La bonne guerre
mais parce qu’on s’est battus pour de bonnes causes.
Je suis allé à Berlin en i960. Je suis allé voir un de ces
mausolées que Speer avait édifiés, il était à moitié en ruine, à moitié brûlé, des
gens étaient venus y faire leurs besoins. Et moi j’étais là, dans ce qui avait
été autrefois un hall magnifique, et je me sentais bien. J’étais heureux d’avoir
participé à tout ça parce que je me souvenais de Guernica, de Madrid, de Barcelone,
et de tout ça. Je me sentais bien au milieu de cette ruine, sachant que tous
ces salopards s’étaient fait liquider.
Anthony Scariano
Il est avocat ; il a été membre de l’assemblée
législative de l’Etat de l’Illinois.
J’étais un jeune Italo-Américain en quête d’aventure. Bill
Donovan de l’OSS cherchait des types prêts pour l’aventure. Il voulait des gens
qui connaissent l’italien, jeunes, pleins de fougue et qui aient des idées
progressistes. J’étais déjà en Europe, je devais devenir gouverneur militaire
de Reggio Emilia, dans le nord de l’Italie, et je trouvais ça un peu trop
tranquille à mon goût.
Je suis donc devenu agent secret pour l’OSS dans l’archipel
toscan au nord-est de la Corse. Nous menions des opérations de sabotage : on
faisait sauter des tunnels, des convois, des casernes, le tout derrière les
lignes allemandes et italiennes.
C’était pendant l’automne 43. Nous avions déjà pris la
Sicile et débarqué à Salerne ; nous nous préparions à installer la tête de
pont d’Anzio. Pendant l’hiver 43 on m’a envoyé en Corse pour participer à des
opérations sur des vedettes lance-torpilles. Notre petite flottille se
composait de bateaux italiens et américains, et nous devions faire un maximum
de dégâts derrière les lignes ennemies.
Nous avions débarqué à différents endroits de l’île d’Elbe
pour recueillir des renseignements, car nous montions des opérations sur le
continent, une des premières s’appelait la mission Ginny. Nous avons
débarqué treize hommes et deux officiers sur des canots pneumatiques, au large
de Gênes, avec pour objectif de faire sauter un tunnel que l’aviation n’arrivait
pas à avoir. Nous devions donc les débarquer, les laisser accomplir leur
mission et les récupérer. Nous avions des talkies-walkies. Juste à ce moment-là,
on a repéré au radar la présence de vedettes allemandes, des F-lighters et des
E-boats, assez semblables aux nôtres. Il fallait absolument ficher le camp
sinon on se faisait réduire en poussière, nous nous sommes donc dispersés.
Quand nous sommes revenus, pas moyen de reprendre contact
par talkies-walkies avec les gars qu’on avait débarqués. Impossible de les
récupérer. Nous avons reçu un message nous annonçant que les gars avaient été
capturés mais qu’ils étaient sains et saufs. Nous devions apprendre plus tard
qu’ils s’étaient fait exécuter tous les quinze par les nazis : les mains
liées derrière le dos, les pieds attachés, les yeux bandés, alignés, fusillés
et jetés dans une fosse commune. Acte contraire à la convention de Genève, car
ils portaient des uniformes américains. Si vous capturiez des militaires en
uniforme derrière vos lignes vous pouviez les faire prisonniers, mais vous n’aviez
pas le droit de faire autre chose.
Le général Dostler, de la Wehrmacht, qui avait ordonné l’exécution
a été le premier criminel de guerre jugé par les Alliés à l’automne 45. Bien
avant Nuremberg l’armée américaine l’a fait passer en cour martiale. Il s’est
défendu en disant qu’il obéissait aux ordres du Führer. Il a produit des
télégrammes de Hitler lui donnant ses instructions. C’est toujours derrière ça
que la défense s’est si souvent réfugiée à Nuremberg : obéissance aux
ordres du Führer. Ça n’a pas réussi à Dostler d’obéir, car il a été reconnu
coupable et exécuté.
Nous étions en contact avec tous les résistants du nord de l’Italie.
Ils contrôlaient la région, et en septembre 43, nous parachutions nos hommes
dans les Alpes ligures. Nos informations étaient tellement précises que les
partisans récupéraient nos parachutistes à l’endroit exact où ils tombaient. Ils
les conduisaient ensuite sans encombre jusqu’à leur quartier général trente
kilomètres plus loin.
Tout ça, juste là où les fascistes faisaient un rastrellamento, une opération de nettoyage. Et nos gars partaient se cacher
dans les collines à
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