus très clair. Je ne comprenais plus très bien.
    Pendant la guerre nous avions droit à de courtes périodes de
repos et de remise en forme à cause des conditions difficiles de nos missions
aériennes. Une semaine à peu près. L’île de Capri, camp de repos pour notre
zone, était interdite aux pilotes noirs. Nous avons eu quelques mots avec la
United Service Organization. Nous étions alors en pleine guerre. Quelqu’un nous
a trouvé un camp de repos entièrement équipé, et réservé aux Noirs. Pour la 332 e escadre de chasseurs. Toutes ces choses s’ajoutaient les unes aux autres. C’est
pour cela que la seconde guerre mondiale ne fait pas partie des choses que mon
esprit apprécie. Ils luttaient contre le fascisme mais laissaient se déchaîner
le racisme.
    Je pense que si la 332 e a été entraînée à
Tuskegee c’est parce que c’était au fin fond du Sud. Comme le faisait remarquer
un des officiers responsables, si l’expérience échoue, personne ne le verra
jamais parce qu’ils sont dans le fin fond du Sud. En fait, ils pensaient que
les Noirs étaient incapables de piloter un avion. Ils leur donnaient une chance.
S’ils réussissaient, ça ne pouvait faire de mal à personne. S’ils échouaient, on
ne dirait rien, et ça ne se saurait jamais.
    Ç’a été un succès extraordinaire, au-delà de leurs rêves les
plus insensés. Il leur a donc fallu établir des quotas. Il y avait tellement de
volontaires, des jeunes gens qualifiés, qui postulaient pour l’armée de l’air
qu’ils ont dû limiter le nombre des classes. Ils ont diplômé une foule de
pilotes, en dépit des consignes de Washington de mettre les pilotes à la porte
des écoles pour des raisons ridicules. Si vous portiez votre chapeau de travers,
par exemple, ou si vous ne disiez pas « Oui, monsieur » à vos instructeurs.
Vous étiez mis à la porte pour des questions d’attitude, pas pour votre inaptitude…
Un type qui s’était fait mettre à la porte alors qu’il était déjà à un niveau
de formation au pilotage très avancé a été recruté deux semaines plus tard
comme instructeur de vol. (Il rit.)
    Coleman Young, le maire de Détroit, qui a été un des
pilotes de Tuskegee nous rappelle  : « J’étais pilote de chasse, et
j’ai été mis à la porte. On m’a dit que c’était à la suite d’une intervention
du FBI. Depuis octobre 42 j’étais déjà diplômé de l’école d’officiers de Fort Benning.
Ils ont littéralement mis à l’écart les types que le FBI de Birmingham accusait
de subversion, peut être simplement parce qu’ils avaient assisté à une réunion
contre la discrimination raciale dans un YMCA [12]  ».
    Il s’exerçait toutes sortes de pressions pour que les Noirs
puissent aller au front. Il y avait des organes comme la NAACP, le Pittsburgh Courier, le Chicago Defender et presque toute la presse
noire qui faisaient pression pour l’admission des Noirs dans l’armée de l’air.
    Colonel gleed  :
« Une étude avait été faite par le ministère de la Guerre en 1925. C’est
elle qui a déterminé tout un courant de pensée entre la première et la seconde
guerre mondiale. Elle établissait clairement l’infériorité du Noir. Il avait un
plus petit cerveau que le Blanc. Il ne parvenait pas à s’intégrer au monde des
Blancs. Il était bien évident que les Noirs étaient incapables d’apprendre à
piloter ou à entretenir des avions. Tout ça pour nous amener en 39 et en 40
quand la clameur s’est fait entendre : « Hé, pourquoi ne
pilotons-nous pas ? Si je dois aller faire la guerre, je ne veux pas y aller à pied. Je veux y voler. » (Il rit.)
    Faire la

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