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La bonne guerre

La bonne guerre

Titel: La bonne guerre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Studs Terkell
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vais vous raconter. »
    J’ai débarqué à Omaha Beach, le 6 juin, avec la l re division d’infanterie. Easy Red était le nom de code d’Omaha. Ce n’était
pas un jour heureux. Nous avons eu d’énormes pertes.
    Le premier jour j’avais deux prisonniers qui ne savaient pas
quoi dire. Ils étaient contents d’être en vie. J’ai découvert plus tard que les
soldats allemands n’étaient pratiquement pas au courant de ce qui se passait. Il
n’y avait que les officiers qui savaient. Les soldats étaient maintenus dans l’ignorance
la plus totale. Ils ne savaient pas ce qu’ils faisaient. On leur disait
seulement : « Avance, on te dira plus tard ce que tu dois faire. »
C’était pareil pour nos GI. Tu dis ton nom, ton rang, ton matricule, un point c’est
tout.
    Nous aimions toujours savoir quel itinéraire ils avaient
emprunté, comment ils avaient atteint le front, le genre d’armes qu’ils avaient
avec eux. Des informations tactiques qui étaient d’une très grande utilité pour
que nos commandants puissent déterminer la progression à suivre. C’est pour
cette raison qu’il était important d’interroger les prisonniers de guerre.
    Nous avons traversé Paris et la Belgique, et nous avons été
les premiers à entrer dans une ville allemande, Aix-la-Chapelle. Il y a d’ailleurs
eu de très durs combats. Les Allemands se sont défendus comme des lions. C’était
juste avant la bataille des Ardennes, leur dernier effort pour nous ralentir. Ils
ont presque réussi. Nous avons eu des pertes terribles.
    Nos prisonniers allemands étaient encore persuadés de leur
victoire. Ils nous disaient : « On va vous écraser, les Américains. »
Ils parlaient de leurs armes de représailles, les V1 et les V2, les bombes volantes.
N’oubliez pas que nous étions fin 44.
    Quand nous avons finalement réussi à réduire leur garnison à
Aix-la-Chapelle, des GI m’ont amené un prisonnier. J’ai immédiatement reconnu l’évêque
d’Aix-la-Chapelle. Il portait sa tenue ecclésiastique. On savait qu’il avait
incité les Allemands à résister jusqu’au bout.
    L’aumônier de notre division, un colonel catholique, se
trouvait justement là à ce moment précis. Quand il a vu l’évêque il s’est
précipité, s’est agenouillé et a baisé sa bague. Une heure avant, il donnait sa
bénédiction à nos troupes dans l’espoir que nous vaincrions les Allemands. Et
de son côté, l’évêque avait exhorté les Allemands à battre les Américains avec
l’aide de Dieu. Mets ça dans ta poche, et ton mouchoir par-dessus. (Il rit.)
    À la fin de la guerre, en 1945, j’étais en Tchécoslovaquie. Nous
occupions les Sudètes. L’Allemagne s’est aussitôt trouvée dans une économie de
pénurie. Le mark allemand ne valait rien. Pour survivre ils utilisaient
cigarettes, café et saindoux comme monnaie d’échange. Pendant trois ans ça n’a
rien été d’autre que marché noir et mégots. Quand on allumait une cigarette les
gosses se mettaient à nous suivre, et quand on jetait nos mégots ils se
précipitaient dessus. Avec trois mégots on faisait une cigarette, et ça
suffisait pour acheter quelque chose à manger.
    C’était la première fois que nous occupions un pays. Que
savions nous donc ? Nous avons fait d’innombrables erreurs. Des colonels à
un an de la retraite étaient nommés gouverneurs militaires de Bavière. Ils n’avaient
jamais mis les pieds en Europe. Ils avaient appris pendant une quinzaine en
Caroline du Sud quelles espèces d’arbres poussaient en Bavière.
    À ce moment-là, on m’a mis dans le civil et j’ai rejoint le
contre espionnage. J’ai été affecté à Augsbourg, en Bavière.
    Mon supérieur m’a demandé d’aller voir un dénommé Klaus
Barbie. Tout ça dans le plus grand secret. Va dans cette maison à Memmingen, près
d’Augsbourg, fais-toi connaître, et tu recevras d’autres ordres.
    J’ai frappé à la porte, et quelqu’un m’a dit : « C’est
vous Dabringhaus ? je vous attendais. » Je lui ai dit : « À
partir de maintenant, vous êtes censé travailler pour moi. » N’oubliez pas
qu’on ne m’avait pas dit qui était ce type. Je savais que c’était un ancien
officier du SD [20] ,
le gratin des SS et de la Gestapo. Il m’a dit : « Laissez-moi vous
présenter mes deux amis. » Kurt Merk et sa petite amie française, Andrée Simone
Rives. C’était la fille d’un agent de police parisien. Merk l’avait utilisée
comme

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