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La bonne guerre

La bonne guerre

Titel: La bonne guerre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Studs Terkell
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unité : « S’il y a des soldats qui ont
des réclamations à faire, qu’ils viennent me les signaler, c’est le moment ou
jamais. » J’avais écrit un certain nombre de lettres désagréables, sachant
pertinemment que la censure militaire et mon capitaine les lisaient. Entre-temps
j’avais retrouvé mon grade de sergent, car je faisais mon boulot correctement. Et
enfin ça allait payer. Quand l’inspecteur a ouvert son bureau j’étais le premier
de la file : « Je veux rejoindre l’unité de Stilwell. – Quelles sont
vos compétences ? – Je suis fantassin, sous-officier, je sais lire les
cartes, je connais les armes, les hausses et les angles de tir et des tas d’autres
trucs. » Et ça a marché : il m’a fait transférer et j’ai pris l’avion
pour l’Assam où j’ai rejoint Stilwell.
    Et notre longue marche vers le Japon a commencé. Pas de
guerre de tranchées, que des escarmouches avec les Japonais, parfois on était
devant eux, d’autres fois derrière. (Il rit.) Ça a continué comme ça
jusqu’à Mindanao. Les Merrill’s Marauders nous accompagnaient, ainsi qu’une
unité britannique. Moi j’avais été affecté comme agent de liaison auprès du 88 e bataillon chinois.
    On s’est trouvés bloqués à Mindanao qui était aux mains des
Japonais. Ils étaient pas loin de deux mille, pas tous des soldats mais de
fameux guerriers malgré tout. Ils avaient deux vieilles pièces d’artillerie, et
deux Zéro qui venaient nous mitrailler. On en a bavé. Pas moyen de les avoir, et
en plus les Merrill’s Marauders étaient tous malades et on ne pouvait plus
compter sur eux.
    Stilwell m’a ramené au quartier général et m’a nommé
sous-lieutenant. Il m’a dit qu’il fallait que je me fasse couper les cheveux, et
il a fait venir son coiffeur personnel. Il nous connaissait, il savait ce que
nous avions fait en Espagne, c’était un sacré gars.
    On m’a envoyé à Calcutta me faire faire un uniforme, et j’y
ai attrapé le paludisme. À l’hôpital j’ai retrouvé un médecin allemand, un
opposant au régime nazi, qui était avec moi en Espagne. Il ne savait pas dans
quel pays aller après la guerre d’Espagne. La 12 e Brigade
internationale, composée de médecins tchèques, allemands et autrichiens, est
allée en Chine où elle a servi dans différentes armées. Ils ont presque tous épousé
des Chinoises, ils ont appris la langue et se sont installés là-bas.
    Je me souviens qu’au cours du siège de Mindanao, alors que
je ramenais un convoi de blessés vers l’arrière, j’ai entendu une chanson qui m’était
familière. C’était ce petit médecin allemand qui essayait d’apprendre à chanter Freiheite en chinois aux infirmiers chinois. (Il rit.) C’était ce
que nous chantions en Espagne.
    Pendant mon séjour à l’hôpital avec la malaria, Donovan m’a
fait récupérer. J’ai été embarqué pour Bari en Italie d’où j’ai été envoyé dans
une école près de Brindisi pour former des gars. Il y avait un Français
spécialiste du plastic et un Italien expert en autre chose. Nous avions aussi
des pigeons voyageurs qu’on envoyait vers les îles avec des messages destinés
aux partisans yougoslaves. J’étais responsable de tout le truc. En plus je m’étais
mis dans la tête d’apprendre le parachutisme, alors je suis allé dans une école
anglaise en Italie, j’ai fait mes cinq sauts et j’ai reçu ma médaille.
    Je voulais partir en mission, toute ma vie j’avais été
fantassin et j’en avais ras-le-bol de la marche. Avec mon entraînement de
parachutiste, je pensais qu’ils pourraient me larguer quelque part. Finalement
une mission a été mise sur pied et j’en faisais partie. Elle était essentiellement
formée de banquiers et de syndicalistes. Nous étions environ trente-six, et ils
m’avaient mis dans le lot pour épicer la sauce. On devait aller à Val-D’isère, là
où la France, l’Italie et la Suisse se rejoignent, et je m’étais encore fait
avoir : au lieu de sauter, il allait encore falloir que je marche.
    Ces gars arrivaient avec des milliers et des milliers de
dollars. Ils venaient financer et soutenir les collaborateurs fascistes, avec
leurs dollars, et leur assurer qu’ils resteraient en place. Il fallait à tout
prix se protéger des communistes, des socialistes et des Garibaldini qui
avaient combattu en Espagne. Voilà en quoi consistait notre mission. Cela se
passait pendant l’hiver 45. Roosevelt était mort en

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