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La bonne guerre

La bonne guerre

Titel: La bonne guerre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Studs Terkell
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guerre dans un avion était exactement ce qui me
convenait. Je n’avais aucune expérience de vol. On m’avait rabâché quand j’étais
enfant que je ne serais jamais capable de piloter un avion. C’était ce que je
voulais faire quand j’étais gosse.
    Tous les Noirs du pays qui voulaient apprendre à piloter
avaient été rassemblés à Tuskegee. Le recrutement allait des athlètes cent pour
cent américains aux génies des mathématiques. Là-bas, il y avait des pasteurs, des
médecins, des avocats, des fermiers qui essayaient d’apprendre à piloter. Tous
les types avec lesquels nous étions étaient le dessus du panier.
    Selon Coleman Young : « Ils ont installé
cette école d’élèves officiers de l’armée de l’air Jim Crow, à Tuskegee. Le
niveau de recrutement était tellement élevé qu’ils en ont fait un groupe d’élite.
Nous étions passés et repassés au crible. Il ne fait aucun doute que nous
étions les jeunes Noirs les plus brillants du pays et les mieux préparés
physiquement. Nous étions les champions des champions tout simplement à cause
de l’irrationalité des lois Jim Crow. Il ne faut tout de même pas vous imaginer
que vous pouvez rassembler autant de jeunes gens intelligents et les entraîner
au combat, et qu’ils vont complaisamment se tourner quand vous essayez de les
enculer, non [13]  ? »
    On nous a surnommés les Aigles solitaires, parce que nous
volions seuls. La 332 e n’a pas été acceptée d’emblée quand on nous a
envoyés en Europe, et qu’on nous a rattachés à des escadres blanches. Une
escadre est généralement composée de trois escadrons. Ils ont donc rattaché cet
escadron noir à trois escadrons blancs, ce qui a fait de nous la quatrième [14] 9 . La ségrégation
continuait. Ils nous ont installés à l’autre bout du terrain. À plusieurs
reprises, il nous a fallu décoller dans le mauvais sens pour pouvoir rejoindre
la patrouille avec laquelle on volait. Ce n’est qu’au bout de plusieurs
missions que nous avons été acceptés sur un pied d’égalité.
    À Naples nous avons été transférés à la 15 e Air
Force, qui était chargée de l’escorte de bombardiers à longue distance. Nous
décollions de cette base pour escorter les bombardiers sur le sud de l’Allemagne
et les pays balkaniques. Que des combats de première ligne. Nous avons volé sur
Ploesti, Munich, Berlin, Vienne, Graz et Bucarest. Nous avons protégé les
bombardiers des attaques ennemies jusqu’à la fin de la guerre. Une fois que
notre réputation de pilotes a été établie, on a commencé à nous réclamer tout
particulièrement, telle section de bombardiers voulait qu’on l’escorte. Ils
nous voulaient tous parce que nous étions la seule escadre de chasseurs qui n’ait
pas perdu un seul bombardier au cours de nos engagements contre l’ennemi. Oh, pour
ça, oui, nous étions très demandés.
    Notre vie sociale était presque inexistante. On ne faisait
guère que jouer au billard, au bridge et au ping-pong.
    Colonel gleed  :
« Les unités étaient séparées de plusieurs kilomètres les unes des autres.
Ce qui fait que nous n’avions finalement la possibilité de nous faire de relations
qu’entre nous. »
    Le ministère de la Guerre n’autorisait pas la mixité raciale.
Nous continuions à avoir notre propre camp de repos. Il y avait une formidable
camaraderie entre les pilotes noirs. Nous parlions de nous offrir des escapades
avec nos avions. Tous nos pilotes étaient vraiment excellents, pour la simple
raison que nous avions reçu un entraînement très complet. Au début, ils ne
savaient pas quoi faire de nous, alors ils nous ont fait poursuivre notre
entraînement. Quand nous sommes venus en Europe, la plupart de nos pilotes
avait reçu un entraînement trois fois plus long que les pilotes blancs. Ce qui
fait que nous étions trois fois meilleurs qu’eux. Bon allez, disons deux fois. (Il
rit.)
    Colonel gleed  :
« Discutons donc de ça cinq minutes. Il y a la théorie inverse aussi. Vous
trouverez des commandants blancs qui vous expliqueront qu’on ne valait rien, puisqu’il
a fallu nous donner une formation plus longue qu’aux Blancs. De toute façon
quoi qu’on ait fait, on n’aurait pas eu le dernier mot. » (Il rit.)
    C’était aussi moche dans le Nord, à Selfridge Field dans le
Michigan, que dans le Sud. Nous étions séparés mais pas égaux. Le cercle des
officiers blancs était, comme toujours, somptueusement meublé. Tandis

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