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La bonne guerre

La bonne guerre

Titel: La bonne guerre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Studs Terkell
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que le
cercle des officiers noirs c’était le bout d’un baraquement de la caserne
aménagé avec deux chaises. Sur tous les terrains c’était la même chose, alors
les gars commençaient à en avoir passablement marre.
    Coleman Young décrit ses expériences : « Nous
étions quarante-cinq à Godman Field, rattachés à Fort Knox. Nous encaissions. Jim
Crow sévissait. Les officiers blancs pouvaient être les invités du cercle des
officiers de Fort Knox. Nous, personne ne nous invitait… Des rumeurs ont commencé
à circuler : le cercle des officiers allait être réservé aux Blancs et les
officiers noirs iraient au cercle des sous-officiers. En plus de la blessure d’amour-propre
il y avait l’insulte, car nous avions quelques milliers de dollars au cercle
des officiers. Nous avons juré de ne pas en rester là. Et puis, ils nous ont
envoyés ailleurs, escadron par escadron. Nous sommes allés à Freeman Field près
de Seymour dans l’Indiana.
    « Ils nous attendaient, pensant qu’il y aurait des
problèmes. La police militaire était à l’entrée du cercle des officiers le soir
de notre arrivée pour nous empêcher d’entrer. Nous avons décidé de nous y
rendre par groupes de huit ou neuf. Nous avions décidé de nous répartir dans
divers endroits du cercle : jouer au billard, s’offrir un verre, acheter
des cigarettes. Je faisais partie de la première vague. Le capitaine à la porte
nous a dit : « Vous ne pouvez pas entrer ici. » Nous sommes
passés devant lui, et nous nous sommes installés à l’intérieur. Le commandant
était décomposé et nous a consignés au quartier.
    « J’avais pour tâche de convaincre les autres types d’aller
au cercle et de se faire arrêter. (Il rit.) Après les neuf premiers, il
n’a pas été facile d’en trouver neuf autres. Mais la glace s’est rompue et deux
autres groupes ont fait comme nous, et se sont fait arrêter… Ils voulaient nous
placer dans une situation de désobéissance au règlement du camp.
    « Le commandant nous a lu cette saleté de truc, et nous
a ordonné de venir le signer. Si on signait ça et qu’ensuite on désobéissait on
était passibles de poursuites. Le commandant nous a dit : « Reconnaissez-vous
que selon le soixantième article du Code de justice militaire, en temps de
guerre, la désobéissance à un ordre peut être punie de mort ? OK, voici l’ordre.
Je vous ordonne de signer ce document. » Il a coincé un certain nombre des
gars. Heureusement, il nous a appelés par ordre alphabétique. (Il rit.) J’avais
un petit temps de répit. Je me suis souvenu d’un article du Code militaire qui
est à peu près l’équivalent du Cinquième amendement. On a préparé une stratégie.
On accomplirait les formalités, on saluerait, et on dirait : « Oui, mon
commandant. » Au moment où il nous donnerait l’ordre personnellement, on
dirait : « Je regrette, mais selon le soixante-sixième article du
code de guerre, cet acte peut me compromettre, je refuse donc de signer. »
Nous avons été cent un à faire cette déclaration. Et nous avons été placés en
état d’arrestation [15]  »
    Coleman Young raconte ensuite la pagaille qui s’est
ensuivie, l’affaire ébruitée à Washington, les pressions. « Ils ont
envoyé des enquêteurs qui n’ont jamais réussi à faire identifier un meneur par
les cent un types arrêtés. Ça, c’est quand même quelque chose, je trouve…
    « En conséquence, ils ont publié le mémorandum 450-50, au
département de la Guerre, qui a marqué le début de la déségrégation de l’armée [16] . »
    Le colonel Gleed a fait carrière dans l’armée. Il y est
resté trente ans, jusqu’en 1970. Je suis retourné aux États-Unis après la
guerre et j’ai enseigné le pilotage à Tuskegee pendant un an à peu près. Je ne
pouvais pas avoir de promotion, je ne m’y voyais aucun avenir, alors je suis
retourné dans le civil. J’avais fait des études supérieures et j’avais un
diplôme qui me permettait d’enseigner. Je suis allé voir si je pouvais obtenir
le poste qu’on m’avait proposé avant mon départ à l’armée, et j’ai même passé
un nouvel examen. Ils n’ont pas voulu me donner le boulot.
    J’en ai eu marre de tourniquer comme ça pour avoir quelque
chose, et j’ai décidé de devenir pilote de ligne. Au Long Beach Municipal
Airport, ils avaient une unité de réservistes qui pilotaient des B 51, que
je savais piloter sans problème. Ils

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