La bonne guerre
m’ont dit qu’ils ne prenaient pas de
nègres à cette base. Je commençais à être pas mal aigri. Mais comme j’étais un
garçon sérieux, j’avais économisé de l’argent, je m’étais marié, et j’avais un
jeune enfant.
Je suis allé dans une agence pour acheter une maison située
à Beverly Hills, mise en vente pour les vétérans. Je remplissais les conditions,
et j’avais l’argent. On m’a dit que je ne pouvais pas l’acheter. Alors je me
suis mis à étudier l’immobilier. Ça a été ma profession pendant trente ans. La
raison essentielle de mon choix a été le désir de trouver une maison agréable
pour ma famille. Mon travail a surtout consisté à essayer de trouver des
quartiers où les Noirs pouvaient acheter des maisons. C’est ainsi que je gagne
ma vie depuis trente ans.
La seconde guerre mondiale a eu un impact formidable sur la
communauté noire. Après chaque guerre, surtout celle-là, il y a toujours eu des
améliorations pour les Noirs. Seulement, une fois que tout est terminé, les
gens redeviennent sectaires. Cette guerre m’a définitivement transformé. Le
colonel Gleed et moi-même sommes deux des 996 pilotes noirs de la seconde
guerre mondiale. Lui s’est transformé en restant dans l’armée, et moi en
retournant dans le civil. Nous avons aidé à la victoire de notre patrie, et
après, nous sommes revenus dans notre pays.
Crimes et châtiments
Alvin (Tommy) Bridges
Bay City, Michigan, constitue un complexe urbain avec
Saginaw et Midland. C’est une région industrielle, durement touchée par la
récession. Alvin Bridges a fait partie de la police de Bay City pendant trente
et un ans. Les quatre années qui ont précédé sa retraite en 1968, il était
commissaire.
C’était une guerre inutile, comme toutes les guerres.
Quand j’étais dans l’armée, j’ai eu encore plus de problèmes
en disant cela. On avait droit à ce qu’ils appelaient I-E : Information et
Éducation. Chaque fois qu’un de ces jeunes officiers tout frais émoulus de l’école
débarquait, il nous ressortait le refrain sur la nécessité de faire la guerre. Devant
une compagnie entière d’hommes, plus des officiers. Moi, j’explosais, et je
leur disais : « Aucune guerre n’est nécessaire. » Je ne suis pas
du genre pacifiste, s’il y avait la guerre demain, je partirais. Mais le monde
dans lequel nous vivons ne va pas faire de vieux os s’ils n’arrêtent pas tous
ces trucs nucléaires.
Je me suis engagé le 20 février 1942. Pour avoir de quoi
manger. (Il rit.) Je me demande comment ils ont fait pour gagner la
guerre, parce que leur manière de sélectionner les MP n’avait ni rime ni raison.
Quand j’étais à Fort Custer, il y avait trois types devant moi qui ont été
envoyés comme ça dans l’armée de l’air, deux dans l’infanterie, et puis quand
ils sont arrivés à moi, ils m’ont dit : « Vous allez dans la police
militaire. » La formation qu’on a reçue c’était un peu comme quand un
nouveau shérif se retrouve avec un nouveau groupe d’adjoints : apprentissage
sur le tas, erreurs comprises. Rien à voir avec le boulot de la police.
Quand on a eu notre première affectation à Londres, je me
demande encore comment on a pu se débrouiller. (Il rit.) Les officiers
étaient encore plus bornés que nous. Quand je suis allé à Paris, j’ai été le
premier envoyé en service. Ils s’imaginaient que je connaissais Paris comme ma
poche. Je connaissais que dalle, moi, de Paris. (Il rit.)
On est arrivés à Londres le jour du Nouvel An 43. On y est
restés pendant six semaines après le débarquement. Quand on est arrivés à Paris,
il y avait toujours les troupes d’occupation. On était une espèce de nouveau
service de police pour les GI.
On avait un sacré paquet de problèmes avec ceux qui
vendaient notre ravitaillement. Les gens crevaient de faim, alors ils leur
vendaient des camions entiers, d’énormes camions qu’ils remplissaient de n’importe
quoi, aucune importance. Ils vendaient le chargement. Le Français avait l’argent
sur lui, il achetait le camion et tout ça. Donnait l’argent au type et
disparaissait. Après, le GI se précipitait à la première station de police
militaire qu’il trouvait pour leur dire : « On m’a volé mon camion
pendant le transport. » On finissait toujours par le retrouver quelque
part, une fois que le Français l’avait déchargé. Et il ne restait plus la
moindre chose dedans. Impossible
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